Tout compte fait, j'étais plutôt satisfaite du choix que j'avais fait. Quelques jours plus tôt, je n'aurais jamais penser prendre cette décision-là face à toi mais ce n'était pas une si mauvaise chose que ça. Et puis, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
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C'est en catimini que je m'apprêtais à pénétrer l'appartement, autrement dit sur la pointe des pieds. Pour être le plus discrète possible, j'avais précieusement retiré la clé du flat de mon trousseau de clés afin que celles-ci ne s'agitent pas et n'émettent aucun bruit. Ma paire de talons ? Elle pendait à mes doigts aux côtés de mon sac dont j'avais délicatement recroquevillé la chaîne en argent. Tout était mis en œuvre pour que ma colocataire ne me surprenne pas.
Normalement, Thaïs travaillait tous les samedis matins mais bizarrement, le son de la télévision se faisait entendre à travers la porte d'entrée. J'ai dès lors supposé qu'elle avait pris congé et espérais fortement qu'elle ne m'entendrait pas entrer en douce et filer dans ma chambre en vitesse. Je redoutais d'avoir à passer un interrogatoire sans fin sur la raison pour laquelle j'avais déserté cette nuit-là. En temps normal, ça ne m'aurait guère dérangée de raconter mes (més)aventures à Thaïs mais je n'étais pas bien fière de moi donc je préférais garder la chose occultée.
Manque de peau, dès que je poussai la porte, je tombai nez-à-nez avec quelqu'un seulement étonnamment, il ne s'agissait pas de Thaïs. Cette personne se dirigeait vers le salon avec un bol de cornflakes à la main puis s'arrêta devant moi et me dévisagea un instant.
« — Oh ! Tu rentres que maintenant ? s'étonna-t-elle
— Alors toi, c'est très bien que tu sois là ! Verena, tu crois te foutre de la gueule de qui ?
— Quoi ? Encore pour l'histoire d'hier ? Eh, tu fanes, c'est bon là. Joli résultat et joli mélange c'est la même chose
— Pardon ? prononçai-je en arquant un sourcil. Vas-y ferme ta gueule sinon je vais te gifler bêtement
— Euh, tu crois parler à qui là ?!
— J'ai cramé ton manège depuis le premier jour sauf que je voulais pas y croire. Je me suis faite passée pour parano mais je t'avais très bien flairée tout compte fait. T'es ce qu'on appelle une vicieuse et une vipère !
— PARDON ? s'écria-t-elle en grimaçant. Et qu'ai-je fait ?
— Je te pardonne pas et tu sais très bien ce que t'as fait, joue pas l'amnésique parce que ça va m'énerver. Maintenant, je vais te dire un bon truc : Adjani, il s'en bat les steaks de ta blé. Il t'a jamais calculée et il te calculera jamais donc arrête d'essayer de le pecho, c'est perdu d'avance. Quant à moi, ne m'adresse plus jamais la parole de ta vie. Reste loin de moi, me parle, me regarde parce que j'vais pas rester calme longtemps. Et d'ailleurs, tu peux prendre tes clics et tes clacs et te barrer tout de suite parce qu'en aucun cas tu restes seule dans la même pièce que moi »
