015 - L'étincelle

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Notre première réelle dispute, je m'en souviendrais toute ma vie parce qu'elle a vraiment été l'étincelle qui a allumé la bombe qu'était notre relation. Je pensais qu'on allait vivre une idylle sans accroc mais c'est à ce moment-là qu'on a pris ce tournant, le tournant de la folie.


"Sé pou fanm la ke ou lagé pitit-gason an mwen ?"

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"Sé pou fanm la ke ou lagé pitit-gason an mwen ?". En tant que compagne d'un amateur de zouk, je commençais petit à petit à comprendre le créole et si mon intuition était bonne, elle disait "c'est pour cette femme que tu me laisses ton petit fils". En plus de ça, le créole n'est pas la langue la plus difficile à déchiffrer pour un natif francophone donc je pensais être dans le bon. Ma foi.

Au début, j'étais convaincue qu'Adjani rigolait quand il me parlait de sa mère mais vraisemblablement, je m'étais trompée. J'ai senti une telle froideur de sa part à mon égard, c'était violent. Je me sentais carrément persona non grata dans le séjour sans compter le fait qu'Adjani et sa mère tenait une conversation dans leur langue dans la cuisine, conversation dont j'étais bien entendu le sujet principal et de ce que je pouvais en déceler, la flatterie n'était pas au rendez-vous.

« — Ki jan ? Pourquoi tu dis ça ? An pa lagé pitit mwen, répliqua Adjani à sa mère
(Quoi ? Pourquoi tu dis ça ? J'ai jamais abandonné pas mon fils)

Ou pas menm reyalize sé ké ou ka fèt ? Ou tout tan tout tan avé fanm la !
(Tu ne réalises pas ce que tu fais ? T'es tout le temps avec cette fille)

Non nou juste prann temps pou konnen, c'est le début ou ja sav c'est toujours comme ça. Mwen panse ke an toujou été là pour mon garçon alo pa koumensé a di bitin konnsa. Mais si ça te dérange de le prendre, je note
(Non, on prend juste le temps de se connaitre, c'est le début tu sais très bien que c'est toujours comme ça. Je pense que je suis toujours présent pour mon fils donc commence pas à dire des trucs comme ça)

An pò jen di'w kè sa té ka déranjé mwen é sa péké jan déranjé mwen pas an sé granmanman'y mé konyé la ou ka pwofité. Tout sé mwa la i pasé la ou vwè'y plis ki pwòp timoun a'w. An plis de sa fanm la pa inspire mwen konfyans. An ni yon mové santiman sou li
(J'ai jamais dit que ça me dérangeait et ça me dérangera jamais vu que je suis sa grand-mère mais là, tu abuses. Tu l'as plus vu ces deux derniers mois que ton propre fils" En plus de ça, cette fille m'inspire pas confiance. J'ai un mauvais préssentiment avec elle)

I tou pré la é ou ka di kochoni konsa. Pfff !
(Elle est dans la pièce juste à coté et tu dis des sottises pareilles ?) »

Je tendais l'oreille, au sens propre du terme, pour tenter de comprendre la moindre réplique de cette discussion quand soudain, Adjani refit son apparition suivi de sa mère. Alors que cette dernière nous avait accueilli avec ce même visage des plus contrariés, son fils avait suivi la tendance. Contrariété et mécontentement pouvaient se percevoir à travers sa bouille et cela ne présageait rien de bon quant à leur discussion mais bon, ça je l'avais deviné.

Amour XWhere stories live. Discover now