Chapitre 11 : Découverte(s)

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Sans attendre davantage, Carmen saisit son sac et jeta quelques coups d'œil désespérés autour d'elle. Elle repéra l'armoire qui se trouvait juste à côté du lit et s'y engouffra. Elle referma la porte derrière elle en essayant de faire le moins de bruit possible et retint sa respiration.

« -Je pensais qu'il travaillait toute la journée, souffla-t-elle pour elle-même en serrant ses poings de rage. »

Il s'agissait sûrement de sa femme ou d'un de ses enfants, songea-t-elle ensuite. S'il s'agissait de l'épouse du commissaire et qu'elle se rendait directement dans la chambre, il y avait peu de chances qu'elle puisse ressortir normalement de l'appartement.

Elle entendit des légers bruits de talons. Il s'agissait probablement d'une femme. Carmen jura silencieusement. Si Mme Bouvardet pénétrait dans la chambre, elle était fichue.

Et, à son plus grand désespoir, les bruits de pas se rapprochèrent dangereusement de la tanière de Carmen. Cette dernière restait immobile, coincée entre deux vestes en soie et trois pantalons de velours, serrant son sac contre sa poitrine. Elle se demanda ce que Philippe aurait pu penser d'elle à cet instant précis. Il aurait sûrement ri d'elle, comme toujours. Cette pensée la rassura. Elle serra la main imaginaire de son mari pour se donner du courage.

La silhouette pénétra dans la chambre des Bouvardet. Carmen entendit les bruits de pas s'arrêter, puis reprendre et se diriger lentement vers le bureau du commissaire. Carmen entendit des bruits de papier que l'on déplace, des tiroirs qu'on ouvre, des stylos que l'on débouche. Son rythme cardiaque s'accéléra. Elle commençait à avoir un gros doute sur l'identité de la personne qui se trouvait en face d'elle.

Par curiosité, et sans trop réfléchir, elle entrouvrit la porte de l'armoire, et tomba nez à nez avec une jupe marron relativement banale et des talons de cinq centimètres. En penchant sa tête sur le côté, elle reconnut la personne qui scrutait avec intérêt le bureau du commissaire.

« -Vous ! »

Carmen sortit précipitamment de l'armoire, sans réellement comprendre pourquoi elle avait soudainement fait irruption dans la pièce. La femme qui se trouvait face à elle haussa un sourcil en la voyant et la dévisagea avec intérêt.

« -Tiens, bonjour, Mme Saint-Roméo. »

Carmen ignora le ton sarcastique de la commissaire-adjointe Meyer qui ne semblait pas si surprise de se retrouver nez à nez avec la jeune femme. Mais Carmen transpirait de rage. Elle avait tellement souhaité ne jamais se retrouver face à cette femme qui avait ruiné tous ses espoirs d'offrir à Philippe une fin décente qu'elle perdait tous ses moyens. Elle avait envie de lui bondir à la gorge et de l'étrangler.

« -Qu'est-ce que vous foutez ici, Meyer, dit-elle en la foudroyant du regard.

-Je pourrais vous retourner la question, Mme Saint-Roméo, répliqua Sabine Meyer, impassible comme lors de leur premier entretien. Joli travail pour la serrure. Je n'ai eu qu'à pousser la porte.

-Vous n'êtes pas ici officiellement, je me trompe ?

-Exact, répondit laconiquement la commissaire-adjointe Meyer.

-Alors, vous n'avez rien à faire ici, rétorqua Carmen en serrant les poings. Et je vous conseillerais fortement de dégager car je meurs d'envie de vous en coller une.

-Mais vous non plus, Mme Saint-Roméo, dit la commissaire-adjointe Meyer avec un sourire en coin. Ecoutez, ajouta-t-elle en levant les mains, comme si elle voulait apaiser la situation. Je sais que vous êtes en colère contre moi, et je le comprends. Mais sachez que je ne suis pas responsable de cette histoire de suicide. Ce n'est pas moi qui ai décidé de refermer le dossier de votre mari.

Dix TatouagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant