Teacher's Pet [Terminée]

Chapitre 10

Un bruit assez aigu vient à mes oreilles, me réveillant, puis finalement s'arrête après quelques secondes. Je sens bouger à côté de moi et une lumière aveuglante surgit. Par réflexe, je plonge ma tête dans l'oreiller.

- Aller la belle aux bois dormant, debout, il y a cours !

- On est quel jour ? Je demande la tête toujours dans l'oreiller.

- Vendredi.

Je me tourne finalement m'habituant doucement à la luminosité présente dans la pièce.

- Cool après, c'est le weekend ! Je m'exclame.

Il rigole et quitte la pièce, quant à moi, je me lève et m'habille. Je prends le temps d'analyser la pièce dans laquelle je suis. Sa chambre est assez sobre, couleur crème, quelques cadres sans grand intérêt ici et là, des photos de famille sur la commode et une guitare à côté de sa table de chevet. À en croire la poussière présente sur celle-ci, il ne doit pas être un grand musicien. À part ça, la chambre est parfaitement rangée -à contrario de la mienne qui est dans un état épouvantable- et un parfum de fleur d'oranger flotte dans l'air. Je sors de la chambre et le rejoins dans la cuisine.

- Qu'est-ce que tu manges le matin ? Demande-t-il.

- Une simple tartine.

- Une tartine à quoi ?

- Bah, en fait, j'appelle ça une tartine, mais ce n'est que du pain.

- Je vois, exceptionnellement, je vais te faire une tartine avec du beurre de cacahuètes.

- Non, je vais grossir !

- Mais arrête, tu ne vas pas grossir avec une seule tartine.

Il me fait donc la tartine et me la donne. Je dois avouer que c'est meilleur. Je prends clairement mon temps, je bois mon jus d'orange qu'il m'a gentiment servi, et je reprends même une tartine. Mon professeur me fait la remarque que si je traîne encore nous allions être en retard, mais je lui dis que je ne peux pas partir s'en m'être lavé les dents. Il souffle et je le suis jusqu'à la salle de bain où il ouvre un placard et sort une brosse à dents encore dans son emballage et me la donne. Je l'ouvre et jette l'emballage à la poubelle puis je fais comme chez moi, je prends le dentifrice et me lave les dents. Après ça, je me recoiffe et essaye de ressembler à quelque chose puis je retourne dans la chambre chercher ma veste et mes chaussures. Je retrouve Monsieur Towner dans l'entrée.

- Attend il y a deux problèmes exactement. Dis-je.

- Lesquels ?

- Premièrement, je ne connais ni ton prénom et ni ton âge et en général quand je couche avec quelqu'un, je fais en sorte de le savoir avant.

- Je m'appelle Brenton et j'ai 23 ans. Dit-il en rigolant. J'avoue que c'est étrange comme situation. Et l'autre problème ?

- Si on arrive ensemble au lycée, ça va paraître suspect.

- Bah, pars la première.

- Ok, j'y vais ! Non, attend il y a encore un problème !

- Quoi encore ?

- Bah, mes affaires de cours sont chez moi !

- Tu sais quoi ? Tu vas chercher tes affaires et moi, je pars au lycée, vu le détour que tu dois faire, là, on est sûr de ne pas arriver ensemble.

- Pas con !

Il rigole et nous sortons, lui part à droite en direction du lycée et moi à gauche en direction de chez moi. Heureusement, hier, j'ai pensé à prendre mes clés avant de partir. Une fois arrivée, je déverrouille la porte. Bien sûr, il n'y a personne chez moi, je monte alors dans ma chambre et récupère mon sac. Je repars aussi vite que je suis arrivée et prends la direction du lycée. J'arrive de justesse et assiste à mes premiers cours. Vient le moment du midi, je suis à table avec ma bande d'amis. À table, Sonia me questionne sur l'endroit où je me trouvais hier soir, elle m'apprend que mon père à tenter de la joindre dans la soirée, il semblait inquiet de ne pas me voir rentrer à la maison. Je prétexte avoir été chez une amie de longue date, Sonia connaissant la plupart de mes amis récents, il me fallait un mensonge assez crédible. Lorsque la sonnerie retentit, nous quittons le réfectoire et nous dirigeons en cours. J'ai maths. -Ce n'est pas possible, j'ai maths tous les jours ?- Nous entrons en cours et je m'assois à ma place habituelle. Il y a quelques regards gênants entre Brenton et moi, forcément. Étant en cours de maths, je me suis amusée à calculer le nombre d'années d'écart. À dernière nouvelle, nous avons six ans d'écart au total. Ça va, ça passe non ? Puis comme on dit l'amour n'a pas d'âge. Ça, c'est l'excuse que tout le monde sort. Je n'ai perturbé aucun cours de la journée, -pour une fois- je n'en avais pas envie. Le cours se finit, j'allais sortir, mais Brenton me rattrape par le bras, laisse les autres sortir puis une fois la salle vide, il me lâche et il referme la porte.

