-VI- A butterfly on her pale face

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Au bout de quelques pas, mes chaussures écrasaient enfin une matière qui m'était connue : du sable. Le bruit qu'il faisait sous mes semelles me réconfortait un peu, je n'avais pas l'impression d'être morte. A moins que je ne sois dans l'entre-deux mondes ? Je n'avais aucun moyen de savoir ce que Jude avait osé me faire. Si jamais je le recroisais, il pouvait être sûr que je lui arracherais les couilles avec les dents.

Mais bon, je ne devais pas y penser maintenant. Je devais déjà savoir où j'étais et comment me sortir de là. Je n'avais pas arrêté de marcher droit devant moi et je me trouvais désormais dans un désert. Seulement, cet endroit semblait assez particulier. Les seules couleurs qui existaient dans ce monde étaient le noir, le blanc et le gris. Je pris une poignée de sable dans ma main, le laissant filer entre mes doigts pour voir si je ne décelais pas une petite couleur marron ou orange. Non, aucune, que dalle. Même le ciel semblait être un aplat de couleur grise, sans aucun nuage ni rayon de soleil. Continuant mon chemin, j'ai tenté de hurler, juste histoire de voir s'il y avait quelqu'un d'autre de« vivant » dans cet endroit. Aucune réponse. Je me demandais même si l'écho de ma voix était bien réel.

Le temps passait, lentement. Je n'avais aucun moyen de savoir quelle heure il était : pas e soleil, pas de portable, pas de montre, rien. Au bout d'un long moment d'emmerde à mater mes pieds qui avançaient,je commençais à voir des arbres morts, des cailloux et des plus gros rochers décorer le paysage. Tout était si lugubre et silencieux, même le vent ne faisait aucun bruit. Je décidai de marcher encore, sans m'arrêter, je ne devais pas abandonner maintenant.

J'avais bien raison de tenir le coup. De toute façon, je ne me sentais ni fatiguée, ni assoiffée, pourquoi m'arrêter ?Je me retrouvai face à une immense arche de pierre près de laquelle se trouvait un bâtiment. Il y avait un panneau au-dessus de la porte sur lequel étaient peints les mots « Le Bar du Suicide ».Quel superbe nom, j'étais sûre qu'il devait y avoir plein de clients dans ce pub bien louche. Après tout, j'étais peut-être déjà morte, alors autant essayer d'entrer, j'avais rien à perdre.La porte était légèrement entrouverte, je la poussai un peu pour rentrer, refermant quand même proprement derrière moi, on sait jamais si un grain de sable tentait de rentrer.

La décoration était plutôt cool. On aurait dit un de ces vieux saloons dans les films de western. Il y avait un piano contre l'un des murs avec un crâne de bouc accroché au-dessus, toutes les tables et les chaises étaient en bois, même les piliers soutenant le bâtiment.Seulement, tout était absolument vide, les tableaux accrochés aux murs représentaient tous des personnes sans visages et les chandeliers électriques étaient cassés pour la plupart, j'avais limite l'impression que le lieu était abandonné. Pourtant, les tables étaient propres, et à chaque place se trouvait une lame de rasoir. Je m'assis à une table, fixant le morceau de ferraille, me demandant ce que je pouvais bien foutre dans un lieu aussi bizarre. La tête de bouc me faisait un peu flipper.

Je remarquai qu'il y avait une télévision dans la pièce. Elle ne diffusait que de la neige. J'entendis enfin un bruit, comme une porte qui s'ouvrait, et vit un homme s'approcher de moi. Il portait une tenue de serveur,était un peu corpulent et, tout comme les portraits, il n'avait pas de visage. Il s'immobilisa à côté de moi, sortant un calepin. Ce bar était donc vraiment en service ? J'avais bien envie de m'enfiler un petit verre, mais, en voyant l'allure de ce type, je me demandais vraiment s'il pouvait me comprendre. Autant essayer.

« Bonjour. Une vodka, s'il vous plaît. Merci. »

Sans que je n'ai pu voir d'où il le fit apparaître, le type posa un verre face à moi, sortant une bouteille de son dos et versant le liquide transparent jusqu'en haut de mon verre. Avant même que je ne puisse me demander comment j'allais bien pouvoir le payer sans avoir mon fric sur moi, il repartit d'où il était venu, me laissant seule dans cet endroit qui devenait de plus en plus ennuyeux.

How to Fly in a White Sky (vers.1)Where stories live. Discover now