Chapitre 26 : Marquée

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« -Vous vous moquez de moi, j'espère ? »

Carmen était hors d'elle. Qu'on ose douter un seul instant de la bonne foi de Julien était inadmissible.

« -En plus d'être d'une impolitesse honteuse, votre raisonnement est absurde. Vous devriez voir l'état actuel de Julien. Il est défiguré, a le nez en sang et une bosse énorme à l'arrière du crâne. Vous croyez réellement que c'est de la mise en scène ? Il se serait infligé ça pour faire croire à son innocence ?

-Carmen, encore une fois, je ne crois rien. Je ne fais que supposer. Julien pouvait tout à fait avoir un complice qui l'a amoché de manière à ne pas éveiller les soupçons. Je ne cherche pas à vous monter contre lui, juste de réaliser que le fait qu'il soit encore en vie n'est pas une coïncidence. On l'a épargné volontairement. J'essaie simplement de comprendre pourquoi.

-Peut-être que le but n'a jamais été de le tuer. Peut-être qu'il ne représente pas un danger pour le meurtrier.

-Carmen, arrêtez de vous voiler la face, par pitié. Julien aurait dû mourir. Il représente un danger. Tout comme vous. Vous êtes bien plus avancés dans votre enquête que ne l'étaient Philippe et Fleur. Si eux ont été tués, alors vous n'allez pas tarder à être sur la liste. Et il semble que Julien fasse partie du plan initial.

-Quel rapport Julien peut-il avoir avec David Martinez ou les Andreani, par exemple ?

-A vous de trouver, non ? Vous prétendez le connaître mieux que quiconque. La réponse ne devrait pas tarder à vous apparaître... »

Julien lançait des regards interrogateurs à Carmen. Manifestement, il avait dû entendre son nom. Carmen lui fit un signe pour signifier que tout allait bien et poursuivit la conversation en baissant sa voix :

« -Je refuse de le soupçonner. Gardez vos suppositions pour vous. Julien n'a rien à voir là-dedans.

-Faites ce qui vous chante, Carmen, dit Sabine d'un ton narquois. Mais je serai Julien, je me méfierai. Je persiste et je signe, mes théories tiennent souvent la route. »

Carmen dut reconnaître que, même si elle ne croyait pas un seul instant que Julien puisse être coupable de quoi que ce soit, la première hypothèse de la commissaire-adjointe n'était pas à balayer d'un revers de main. Il se pouvait que Julien soit sur la liste. Mais pour quelle raison ? Julien aurait-il des choses à cacher ? Il ne serait pas commode de mener une enquête sans éveiller ses soupçons. Elle y réfléchirait plus tard.

« -Vous savez à quelle heure exactement a eu lieu l'agression ?

-Julien m'a dit que la personne était arrivée peu après vingt-et-une heures... Pourquoi ?

-Et vous êtes revenue chez vous aux alentours de vingt-deux heures ?

-Probablement. J'ai des souvenirs encore assez flous de ma fin de soirée.

-Et pour cause. Ecoutez, je doute qu'en moins d'une heure, l'agresseur ait eu le temps d'affronter Julien, de le mettre à terre, de soigner partiellement sa blessure et de rédiger les quelques pages dans le carnet de Philippe. En plus de cela, il ne pouvait pas prévoir l'heure à laquelle vous deviez rentrer. Les choses se sont donc faites en deux temps : il a d'abord affronté Julien, l'a mis hors d'atteinte, puis il s'est éclipsé et a attendu que vous rentriez. Seulement, si vous étiez rentrée dans votre état normal, vous auriez immédiatement aidé Julien, vous auriez probablement appeler à l'aide, moi ou les secours, peu importe, et votre appartement aurait été inaccessible. Vous ne deviez vous rendre compte de rien avant le lendemain. Ce qui signifie qu'on vous a droguée.

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