Teacher's Pet [Terminée]

Chapitre 9

Je m'avance vers lui avec beaucoup d'appréhension, je sais qu'il ne va pas accepter mon choix.

- Papa ? Je peux te parler s'il te plaît ?

Il s'assoit sur le canapé et me regarde attendant ce que j'ai à lui dire. Je reste planté là à me triturer les doigts, arrachant les petites peaux mortes qui dépassent. Mon père semble s'impatienter en se raclant la gorge et en lâchant un profond soupir. Je me lance.

- Eh bien... Je sais que tu veux que je devienne avocate, que je fasse une école de droit et que je réussisse bien ma vie.

Mon père lève les yeux au ciel. Il a horreur que l'on tourne autour du pot et c'est précisément ce que je suis en train de faire. Inconsciemment, je repousse le moment fatidique. J'ai la bouche et la gorge sèche. J'ai du mal à articuler.

- Je veux devenir danseuse. Dis-je avec une vitesse de parole impressionnante.

- Pardon ?

Il ne pose pas réellement la question. Il a parfaitement entendu. Cependant, ce n'est pas ce qu'il désirait entendre en rentrant d'une journée de travail. Je sais que le ton va vite monter, mais je ne compte pas fuir cette fois -du moins pas tout de suite- alors je relève la tête et montre ma certitude et ma détermination dans mon choix.

- Je veux danser papa, j'adore danser, c'est ma passion. Maman dansait elle aussi. Je veux faire une école de danse, devenir une professionnelle et vivre de ma passion.

- Il en est hors de question.

Sa réponse ne m'étonne pas. Je l'avais prédit, il était évident qu'il refuserait. Je pense que ce qu'il s'est passé avec maman en est la vraie raison. Je tente de me défendre, mais il ne me laisse pas parler, il reste bloqué sur sa position.

- En général, les parents poussent leurs enfants à faire ce qu'ils veulent plus tard et toi, tu veux que je devienne quelque chose qui ne m'intéresse pas ! Dis-je pleine de rage.

- Je n'en ai rien à faire Amelia !

- Tu t'es bien marié à une danseuse pourtant !

- Une danseuse qui avait une belle carrière qui c'est tragiquement finie Amelia ! La danse n'est pas un métier, une fois que tu es blessée, c'est fini ! Tu perds tout ! C'est pour ça que je veux que tu deviennes avocate, c'est un métier sûr !

Je le regarde un moment. Je lis dans son regard une immense colère, mais surtout une grande tristesse et beaucoup d'inquiétude à mon égard. Avant que le cancer ne me retire ma mère, elle s'était blessée quelques années auparavant. Une mauvaise chute qui lui brisa la jambe et qui lui valut des broches pour lui réparer. Sa jambe étant trop fragile, on lui annonça qu'elle ne pourrait plus danser. C'est là qu'elle a réellement cessé de vivre. Elle garda la face et le sourire devant nous, pour qu'on ne s'inquiète pas. Je pense même que c'est pour cela qu'elle a caché ses problèmes de santé jusqu'à ce que la maladie l'emporte. Je tente de convaincre mon père malgré tout, en le suppliant, lui prouvant que j'en suis capable, mais ses mots sont aussi douloureux que lorsqu'il m'a frappé la dernière fois.

- La danse ne t'amènera à rien ! En plus, tu ne sais même pas danser !

- Ça, tu n'en sais absolument rien !

- La discussion est close, tu ne deviendras pas danseuse point barre.

- C'est injuste ! Je lui hurle dessus.

- Exactement. Dit-il sèchement.

Il m'énerve ! Si seulement il pouvait me comprendre ! De toute façon, peu importe le métier que je choisirai, il ne sera jamais d'accord et m'obligera à devenir avocate. Je le regarde avec rage. Sous la colère, je lui hurle toutes sortes de jurons plus violents les uns que les autres. Il se lève et se dirige vers moi, certainement pour m'infliger des coups une fois de plus, mais je me retourne et cours dans l'entrée où je mets mes chaussures et ma veste. Je n'ai pas le temps d'attraper mes clés lorsque mon père m'attrape par le bras et m'assigne un violent coup au visage. Je vois flou pendant quelques secondes et le repousse suffisamment loin pour avoir le temps d'attraper mes clés, d'ouvrir la porte et de quitter la maison en courant. Je l'entends derrière moi tenter de me rattraper, mais je suis en meilleure forme physique que lui et en quelques secondes, j'arrive à mettre assez de distance entre lui et moi pour qu'il abandonne l'idée. Depuis que ma mère nous a quittés, mon père a beaucoup changé, il s'est renfermé sur lui-même et il passe son temps à me rabaisser et à me frapper. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il ne l'inflige qu'à moi et pas à mon frère. Ça fait un moment que j'essaie de comprendre pourquoi, mais je ne trouve aucune réponse si ce n'est mon insolence. Lorsque l'air me manque, je m'arrête. J'ai couru à l'aveuglette, je ne sais donc pas exactement où je me trouve. Je prends de grandes bouffées d'air pour reprendre mon souffle.