Chapitre 2

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Je remarque que je ne suis plus dans la même pièce lorsque je me réveille. Je me redresse afin de regarder mon nouvel espace. Comme s'ils n'ont que ça à faire de me trimbaler d'un endroit à un autre, maintenant je suis dans une petite chambre d'hôpital. Tout compte fait... je suis contente qu'ils m'aient transportée ailleurs. Les rideaux de couleur beige fermés donnent un côté réconfortant. A mon avis il commence déjà à faire nuit dehors, nous sommes bien en début janvier après tout.

En tournant la tête, je remarque qu'il y a une petite table à côté de moi avec un verre d'eau posé dessus. Je mets pas mal de temps à me rendre compte que je suis observée. Ma mère est assise sur un fauteuil. Mon frère se tient debout à côté de la porte, le pied contre le mur. Quand il remarque enfin mes yeux se poser sur lui, il me fait bonjour de la main. J'aurais accueilli son geste de la bonne manière sauf que son sourire ressemble à celui d'un psychopathe. J'ai seulement deux semaines à l'hôpital, autant en profiter car je sais que quand je rentrerai à la maison, il ne me lâchera plus. Et là je serai de retour dans mon infernale routine mais pour le moment je n'ai pas encore envie d'y penser. Ma mère se penche pour m'embrasser sur le front et me regarde l'air inquiet.

— Mariam, comment tu te sens ? Ça va mieux ?

— Je... maman tout va bien, ce n'est rien. J'ai juste un peu mal, mais dans deux semaines je sortirai de cet hôpital et tout redeviendra comme avant.

— Je l'espère ma petite puce, dit-elle d'une voix douce et tremblante.

Je sais qu'elle est sur le point de craquer mais elle doit se dire qu'elle est forte et qu'elle ne doit pas faillir.

— Oh non, maman ne pleure pas, s'il te plaît, je chuchote en la prenant dans mes bras. C'est toi qui est censée me remonter le moral après ce qui vient de m'arriver, mais là on inverse les rôles. Tu penses que papa reviendra un jour... ?

— Je ne pense pas, ma chérie. Ton père nous a abandonnés au moment où on avait le plus besoin de lui. Je n'arrive toujours pas à m'en remettre.

Moi non plus je n'ai pas encore digéré son départ brusque et je ne le digérerai sans doute jamais. J'ai passé des mois et des mois à pleurer en espérant son retour quand j'ai grandi (il nous a quittés quand j'avais seulement deux ans), mais rien du tout. Il n'est jamais revenu. Je ne sais même pas où il est, avec qui et s'il est en bonne santé. Ça me fait l'effet d'un trou profond dans ma poitrine. Je ne sais pas s'il se refermera un jour ou non.

Ma mère me soutient et heureusement qu'on traverse cette période éternellement dure ensemble. Harry n'en a sans doute rien à faire puisque c'est la personne la plus sans cœur que je n'aie jamais connu. Après avoir passé quelques heures à mes côtés, ma mère et mon frère me quittent pour aller chez ma tante Marie, où vit aussi Pierre. Marie nous avait invité tous les trois à venir dîner chez elle. En réalité, elle n'est pas vraiment ma tante, nous n'avons pas de lien de sang mais je l'ai toujours considéré tout comme parce qu'elle est amie avec ma mère depuis toute petites. Des amis d'enfance, tout comme leurs enfants aujourd'hui.

Pierre n'est même pas au courant pour mon accident. Peut-être que si ? Mais si ce n'est pas encore le cas, je pense que ma mère le lui dira tout à l'heure. J'aimerais mieux qu'il ne le sache pas du tout. Comment va-t-il réagir quand il saura ce qui m'est arrivé ?

Une fois partis, l'infirmière referme la porte et vient s'installer à côté de moi. Elle a des cheveux auburn soigneusement coiffés et rassemblés en une magnifique queue de cheval. Ses yeux sont gris et son regard dégage quelque chose de chaleureux. Elle a l'air d'être une femme forte, respectable et stricte. Elle m'adresse la parole :

— Bonjour Mariam, mon nom est Deborah Bruneau.

— Bonjour Deborah, je dis en me frottant délicatement les yeux.

HasardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant