Chapitre 27 : Qui es-tu Louis Aloin ?

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Pendant les deux minutes qui suivirent, Carmen alterna entre excitation et colère. Elle avait la sensation d'avoir découvert un élément capital dans l'enquête, et surtout, d'avoir enfin entré un nom dans la liste des suspects qui restait désespérément vide. Elle ne considérait pas réellement la jeune fille aux cheveux gris comme la responsable directe de ces meurtres, mais elle y était indéniablement liée.

Mais elle était surtout très énervée contre elle-même. Encore une fois, elle n'avait rien vu venir. On était dans une affaire de tatouages. Chaque victime devait posséder cette inscription sur le corps. Et elle avait été face à un tatouage, pas n'importe lequel, celui qui indiquait minuit, comme la comptine, « Et minuit peut-être n'aura pas lieu. » Elle n'avait pas fait le rapprochement. Elle s'était contentée d'admirer le dessin innocent sur le poignet fin de celle dont elle appréciait la conversation malgré tout. Elle avait perdu du temps. Et maintenant, la jeune fille aux cheveux gris s'était évaporée. Elle n'avait aucun moyen de la rencontrer à nouveau. Leurs seuls entretiens, leurs seules discussions étaient les marques impérissables du hasard, l'unique hasard dans cette histoire de fous. Peut-être était-ce le hasard qui allait les sauver, finalement...

Sabine et Julien étaient, quant à eux, complètement désorientés. Ils ne comprenaient pas la soudaine obsession de Carmen pour la marque qui se trouvait au poignet d'Annette Jeannet. La commissaire-adjointe finit par lui tapoter gentiment sur l'épaule pour qu'elle sorte de son état d'excitation et leur livre des explications.

Carmen mit du temps à trouver ses mots, car il fallût résumer sa rencontre avec la jeune fille aux cheveux gris et expliciter quelque peu les discussions pour que ses deux complices aient une idée des relations qui les unissaient. Elle vit les sourcils de Julien se froncer. Il n'appréciait pas le fait qu'elle lui ait caché des choses. Sabine l'écoutait avec attention.

« -Ne vous en voulez pas, Carmen. Le nombre de personnes qui possèdent un tatouage est élevé. J'en ai moi-même un sur l'épaule droite. »

Carmen avait du mal à imaginer la coincée et austère commissaire-adjointe Meyer s'allonger face à un tas de muscle pour se faire charcuter le haut du corps. Cette femme était surprenante.

« -Les aiguilles... J'aurais dû tilter à ce moment-là...

-Ce n'est pas grave. Ilona, vous pouvez tirer des informations de ce tatouage ?

-Ce n'est pas un tatouage permanent comme on en fait habituellement, sinon il ne se serait pas effacé. Normalement, les seules zones d'ombres auraient dû être celles provoquées par la putréfaction. Mais, si vous regardez bien, on remarque que le tatouage a bel et bien été effacé à certains endroits. C'était probablement un semi-permanent à l'encre de Chine. C'est de plus en plus fréquent.

-Combien de temps peut perdurer ce genre de marque ?

-Six mois, au maximum. Celui-là aurait sûrement tenu deux ou trois mois de plus si le corps avait continué à vivre.

-Ce qui signifie qu'on lui a ajouté ce tatouage une fois le meurtre commis, dit Sabine en se grattant pensivement le menton. Martinez et les Andreani ont dû subir la même chose. Ce qui confirme que le tatouage qui a servi de modèle est bien celui de la jeune fille aux cheveux gris. Quoi qu'il arrive, si cette jeune fille n'est pas directement responsable de ces meurtres, elle a fréquenté le meurtrier suffisamment longtemps pour qu'il soit en mesure de reproduire exactement le tatouage qu'elle porte au poignet.

-Je ne pense pas qu'elle soit la meurtrière, dit Carmen. Elle un alibi pour hier soir. Elle n'a pas pu tabasser Julien puisque j'étais avec elle.

Dix TatouagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant