12 : LES QUESTIONS

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12 : LES QUESTIONS

En débutant mon exercice de physique avec un peu trop d'entrain, j'ai deviné que quelque chose clochait légèrement dans mon état. Magalie a dit que je rayonnais. J'ai composé le numéro de Judith et en entendant le premier bip sonore, j'ai compris que je n'aurais peut-être pas dû l'appeler.

Ma meilleure amie a été absente ce lundi. Ça m'a presque rassuré au fond de savoir qu'elle ne savait pas encore pour moi et Ewel. Je veux lui en parler et qu'elle l'apprenne de ma bouche. Pas d'une rumeur ou d'une de ses potes commères.

« Et c'est que maintenant que tu m'appelles ! déclare-t-elle à l'autre bout du fil.

Je soupire et celle-ci passe en mode Facetime. Judith se mouche devant son écran et je la regarde tousser une bonne longue minute.

- J'ai un truc à te dire, avoué-je en déglutissant.

Judith a pris son air sérieux foireux, qu'elle aborde qu'en examens ou après avoir entendus des blagues misogynes vraiment pas drôles.

- Je sors avec un gars.

Ju' a hoché la tête, de haut en bas tout en jetant un coup d'œil sur sa montre. Son manque de réaction me bloque presque.

- Les filles en ont parlé sur Messenger. Sérieusement, Ewel Cohen ? J'aurais parié que t'allais pécho Magalie, lance-t-elle l'air de rien.

J'ai toussé, troublé.

- Mais ça ne choque personne sur Terre ?

La blonde éclate de rire.

- Un peu beaucoup perso, toi et Ewel c'était vraiment improbable d'après moi. J'ai raté une journée de cours et voilà, j'ai tout raté de votre rapprochement soudain. Tu ne m'as rien raconté du tout petit cachotier.

J'ai grimacé, gêné.

- Je sais que tu ne vis pas à travers moi. Et que t'es le genre de gars à bien aimer faire les trucs en secret dans le dos de tous. Mais quand même, péchoter Ewel Cohen, c'est du lourd mon pote.

Je remarque :

- Il est pas si beau que ça.

Judith affiche un air outré.

- On dirait un ange le gars. Et son cul putain.

- D'accord merci merci mais ça ira » la calmé-je sentant mon malaise monter.

Je réfléchis subitement à comment est-ce que je pourrais lui raconter tout ça. Surtout qu'il va falloir lui expliquer que je suis sorti en douce de chez elle le samedi soir. Je n'ai pas l'habitude de parler de sujets du genre. En réalité, je n'en ai jamais eu réellement l'occasion. Ma vie amoureuse a toujours été le désert du Sahara.

Une part de moi espère garder certains détails secrets, comme nos répliques toutes bêtes sur la peur de se lancer. J'ai gardé ça de côté tout en racontant exagérément les passages avec les gages et les pains au choco'. Pour garder une petite part de mystère, ça fera l'affaire.

Le sourire de Judith fait presque peur à la fin de l'appel tant il a l'air ouvert et euphorique. Elle a l'air d'être vachement beaucoup trop contente pour moi.

*

Je me suis allongé dans mon lit à onze heures trente, fatigué, le corps las et les yeux presque clos. Dans le noir, j'ai tenté de penser à rien, tout en visualisant la lune. C'était paradoxalement efficace. Je dormais grâce à cette technique depuis six ans maintenant.

DEUX EWEL POUR LE PRIX D'UNOnde histórias criam vida. Descubra agora