Chapitre 49

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1 mois plus tard...

" Vous êtes prêt pour l'enterrement, Maître ?

- Pas vraiment Karmel. Je me sens très fatigué... Je ne sais pas si je pourrai y aller.

- Moi aussi, Maître...

- Cesse de pleurer. Dit-il en touchant son épaule. Où sont les autres ?

- Ils soignent les villageois en ville. Les blessés sont innombrables ! Ça va prendre du temps de tout reconstruire et de s'occuper de tout le monde...

- Oui mais maintenant nous sommes au pouvoir ici ! Les Pacisfistas ne travaillent que pour le bien du peuple.

- La peste a vraiment disparu ?

- Regarde autour de toi Karmel. Tu ne te sens pas libre ?

- La ville est dévasté...

- Tu ne vois que le désastre .Tu est d'accord avec lui, Fuko ?

- Ah ! Tu est là ? "

Fuko s'approcha devant ses deux grands oiseaux . Sa figure était brûlé du côté droit, de son front au menton.

" On s'est occupé de tes blessures ? "

Fuko a hoché sa tête en regardant avec nostalgie son bras gauche. Il était tout en métal, avec des clous sur tout son coude . Elle ferma sa nouvelle main. Plus jamais elle ne pourra retrouver sa main gauche .

" Ne t'inquiète pas ! C'est juste une question d'habitude.

- Quand je pense que Maître Daxian avait crée une chose pareille au manoir... Cet homme était exceptionnel. Déclara Karmel. "

Fuko ne répondit pas.

" Qu'est ce qu'il y a ? Tu ne parles toujours pas ? "

Elle restait silencieuse.

" Ne la tourmente pas !! Cria Maître Flutter. Je t'ai dit qu'elle ne parlera plus !

- Je suis vraiment désolé.

- Assez ! Dit-il en mettant son bras devant lui. Fuko ! "

Le grand oiseau s'approcha de la jeune fille aux yeux fins. Il scrutait son nouveau visage. Elle portait toujours son bec. Le Maître voulut l'enlever mais elle recula .

" Pourquoi tu ne veux pas enlever ton bec ? Tu est libre ! La peste est fini ici ! Tu peux t'en débarrasser pour l'instant. "

Elle ne l'écoutait pas et le Maître se mit à la dévisageait.
Fuko ne semblait ne s'être toujours pas remise.
Son visage était encore à fleur de peau et même si son corps reprenait des couleurs, ses brûlures avaient du mal à cicatriser. Ce matin, on lui avait enlevé ses pansements aux jambes parce qu'ils lui arrachaient la peau.

Fuko n'arrivait plus à les supporter.

Même si elle ne parlait plus, son visage exprimait sa douleur. Son regard était devenu lourd et chaud, elle donnait l'impression d'être sur le point de mourir. Ou d'être morte.

Maître Flutter mit alors un genou face à elle :

" Tu devrais aller enterrer Eiko seule.

- ...

- Et Chico. Ajouta t-il. C'est indécent de ma part avec tout ce qui s'est passé de t'accompagner dans ton ancienne demeure.

-...

- Franchement, je n'ai pas été un bon Maître pour toi. Je sais que je ne t'ai pas insufflé le désir de te battre et d'être libre. Je me suis laissé emporté par la haine des gens. Ils nous détestait tellement. Nous pensions que seul le pouvoir les obligerait à nous accepter. Quel bêtise... Je t'ai beaucoup fait de mal.

- ...

- Je suis la cause de la perte de ton bras et de ta famille. Si j'avais été là ... Enfin. Tout cela pour dire, que je ne peux pas venir avec toi. Je ne sais pas comment tu vois la mort. Mais tu ne dois pas avoir peur. Tu sais ce qui se passe après la mort ?

Fuko leva un sourcil.

" Je crois que tu ne t'ai jamais posé la question. Dit-il avec le sourire. "

Elle fit un sourire nerveux en réponse .
Enfaite, Fuko avait déjà abordé ce sujet autrefois avec les enfants pauvres du village. Pour les rassurer, elle leur disait qu'on brûlait leurs morts et qu'on jetait leurs cendres dans les airs pour qu'ils puissent continuer de vivre dans le monde.

Le Maître se leva et lui indiqua sa demeure.

"Allez vas-y ! Nous t'attendons ! On va préparer les chevaux qui sont en bas de la plaine. Allez Karmel ! "

Le Maître s'éloigna et Fuko put enfin rentrer dans sa maison. Tout a coup, elle se sentait déjà beaucoup mieux.

Elle entra dans le jardin. Les soldats avaient déposé les deux épées aiguisés d'Eiko sur le palier.

<< C'est ici qu'il les aiguisait. Pensa t-elle. >>

Elle les récupéra en voyant Eiko qui lui disait " Arrête ! Souillon ! " quand elle jouait avec ses épées. Elle lâcha un léger rire. Eiko était vraiment borné...

Elle entra dans son salon. Personne. La Matronne n'était pas là. Elle avait disparut.
Il y avait seulement du pain sur la table. Ça lui rappelait les jours où elle volait du pain dans la ville, courant de toit en toit pour ne pas se faire attraper.

Elle prit la baguette aussi et descendit les escaliers vers le sous sol de sa chambre.

Son cœur s'emballa soudain de tristesse.

Eiko et Chico dormait dans la mort. La. Sur un lit .

Face à eux, la fenêtre était à moitié ouverte et le soleil éclairait vivement leurs corps comme deux anges.

Comme elle l'avait demandé.

Elle s'approcha des deux corps. Leurs visages lui donna un pincement au cœur : Eiko avait le visage relevé et une expression neutre. Sa posture était digne ,il avait un bras sur la jambe et le poing sur le cœur.

Fuko déposa sa première épée dans son bras près de sa jambe.

" Je t'emprunte la deuxième. "

Elle déposa un long baiser sur ses lèvres froides.

" Que le dragon et l'oiseau de mon bras reste lié à tout jamais. Au revoir corbeau. Dors libre . "

Elle alla donc chercher sa couverture. Quand elle revint vers lui , elle eut l'impression que sa mine avait changé. Il y avait un sourire sur le visage d'Eiko.
Elle déposa rapidement la couverture sur son corps car elle commençait à avoir peur.

" Sale corbeau. Ne me fais pas ce genre de blague. Dors."

Elle s'approcha de Chico et fit la même chose. Lui il souriait déjà dans la mort. Elle déposa juste une toile sur son corps tout entier.

" Si je me mets à t'embrasser, je vais pleurer. "

Elle s'éloigna en remontant les escaliers, tout en les regardant.
Une larme coulait sur son visage, un sourire se glissait sur ses lèvres.

Cette chambre, c'était celle où elle imaginait être libre. C'était ici qu'elle se sentait le mieux. C'était là où elle écrivait ses plans, ses rêves.

C'était le seul endroit où elle était joyeuse.Et cet endroit appartenait maintenant à ses frères.

Et Fuko sortit de sa maison. Cette fois, elle se laissa aller aux larmes.


BLACK-JELLY

Black JellyWhere stories live. Discover now