Chapitre Quatre

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J'appuie de toutes mes forces au point de me péter un index. Le jet part au-dessus de l'épaule de mon patron en forme d'arc-en-ciel pour atterrir bruyamment sur le parquet dans un bruit visqueux.

Oh oh.

Intact, un sourcil plus levé que l'autre, Adam pivote un peu pour regarder les dégâts avant de froncer sévèrement les sourcils à mon encontre.

― Qu'est-ce qui vous prend ?

Comment je m'en sors moi maintenant ?

La vérité, Beth...Le mensonge ne fera que t'enterrer plus profond.

― Désolée c'était une impulsion, j'ai cru que vous m'attaquiez...sexuellement. Faut pas se faufiler derrière les gens comme ça pour les désaper de force si vous voyez ce que je veux dire. J'espère que vous me pardonnez même si c'est un peu de votre faute...

Ta langue, Beth. Si la tourner sept fois ne suffit pas, avale-la.

― Vous m'accusez d'harcèlement sexuel ?

Son ton est lent et posé, trop calme. Un calme trompeur et menaçant. Est-ce cela de se retrouver dans l'œil du cyclone ? L'anticipation de la tempête imminente fait drastiquement baisser ma tension. Je vais mourir. Ou pire : me faire renvoyer.

Ce n'est pas le moment de se la jouer Hermione Granger...

― Expliquez-moi ce que je fais ici. S'il vous plaît, j'ajoute après quelques secondes comme si la politesse pouvait encore me sauver professionnellement parlant.

― J'ai deux bureaux. Un à la compagnie et le second ici, me répond-il. Vous pouvez fouiller, vous ne trouverez pas de collection de fouets.

Les bras m'en tombent si bien que j'ai envie de les rejoindre pour me mettre en position latérale de sécurité afin d'accélérer mon malaise qui est gargantuesque. Puis je remarque son sourire en coin qui révèle une fossette particulièrement mignonne sur le dessus de sa lèvre.

― Hey !je fais en la pointant du doigt avant qu'elle ne disparaisse. Vous vous foutez de ma poire ou c'est moi ?

Son demi-sourire s'affiche alors en entier comme s'il était...fier ?

― Plus qu'une farce c'était un test, admet-il avec une franchise désarmante. J'avais besoin de savoir si vous vous laissiez vraiment marcher dessus. Pardonnez-moi de jouer un peu avec vos nerfs mais j'ai mes méthodes. Traumatisantes certes mais efficaces.

Vais-je finir dans un asile à la fin de cette histoire ?

Je le fixe avec difficulté car les émotions doivent cascader sur mon visage à une vitesse folle entre choc, colère et frayeur. Alors si je résume à moi toute seule le mec était tout content à l'idée de se faire gazer ? De tous les boss qui pullulent la terre, je suis tombée sur le plus imprévisible et le plus honnête. Et le plus sado-maso.

― Ai-je passé le test ?je finis par demander.

Il émet un long "hmm" pensif et fait un geste de la main qui signifie couci-couça. OK, pas génial. Je crois qu'il est déçu que je n'ai pas fait mouche. Il a peut-être un problème d'adrénaline ou une horreur de l'ennui et c'est moi qui en suis injustement victime.

― Je suis mitigé mais je pense que ça fera l'affaire pour l'instant. En fait, vous avez dîné ?

Il croit sérieusement que j'ai de l'appétit après tout l'ascenseur émotionnel qu'il vient de me faire subir ? J'aimerai qu'il montre ne serait-ce qu'une once de regret mais il est visiblement passé à autre chose. Comme le disait Mamie Loti : les hommes, ça minimise toujours les sentiments d'autrui.

L'AssistanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant