L'accueil

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Mathieu se réveille difficilement, il est couvert de courbatures et sent un bras par dessus son épaule droite. Il met quelques minutes à réaliser que son ivresse l'a fait dormir dehors auprès de Jessica. Après un instant assis à tenter de retrouver ses souvenirs de la veille, il regarde la squatteuse endormie à ses côtés. Elle est blafarde, immobile.

« Yo, la secoue t-il. Hou hou. »

Aucune réaction.

« Putain ! Lâche l'homme paniqué avantd'appeler son colocataire à l'aide. »

Les deux hommes portent la jeune femme sur leur canapé. Ils la regardent angoissé en attendant que les urgences arrivent.Tous deux culpabilisent face à la squatteuse. Jessica est amaigrie,ses plaies ont mal cicatrisé, et sa mâchoire n'est pas encore remise en place... elle aurait besoin de tant de soin. Trois jours. Trois jours qu'ils sont témoins de sa fuite. De sa détresse. De son traumatisme. Et ils n'ont rien fait. Pas un appel à des foyers, associations, psychiatres, ou médecins. Ils sont restés témoins silencieux d'une vie en morceau. Mathieu et Alex décident de se racheter en faisant de leur mieux pour aider la jeune femme.

« Le médecin a dit que tu avais besoin de repos,affirme Mathieu après que Jessica ait repris connaissance. Ilfaudrait que tu puisses être suivi, en hôpital ou au moins chez desamis, de la famille... quelqu'un... »

Jessica baisse la tête.

« Tu n'as personne chez qui aller ?Questionne Mathieu.

-Il les connaît, pleure la femme.

-Ton mari ? ... Donc tu ne peux aller nul part,réalise l'homme. Et en foyer ?

-C'est pareil, devine Alex.

-Je vais aller à ma place, se lève la femme enpensant se rasseoir sous son interrupteur.

-Non, non, non, tu restes là, dit fermement Mathieu.Enfin, si tu le veux bien. Tu restes avec nous jusqu'à ce que tutrouves autre part où aller.

-Ou tu nous dit où on peut t'emmener, déclare Alex. »

Bien que terrorisée à l'idée de faire confiance ànouveau aux hommes, la jeune femme accepte.

******


Il est 5h00 du matin quand Mathieu passe au salon vérifier que son invité va bien. Celui-ci est debout près de la baie vitrée, entourée par l'obscurité.

« Tout va bien ?

-Han ! Sursaute t-elle.

-Je ne voulais pas t'effrayer, pardon, pardon.

-Qu'est ce que vous faites là ?

-Je voulais voir si tout allais bien et toi ? Quefais tu dans le noir ? T'es insomniaque ?

-Je guette.

-Tu as peur que ton marie revienne ?

-Oui.

-Alors laisse moi prendre ta place. Vas te reposer, jemonte la garde, s'engage Mathieu.

-Pourquoi? ... Pourquoi faites vous ça ?

-Parce que c'est ce que j'aurais du faire depuislongtemps. Dès que je t'ai vue dans les escaliers. J'aurais dut'aider. ... On aurait du avec Alex... Et parce que tous les hommessont pas des salops. »

Jessica s'installe dans le petit canapé noir du salon.Mathieu la recouvre d'une grosse couette bien chaude et lui tend deuxoreillés moelleux.

« Avec ça, tu vas faire de beaux rêves. »

La jeune femme se force à rester éveiller secrètement afin de vérifier que Mathieu tienne bien parole. Voyant que l'homme reste face à la fenêtre sans bouger, elle finit par fermer ses yeux et s'endormir profondément. Le créateur ne bouge pas de la nuit.Concentré sur le paysage nocturne de sa ville. Emporté dans ses pensées. Ses questions. Que faire pour l'aider?

La femme battueWhere stories live. Discover now