Chapitre 9

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On aimerait tous enfouir certains souvenirs agréables comme désagréables dans une énorme boîte l'enterrer dans un endroit où l'on oublierait l'existence. Effacer, éradiquer ces choses qui font de nous ce que nous sommes aujourd'hui, les souvenirs sont une chose qui peuvent vous consumer qu'autant vous sauver. Une odeur, un sourire, une musique, un mot, ces petits détails auxquels vous ne vous préoccupez pas à l'instant auront une répercussion sur vous d'une quelconque manière dans le futur.

Je le réalisais indépendamment de ma volonté, le revoir après tout ce temps a été une énorme claque, comme un réveil brutal après un cauchemar. Se reconstruire pour qu'au final le plus simple élément de votre passé détruise tout, brisant les efforts que vous avez fournis. Jamais auparavant je n'avais ressenti une quantité aussi énorme d'émotions, elles se déchaînaient dans un combat où seul mon âme en était témoins. Mes yeux étaient plongés dans les siens le détaillant jusqu'au moindre petit détail qui aurait changé depuis, et ce que je pouvais voir à ce moment précis me déplaisait aucunement, il était devenu encore plus séduisant qu'il y a cinq ans. Il avait mûri certes mais gardé ce visage qui m'avait fait tomber éperdument amoureux. Aucun de nous deux n'avait osés entamer la conversation trop perdus dans nos souvenirs qui se déversaient sur nous sans que nous contrôlions quoi ce soit. Lorsque j'avais croisé à nouveaux ses yeux dans cette salle de réunion, cette flamme qui s'était éteinte lors de notre séparation s'était automatiquement rallumé, me rappelant que l'homme en face de moi avait été l'homme de ma vie, la lumière au bout du tunnel, l'oxygène me maintenant en vie, il était en même temps ma force mais également ma plus grande faiblesse.

Tout au long de la réunion j'avais pris sur moi pour ne pas être troublé par sa présence et les multiples regards qu'il ne cessait de poser sur moi, ce serait mentir de dire que je n'étais pas un minimum heureux de savoir que j'arrivais toujours autant à avoir toute son attention sur ma personne, mais je ne pouvais ignorer la douleur qu'il m'a procuré.

C'était sans grande surprise, qu'à la fin de cette réunion dont j'avais tenté de suivre le fil, que d'un simple regard – et les encouragements de mon ami – que j'avais accepté sa demande muette que nous nous parlions. Cinq longues années étaient passées et pourtant nous arrivions toujours autant à communiquer qu'avec un simple regard. Et, c'est ainsi que nous nous retrouvions lui et moi assis face à face dans ce café style cosy qui je l'avoue m'apaisait quelque peu pour la suite des événements. Une serveuse se rapprocha de nous, un fin sourire dessiné sur les lèvres, accompagnée d'un petit bloque note et un stylo.

— Bonjour messieurs avez-vous commandé ? Nous demanda-t-elle d'une voix particulièrement douce. Mon vis-à-vis lui rendit son sourire et glissa rapidement son regard sur la carte posée en face de lui.
— Alors, on prendra un café latté et un matcha frais s'il vous plaît. Dit-il redonnant les cartes à la serveuse, puis déposa à nouveau son regard dans le mien étonné, il se souvenait de la boisson que je prenais à chaque fois, et j'appréciais qu'il s'en souvienne.
— Qui te dit que j'aime encore cette boisson ?
— Si cela avait été le contraire tu aurais interrompu la demoiselle n'est-ce-pas ?

Je ne lui répondis pas, à quoi bon ? Je n'avais ni l'envie ni la force de rentrer dans un débat aussi inutile soit-il. La serveuse arriva assez rapidement, et c'est dans un grand silence que nous attaquions nos boissons, la situation était étrange. Se retrouver après toutes ces années face à face, je ne pensais pas que cela arriverait un jour, et Dieu sait que j'aurais voulu m'en passer si cela était possible.

— Comment vas-tu depuis tout ce temps ?
— Tu souhaites avoir quelle version ? La moins tragique ou celle où je me proclame l'homme le plus heureux de la terre dans le but de te faire taire ?
— Kyungsoo... Tenta-t-il et la façon dont mon prénom roula sur sa langue me donna un violent frisson, foutu manie.
— Évite de dire mon prénom ça m'arrangerait.
— Tu veux que je t'appelle comment alors hein ? Soo ? D.O ? Comment ?

RésurgenceWhere stories live. Discover now