PROLOGUE : on commence par le commencement

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« Allô, maman, c'est encore moi... si tu pouvais rappeler, ce serait cool. Il est déjà une heure. Tu avais dit dix-neuf heures. Je vais me coucher. Bye. »

Avec un soupir, Rémus raccrocha. Son regard hagard resta quelques instants fasciné par le voyeur rouge du téléphone qui clignotait, puis il s'en décrocha avec peine. Le petit réveil indiquait une heure sept du matin lorsqu'il montait les escaliers lentement, une heure neuf lorsqu'il se glissa dans son lit encore tout habillé, et bien, bien plus tard lorsqu'il parvint enfin à s'endormir d'un sommeil agité. Quelques heures après il était réveillé par sa mère qui rentrait. Il tourna des yeux voilés et cernés vers son petit réveil qui indiquait l'heure en chiffres vert fluorescent. Il n'était pas six heures. Ravalant un sanglot d'épuisement, il se rendormit en quelques secondes.

~.°.°.°.°.~

« Jeune fille, tu devrais rentrer tout de suite. Sauf bien sûr si tu as l'intention de te prendre une réprimande. Je veux savoir où tu es. Rappelle-moi. »

À l'entente de la voix froide qui s'échappait de son téléphone, Claudine eut un rictus moqueur. Elle effaça le message sous le regard intrigué du garçon, visiblement plus âgé qu'elle, qui se tenait à ses côtés. Elle surprit son air interrogateur et haussa les épaules :

« Laisse tomber, mec, c'est Karine.

« Karine ? », releva le garçon.

Claudine laissa échapper un grognement.

« Ma daronne. », mentit-elle. Ne voulant pas épiloguer sur le sujet, elle regarda sa vieille montre d'or qui indiquait une heure sept du matin. Pas fatiguée le moins du monde, elle ralluma une cigarette. L'odeur âcre du tabac la distrayait de la faim qui lui tordait l'estomac : elle n'avait mangé qu'une pomme depuis le midi. Le régime que lui imposait sa tutrice pour qu'elle perde ses rondeurs commençait à porter ses fruits.

« T'as pas un truc à bouffer ? » s'enquit-elle auprès de son compagnon.

« Non. », s'excusa-t-il. « J'ai du crack par contre si tu veux. »

Elle refusa avec un froncement de nez dégoûté.

« Je ne suis pas encore tombée si bas. »

Le garçon haussa les épaules.

« Il n'est jamais trop tard. »

le funambuleWhere stories live. Discover now