- J'ai fait quelque chose de mal ? Je demande.

- Non mais je voulais établir des règles.

- Des règles ? Je demande intriguée.

- Oui, parce qu'on a une relation assez bizarre maintenant... Il bafouille.

- Attends, comment ça "assez bizarre" ?

Je plisse les yeux comme pour me concentrer sur ce qu'il va ajouter et peut-être pour sembler menaçante -même si je sais que je n'effraie personne-.

- Bah, on a...

- Ouais, on a couché ensemble, c'est exact. Je termine sa phrase sèchement. Je ne vois pas où il veut en venir.

- Oui et je me disais si tu voulais remettre ça...

Mes yeux s'écarquillent. Que suis-je pour lui ? Une nuit sans lendemain ? Je sais que notre relation est assez étrange, hier encore, j'étais persuadée le détester. Pourtant, hier soir, j'ai ressenti quelque chose de nouveau, que je n'avais jamais ressenti auparavant. Je me sentais bien au creux de ses bras cette nuit.

- Attends, tu m'as prise pour une pute ou quoi ? Je dis agressivement. Tu as cru que j'étais le genre de fille à baiser à toute heure de la journée ? Je t'ai "offert" mon corps, je m'attendais à plus de respect que ça. Je me suis mise à rire nerveusement. Mais ouais, je suis trop conne, mais à quoi je pensais, les mecs dans ton genre ça ne veut se taper que ses élèves.

Son visage affiche de la surprise, il semble offusqué de mes propos. Il entrouvre la bouche pour tenter de se défendre, mais je ne le laisse pas parler et commence à quitter la salle.

- Attends ! Il tente de me rattraper.

- Non, j'en ai assez entendu. Je rétorque froidement.

Je sors de la salle suivie de Brenton. Qui m'appelle par mon nom afin d'éviter d'éveiller les soupçons.

- Scott ! Il insiste.

Mais je ne réponds pas et continue mon chemin. J'entends ses pas derrière moi, il me rattrape et arrive à ma hauteur.

- Amelia, attends, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Dit-il d'une voix plus posée, presque en chuchotant. Mais je refuse de l'écouter et reprends mon chemin. Écoute-moi ! Me dit-il plus fermement.

Il m'attrape le bras afin de me retenir. Je me mets face à lui, le regard froid. Il prend une grande inspiration et expire lourdement, son regard, contrairement au mien, est doux et bienveillant.

- Je préférerais qu'on en parle là où il n'y a personne. Dit-il légèrement mal à l'aise.

Je soupire agacée, mais je capitule et le suis jusque dans la salle où il referme la porte juste derrière nous. Il s'excuse, et il semble sincère.

- Je ne voulais rien de sérieux et je pensais que toi non plus.

- Non désolée de te décevoir, je ne fais pas partie de ces adolescentes de dix-sept ans accros au sexe. J'avoue ne plus être vierge depuis un moment, mais quand même. Dis-je crûment, sans filtre.

- Tu acceptes mes excuses ? Demande-t-il gentiment.

Non. Je n'ai pas envie d'accepter ses excuses. C'est trop simple. Il ne peut pas mettre ça sur un quiproquo ou une maladresse.

- Non, je ne les accepte pas. C'était bien hier soir, j'ai passé un bon moment, mais on va s'arrêter là.

Il reste planté là, hébété, à me regarder, cherchant sûrement ses mots. Il semble désolé et moi, je me sens utilisée. Comme si je n'avais été qu'un jeu pour lui, une fille facile qu'il a réussi à mettre dans son lit. Je ne comprends pas cependant, j'étais persuadée qu'il s'était passé quelque chose de plus fort entre nous, mais j'ai dû rêver. Visiblement, pour lui, ce n'était qu'une nuit sans lendemain, rien de sérieux. Ça me blesse, c'est la première fois qu'on se sert de moi de cette manière. Je lui souhaite une bonne journée et quitte la pièce, déçue et cette fois-ci, il ne tente pas de me rattraper.