Je pense, c'est tout

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Quand vous retenez votre respiration, vous ne vous arrêtez pas de penser ?
Et bien c'est pareil pour le cœur, la seule différence, c'est que vous ne pouvez plus bouger. Vous pouvez seulement penser, penser, et encore penser.
Voilà quelques mois que mon cœur s'est arrêté. Je ne sais pas exactement combien de temps cela fait, je ne suis pas une horloge, mais c'est pour le mieux, étant donné que cela m'aurait déprimé davantage. Depuis tout ce temps, je suis dans le noir. Le noir total. Peut-être enterré, du moins je l'espère. Peut-être suis-je étendu dans un fossé, mes habits déchirés, laissant à l'air des entrailles nauséabondes, les paupières toujours ouvertes, le moisi coulant hors de mes yeux.

Je ne sais pas, je pense juste. Impossible de m'arrêter. Je suis, non pas fatigué, mais lassé de ressasser le passé, souvenirs qui s'effilochent au fil du temps. C'est le pire. On oublie. Son délicat visage... Je ne me souviens à présent plus que de sa délicatesse.

Je pense sans image, sans mot, je pense, c'est tout. Je ne sens plus mon corps, plus rien, je pense, c'est tout. J'aimerais pleurer, frapper, être frappé ; j'aimerais avoir peur, j'aimerais être en colère, j'aimerais aimer. Mais je pense. Je pense, c'est tout. Je pense sans son, je suis incapable d'entendre une voix intérieure, de me souvenir d'une mélodie, d'une odeur, de la consistance d'un objet, d'une sensation. Si j'avais l'occasion d'entendre, de sentir, de toucher, d'éprouver.. mais je pense et c'est tout.
J'aimerais te serrer dans mes bras, sentir tes cheveux, goûter à tes lèvres, mais je pense, c'est tout.

Je dois me contenter de penser, et ce à quoi je pense en ce moment est ce à quoi je pense. Cela paraît absurde, tordu, mais c'est ce que je fais. Je pense à ce que je pense que je pense. Et je pourrais continuer encore à penser à ce que je pense que je pense mais je reste au même résultat. Tant pis. Je pense, c'est tout.

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