Désarroi

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Moi je suis Hermione, froide, cruelle et parfaite,

Mais pourtant déchirée d'ordres que je regrette ;

Lui est le grand Pyrrhus, beau, puissant et aimable,

Elle, la triste Andromaque, stupide et pitoyable,

Elle, la fille quelconque qui m'a volé ma vie,

Elle m'a assassinée mais nul ne s'en soucie. 

Evidemment Oreste, mais il m'importe peu,

Pyrrhus reste le seul à compter à mes yeux.

Que le sort est cruel ! Et dans son insolence

Il revient m'affliger de la pointe de sa lance.

J'ai cru ne plus l'aimer, j'ai cru me libérer,

Mais à chaque nouvelle page, à chaque regard lancé,

Malgré moi je voudrais lui rester insensible,

Mais chaque jour, chaque fois, c'est alors impossible,

Je ne puis gouverner mon âme et mes transports,

Mais jamais ne pourrais désirer mon prince mort.

Andromaque au contraire, si elle le pouvait être...

Partie très loin d'ici, oublier, disparaître

Et cela seulement dans le coeur de Pyrrhus !

Ah que ne donnerais-je pour ce qu'elle a, je l'eusse !

Que suis-je devenue, qu'ai-je donc sacrifié

Pour mériter ainsi seule de la pitié ?

Et je me donne entière aux autres et suis altruiste,

Mais il ne le voit pas : on me dit égoïste

A-t-il perdu la vue ? A-t-il perdu l'avis ?

Perdu le jugement, détruit mon harmonie.

Pyrrhus, je vous en prie, oubliez la Troyenne,

Pyrrhus, je vous supplie, recouvrez votre haine,

Pyrrhus, mon doux Pyrrhus, maintenant je le sais :

Malgré moi, malgré vous, je vous aime et vous hais.

Ah Pyrrhus, simple rêve ! De mes jours et mes nuits,

De ma vie jamais n'ai-je eu de si grande envie !

Pyrrhus, que je vous aime ! Ah ! Pyrrhus, que je t'aime !

Pyrrhus, Pyrrhus, je t'aime ! Ah ! Pyrrhus, que tu m'aimes...  

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