2 : LA « SOIRÉE »

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2 : LA « SOIRÉE »

Maman gribouille sur le panneau des tâches de ménages les tâches de June. Dans la pièce, tout le monde affiche une mine grave, sauf moi, qui viens de me débarrasser de deux soirées de vaisselle parce que la petite collégienne de quatorze ans a décidé de faire le mur un vendredi soir de septembre alors qu'elle est privée de sortie pour un bon moment.

- Mais maman ! se plaint-elle en boudant, bras croisés et les yeux de chats implorant.

Ma mère lève les yeux au ciel en effaçant en plus mon nom de la case « Jeudi » pour mettre celui de ma petite-sœur.

- Yes ! hurlé-je en entamant une danse de triomphe devant la petite 3ème qui se prend un peu trop pour une grande.

June me donne un coup à l'épaule pour m'ordonner de me taire. Aïe ! Et bah mince, ça fait plutôt mal pour un coup bidon...

- Ewel, on a pas demandé ton avis, va commencer tes devoirs à la place de nous soûler, lâche maman en soupirant.

Classique. Agacée, elle ne prend même plus en compte son langage.

J'ai laissé ma mère seule dans la cuisine en tête à tête avec ma timbrée de petite-sœur et me suis promené dans la maison à la recherche du chat. Pedro se cache comme d'habitude dans le bureau de ma mère, sous le bureau en bois, en train d'attendre quelque chose d'intéressant dans sa vie.

Le vieux chat s'avance vers moi et ronronne légèrement lorsque je lui caresse là où il aime bien. Pedro est mignon, dommage qu'il vieillisse aussi vite, l'avoir près de moi à ma naissance pour le voir arriver sur ses dix-huit ans avant moi, c'est plutôt perturbant. Il perd autant de poils que d'années. 88 ans en années chat, c'est un bel âge respectable.

Soudainement, une porte claque. Ah... June et sa manie d'en faire toujours plus... Seulement, j'entends ma petite-sœur ressortir de la chambre et arriver dans le bureau, l'air désespérée.

- Dis à la daronne de me laisser sortir juste pour ce soir, on est samedi et Pauline m'invite à sa soirée. Je t'en prie Ewel... Je t'en supplie, je te fais toutes tes corvées de la semaine si tu le souhaites vraiment.

Je ris à sa proposition ridicule.

- Un mois, jour pour jour. Et je t'aide à faire le mur. Pour maman, c'est mort, tu la connais, il n'y a que deux personnes sur Terre qui arrivent à la convaincre : ma prof principale et mamie. Papa est en voyage, c'est elle qui règne ici.

June sourit.

- Arrête de sourire comme ça, ça va paraître suspect. Je trouve de quoi occuper maman et tu files dans deux heures précises. Je t'accompagne chez Pauline et tu m'appelleras pour que je revienne te chercher. une heure et demi grand max, et je suis vraiment sympa là.

Elle grimace à l'entente de l'heure.

- Deux heures ?

Mon rictus ne dit rien qui vaille si elle insiste pour négocier sur quelque chose de non négociable.

- Bon OK une heure et demi, deal.

La blonde est rentrée dans sa chambre, a mis de la musique un peu trop fort pour faire exprès d'énerver ma mère, de quoi nourrir le mensonge. Je lance une peluche à Pedro et le laisse seul dans le bureau avec un petit sourire contrit. Mon petit chat est devenu trop grand.

***

J'ai convaincu maman de dormir plus tôt que prévu, tout en la prévenant que j'aidais June à faire le mur, juste pour cette fois et que comme ça, elle ne la soûlerait plus pour longtemps. D'abord contrariée par ce choix, elle m'a ensuite rappelée les règles de sécurité avant de me tendre un billet de vingt au cas où. La prévenir me permet de ne rien me prendre, moi et que si ça tourne mal, c'est June qui prend la faute. Tout ça n'est qu'une protection et non pas une trahison. La meilleure maman de l'ombre, je vous dis.

DEUX EWEL POUR LE PRIX D'UNWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu