C'est moi, ta Néné. C'est un peu spécial de t'écrire une lettre, quoiqu'on l'a déjà fait. Tu te rappelles ? La semaine des lettres de la Saint-Valentin. Un truc d'adolescent mais qu'est-ce que ça nous a fait kiffer. Enfin bref, si je t'écris aujourd'hui, c'est pour t'oublier. La psy m'a dit que la thérapie du courrier allait m'aider à oublier donc je dois écrire tout ce que je souhaite oublier sur ce papier, du coup c'est notre histoire que je vais rédiger ici.
Je vais commencer par le début, naturellement. Par Paris. Paris. Tu te rappelles quand je te disais à quel point j'aimais Paris ? Paris, c'est la ville qui m'a fait renaître de mes cendres. J'y ai fait des rencontres tellement exceptionnelles dont toi, l'amour de ma vie. Qu'aurai-je fait sans toi dans ma vie ? Ou plutôt, que n'aurai-je pas fait ?
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Les soirées parisiennes, j'avais entendu dire que c'était le feu mais jamais à ce point. Une ambiance du tonnerre régnait et moi, la reine des rabats-joies qui reste habituellement assise sur mon fauteuil de velours en soirée, je remuais mon popotin sur la flûte envoûtante de MC Fioti, Bum Bum Tam Tam. J'étais complètement déchaînée depuis que le dj avait commencé sa session funk do brazil et je ne comptais pas m'arrêter, pour une fois que je m'évadais.
Les lumières étaient braquées sur nous, le speaker s'était même diriger vers nous en récitant des phrases de chauffeur de salle telles « Le 142, c'est chaud chaud chaud ce soir », « Les filles, montrez-moi de quoi vous êtes capables ! », et toutes sortes de perles du genre.
Une autre chose qui était braquée sur moi, c'était le regard insistant du fameux ADJ. Il ne me quittait pas des yeux et ça m'embarrassait quelque peu mais j'étais également flattée qu'un aussi beau garçon montre de l'intérêt à mon égard. Le dernier gars qui s'était intéressé à moi était étudiant en théologie et voulait devenir pasteur. Voici une preuve de la médiocrité de ma vie.
Toutefois, je restais lucide. Notre « relation » se limitait à des regards et les jeux de regards en soirée, ce n'est vraiment pas ça qui manque et ce n'est pas du tout significatif. Certes, il m'avait offert une bouteille mais ce n'était qu'une bouteille après tout. Ou bien je me voilais la face ? Parce que quand il est venu me rejoindre au fumoir, je n'étais pas si étonnée que ça.
Et oui, alors que j'étais occupée à m'empoisonner les poumons dans la pièce spéciale fumeurs, je vis monsieur ADJ passer la porte de celle-ci et venir s'adosser contre le mur juste à deux pas de ma personne. Putain de merde, il s'intéresse vraiment à moi, pensai-je en essayant garder mon calme. Il était grand, imposant, charismatique. Une crème. Rien que le fait de me tenir à côté de lui me procurait des frissons incroyables mais, alors, quand il m'a demandé une cigarette, j'ai cru que mon cœur allait s'arrêter de battre.
