De te voir avec elle ? Je ne peux pas me leurrer, ça m'a fait un pincement au coeur. J'ai eu mal, j'avais l'impression d'être trahie et mes maux étaient à la hauteur de la trahison.
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Qui se trouvait assise à cette table en compagnie de mon ex, occupée à afficher toute sa dentition ? Ce n'est pas difficile, qui d'autre que la magnifique blasian, mademoiselle Verena ? Elle était assise sur sa chaise, toute pimpante, dans son plus bel habit, la poitrine bien mise en valeur et discutait avec Adjani en prenant soin de laisser le minimum de distance entre eux. Eh bien, c'est du propre ça !
Sincèrement, pour le coup, c'était totalement prévisible. Elle avait toujours eu des vues sur lui, depuis le premier jour, donc j'aurais pu pressentir qu'elle allait jeter son dévolu sur lui ; elle avait toujours rêver de l'avoir dans ses filets cette harpie et c'était réussi ! Mes félicitations. Mais ce n'était pas la première de mes préoccupations quand je me remettais de cette rupture. De ce fait, je me tenais debout, toute penaude, à les observer en attribuant de nombreux noms d'oiseaux à Adjani dans ma tête.
C'était quand même un beau salaud cet énergumène. Et qu'il me rabâchait : "Verena ne m'intéresse pas, t'es la seule qui compte, je l'ai jamais regardée et elle non plus" lorsque j'avais des doutes à propos de l'innocence de leur conversation le soir où je les ai présentés. Mais je ne tardai pas à bifurquer la tête et faire comme si de rien n'était. Peut-être qu'à force de me voiler la face, la page allait finir par se tourner.
Puis, j'étais plus dégoutée et déçue qu'autre chose. Se taper ma pire ennemie pour, sans doute, me faire maronner comme diraient les sudistes, c'est pas très glorieux. Donc, je ne me démontai pas pour autant. L'ère de la nouvelle Néné, celle qui oubliait Adjani et reprenait sa vie en main, continuait.
«— C'est pour ça que tu veux qu'on parte ? Tranquille, j'm'en fous hein, feignis-je en haussant les épaules
— Ah. Non mais vas-y, c'est mieux qu'on parte, insista Nasrine
— Non, j'vais pas vivre ma vie en fonction de lui. Parce qu'il est là, je vais me tailler ? Non
— Putain... Verena elle déconne
— Arrête de parler de ça, on s'en fout, conclus-je en avançant dans la file»
Parce que monsieur nous honorait de sa présence, j'allais quitter le restaurant ? Ou plutôt fast-food car le KFC est tout sauf un restaurant. Il aurait au moins pu un tant soit peu la respecter en la trimballant dans un restaurant sur les Champs-Elysées, par exemple, où on avait l'habitude d'aller diner. Non, lui, il l'a emmené au KFC. "Au KFC ah sahbe", comme dirait mes petits du quartier à Molenbeek. À tous les coups, ils couchaient juste ensemble. Mais merde, j'en avais rien à foutre. J'allais juste passer ma commande et dévorer mon poulet comme une cannibale, os compris.
