L'Assistante

Chapitre Dix-Neuf

Je n'ai rien pu faire.

Mes dents claquent entre elles. Mais pas de froid.

Plaquée contre lui, je m'accroche à son torse et gémis.

— Noé, non, non, je supplie les cheveux emmêlés.

— Si...si, répond-il et je ne l'ai jamais vu aussi menaçant.

Mes yeux arrivent au milieu de sa poitrine et je suis obligée de lever la tête pour le regarder en face mais j'ai si peur. Cette noirceur dans ses iris sombres remonte à la surface. Je respire fort.

Noé m'a prise au piège.

Ses paumes soulèvent mes cuisses pour les enrouler autour de sa taille. Je perds pied et j'étouffe un cri dans son épaule.

— Ne t'évanouis surtout pas, même si c'est trop bon, me susurre-t-il à l'oreille.

Je frissonne à ses paroles.

Je comprends maintenant ce qu'il veut dire par remplacer une addiction par une autre. Or, si j'avais su qu'il m'impliquerait dans son délire...

— Laisse-moi le contrôle, Beth. Tu n'auras absolument rien à faire. Juste te laisser aller.

Facile à dire !

Je me sens nue et vulnérable, sans défense face au danger qui m'attend. M'abandonner de tout mon être à lui est chose impossible mais ce n'est pas comme si j'avais l'embarras du choix. Il me l'a bien fait comprendre.

Il me retourne et me maintient contre lui, ses mains impérieuses sur mes reins. Je souffle par la bouche, mes tympans bouchés par la connerie que je m'apprête à faire et elle souffle par rafales.

Oh Adam. Sauve-moi. Sauve-moi de ton démon de frère. Pardonne-moi pour ce que je m'apprête à faire.

Son corps se presse contre le mien dans un désir urgent, ardent, comme pour intensifier la sensation et je me mords la lèvre pour m'empêcher de crier.

Dans mon dos, son torse se crispe et il rejette la tête en arrière, m'entraînant avec lui sans crier gare.

Le hurlement que j'échappe crève le ciel et Noé et moi tombons en chute libre.

Adieu mon éthique professionnelle.

Flottant au-dessus de nous, à plusieurs centaines de mètres, je vois l'hélicoptère s'éloigner de nous.

Cent mètres... deux-cent mètres... trois-cent mètres... quatre-cent mètres... cinq-cent mètres...

Puis nous faisons volte-face à la Terre dans toute sa splendeur et j'ai le souffle coupé par le trop-plein de sensations qui me remplit. Le bleu du ciel nous encercle tandis que j'ai une vue de satellite spectaculaire.

J'ai l'impression d'être saupoudrée de poudre de Fée Clochette à voler dans les airs, à plat ventre contre le vent qui me transporte.

Derrière moi, Noé fait quelques gestes et je me sens tirée brusquement en arrière, mes talons reprennent de leur gravité et nos corps reviennent à la verticale. Je lève le nez pour voir le drapeau du parachute se déployer en arc-en-ciel au-dessus de nos têtes.

L'atterrissage se fait tout en douceur et je suis béate d'admiration par l'expérience de Noé. Les jambes tremblantes, je me laisse néanmoins tomber dans l'herbe alors qu'il me détache de lui.

Il me sourit de toutes ses dents, tout fier.

— Alors ce grand saut ?

— Vous êtes un grand taré !