Chapitre Cinq

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Il n'y a pas pire réveil que de se réveiller seule ET en chaleur. D'accord pas seule : il y a Raymond. Avec insistance, il pousse sa petite tête contre mon bras en ronronnant.

— Quoi tu ne m'en veux plus ?

Ses yeux émeraudes de braise me fixent et je me demande pourquoi je m'évertue à chercher une once d'humanité chez ce félin. Lui et moi c'est censé être une grande histoire d'amour. Je l'ai eu à mon seizième anniversaire. Rectification : la famille l'a adopté quand j'ai eu seize ans mais c'était juste une semaine avant l'événement et à partir du moment où je suis celle qui a débarrassé sa litière jour après jour, qui a payé tous les frais du vétérinaire quand il avait un problème, j'ai le droit de me proclamer maîtresse de ce chat.

Raymond me le rend bien en partant faire du vagabondage chez le voisinage, en me ramenant des souris mortes, des bébés moineaux et même des grenouilles ou en revenant ensanglanté d'un combat féroce entre chats.

Je lui gratouille sous le menton et il ferme les yeux de plaisir.

— Mais tu reviens toujours...

Il saute à terre et je le suis en m'enroulant autour de la couette. Je n'ai pas l'habitude de dormir en pyjama et ce depuis que je suis toute petite. J'étais connu pour être Bethsabée la nudiste en coloc et je n'en suis pas très fière je l'avoue mais c'est une habitude bien ancrée en moi depuis que j'ai vu Tarzan à l'âge de trois ans.

La couette formant une espèce de toge improvisée et la tenant d'une main sur ma poitrine, je glisse un bras nu en-dehors pour pouvoir verser la portion de croquettes dans la gamelle de Raymond. N'étant pas bien réveillée, je m'en fiche du courant d'air que je sens sur mes fesses quelques secondes avant que je m'interroge sérieusement sur son origine.

— Oh !s'exclame une voix masculine et je me relève d'un bond alors que la porte d'entrée se referme.

Près de la table à manger, tenant un sac de course dans ses bras, Wilson a levé une main devant son visage.

— J'ai rien vu, rigole-t-il et je tressaille.

Il a déjà tout vu de toute façon...

— Chéri ! Grouille, c'est trop lourd, geignit la voix de ma sœur dehors.

Je profite qu'il aille lui ouvrir pour faire un Sprint Usain Bolt vers ma chambre. Une fois à l'intérieur, je jette ma couette sur le lit avec rage, frappe le matelas avec deux, trois fois, et pars sous la douche oublier ce moment de folie passagère. Quelques minutes plus tard, j'entends des coups à la porte.

— Sab, t'as vu l'heure ?!crie Lilian.

Assise par terre, j'ouvre les yeux, revenant brusquement à la réalité et j'écarte le pommeau de douche. Grrr. J'y étais presque. En posant une main sur mon entrejambe, je me relève tant bien que mal pour fixer le pommeau sur la barre. D'habitude, j'y arrive en cinq minutes à peine si je règle bien le jet mais ces derniers temps avec le boulot, ma libido me fait des siennes et il me faut plus de temps pour y parvenir.

Plus d'intimité surtout...

Tout ce que je demande c'est un petit orgasme de rien de tout.

Propre et séchée, je m'habille en toute vélocité et cette fois j'enfile mes escarpins pour aller avec mon jean pantacourt qui me remonte au niveau du nombril et dans lequel j'insère ma chemise blanche. Je n'oublie pas de remonter ma braguette qui a tendance à descendre toute seule dans le seul but de m'embêter. Ma tenue classique de travail.

Je prends ma mallette, mon portable, mes clés et je file droit vers la porte d'entrée, prétextant être en retard, quand Lilian me hèle depuis la cuisine.

L'AssistanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant