Sans âme

2.5K 129 25
                                    

  Lorsqu'elle aperçut sa nouvelle demeure à travers la vitre, elle ne put combattre le sentiment de tristesse qui l'envahie à la vue de la belle bâtisse. Alex se perdit dans ses pensées, se remémorant avec une certaine nostalgie ses premiers déménagements. Au départ elle avait trouvé ça amusant et magique de voyager tout le temps, de visiter de nouveaux lieux. Elle tenait même un carnet de voyage qu'elle remplissait de souvenirs et de photos des lieux visités et de ceux qu'elle souhaitait visité ensuite. Cela lui semblait maintenant tellement loin. L'amusement avait laissé place à l'agacement et l'ennui. Et la petite fille pleine de rêve d'aventure était devenu une fille solitaire et renfermé, plus effrayée par le monde extérieur qu'attirée par lui.

Son père lui tendit ce qui semblait être les clés de la maison, surement pour qu'elle entre le temps qu'il sorte les valises du coffre. Son geste la ramena brusquement au moment présent et elle jeta à nouveau un regard dépourvu de vie à cette maison qui était désormais la sienne. Une fois à l'intérieur, elle ne put s'empêcher d'admirer la beauté des lieux. Cette maison avait tout pour plaire, des équipements modernes, un environnement calme, de grandes surfaces. Les couleurs neutres et bien agencées créaient une atmosphère calme et paisible. Alex se dépêcha de monter à l'étage pour découvrir sa nouvelle chambre ou plutôt tester le lit sur lequel elle s'écroula sans élégance. Elle avait beau avoir dormit dans la voiture, elle était si épuisée. Les cauchemars qui peuplaient ses nuits ne lui laissaient pas le loisir d'un véritable repos. Les paupières lourdes, elle ne put empêcher cette très chère Morphée de la plonger dans son univers de peur et tristesse.

Les jours suivant leur arrivée et leur installation, elle ne voulait, ni manger, ni parler avec son père. Elle restait tout le temps seule dans sa chambre à lire ou à écouter de la musique, ou la plupart du temps ; elle restait simplement allongée dans son lit à regarder le plafond plongée dans ses sombres pensées. Ce matin-là pourtant, elle eut cette soudaine envie de voir son père et de lui parler. En descendant les escaliers pour se rendre au salon, elle fut envahie par une peur sans nom et se figea sur place. Elle ne pouvait ni penser, ni bouger. Elle pouvait sentir ce sentiment horrible envahir toutes les cellules de son corps à en perdre le souffle. Son cerveau avait arrêté de fonctionner et son cœur battait tellement fort qu'on pouvait l'entendre à des kilomètres à la ronde. Elle ne savait combien de temps s'était écoulé, mais pour elle cela semblait être une éternité. Le regard perdu dans le vide, elle ne voyait ni n'entendait rien de ce qui se passait autour d'elle. Elle était complètement coupée du monde extérieur.

Gérard qui se trouvait à ce moment-là dans le garage sentit que quelque chose n'allait pas et accourue dans la maison pour comprendre d'où provenait ce sentiment horrible qu'il avait depuis quelque instant. Une fois la porte du salon franchie, ce qu'il vit le laissa sans voix et fit naitre en lui un sentiment soudain de perte. Sa fille se tenait au-dessus des escaliers et semblait en proie à une peine et une douleur sans nom. Elle avait le regard vide et son âme semblait avoir quitté son corps depuis un moment déjà. Elle ressemblait à une coquille vide ou alors à une de ses horribles poupées d'argiles que l'on apercevait parfois dans des musées de l'horreur. Il fit alors la seule chose qu'il faisait toujours dans ces moment-là, il dévala les marches à vitesse grand V et la serra aussi fort qu'il put dans ses bras.

Cette étreinte sembla ramener Alex au moment présent ou plutôt parmi les vivants et elle ne put s'empêcher à ce moment-là comme à chaque fois de se réfugier dans cette douce chaleur et de fondre en larmes. Elle avait besoin de son père ; besoin qu'il la serre dans ses bras pour éloigner sa douleur et ses tourments. Elle avait beau lui en vouloir, elle trouvait toujours du réconfort auprès de lui, la douce chaleur de ses bras lui permettait de déverser sa peine parfois trop lourde pour ses frêles épaules, d'enfin laisser libre cours à tous ces sentiments enfuis au plus profond même de son âme meurtrie.

Elle ne sut combien de temps dura cette étreinte, la fatigue finit pourtant une fois de plus par avoir raison d'elle et elle s'endormit dans ce cocon chaud. Il ne s'agissait pas d'un sommeil lourd, mais plutôt agité toutes les heures à cause de ces affreux cauchemars dont elle ne se souvenait jamais, une fois que le soleil se pointait à l'horizon.

Voilà la suite. A la semaine prochaine pour un nouveau chapitre. B

Soulmate Sweet Blood (En Cours)Where stories live. Discover now