7. Découverte à l'aveugle (version éditée)

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Quand ils entendirent le bruit des pas décroître dans le couloir, les deux prisonniers poussèrent un soupir de soulagement. Woody attendit encore quelques minutes, puis se leva et rejoignit la jeune femme. Il se laissa glisser le long du mur pour s'asseoir à côté d'elle.

— Ouf ! souffla-t-il. Nous sommes tranquilles pour un petit moment, je pense. Vu la température, la nuit est tombée.

— Exact. Avec un peu de chance, ils ne reviendront pas avant plusieurs heures. Vous devriez en profiter pour dormir un peu.

— Et vous ?

— Ne vous inquiétez pas, je vais prendre un peu de repos.

Alyssandra sentit que le journaliste passait un bras derrière ses épaules et se crispa.

— Venez là, Jessi.

— Pourquoi ?

— Vous grelottez ! J'entends vos dents qui font des castagnettes. Allez ! Ne soyez pas timide ! Je ne suis pas un ogre, je ne vais pas vous manger ! Ça commence à cailler, nous nous tiendrons chaud mutuellement.

Vaincue par la justesse du raisonnement, Alyssandra se retourna et colla son dos contre le flanc du reporter. Celui-ci s'allongea et l'attira contre son torse, de sorte que la tête de la jeune femme se retrouva sur son biceps, et son corps enveloppé par les bras de Woody. Ses narines se remplirent de son odeur et elle commença à se détendre, gagnée par cet étrange sentiment de sécurité qui se propageait dans son corps quand elle était contre lui. Très rapidement, la fatigue eut raison d'elle et elle s'endormit, réchauffée.

Quelques heures plus tard, Alyssandra se réveilla en sursaut en sentant que Woody la repoussait.

— Jessi, ils arrivent !

— Vite ! De l'autre côté !

— Je sais.

Quelques secondes plus tard, la porte fut déverrouillée et un homme s'encadra brièvement dans l'ouverture. Il jeta un sac sur le sol et referma aussitôt la porte, de sorte qu'Alyssandra n'eut même pas le temps de distinguer la silhouette de son codétenu. Le même manège se répéta à six reprises dans le couloir, puis le silence se fit de nouveau. Dès qu'il n'y eut plus aucun bruit, Alyssandra rampa vers la porte et, à tâtons, attrapa le sac.

— Venez, Woody, c'est le repas du jour.

— Le repas ?

— Oui. Enfin si on peut appeler ça un repas ! C'est la seule nourriture qu'ils nous donnent pour toute la journée. Il vaut mieux se rationner pour pouvoir manger un peu à intervalles réguliers.

— Il y a de l'eau ?

— Oui. De l'eau bouillie vaguement parfumée au thé, mais pas en grande quantité. Je crois que nous pouvons nous estimer chanceux, ils ont doublé la ration habituelle.

— Qu'est-ce qu'il y a au menu ?

La jeune femme fouilla dans le sac, essayant d'identifier les aliments à leur odeur :

— Un canjeero pour chacun et, je pense, une portion de bariis et d'oodkac ou de muqmad.

— Je n'ai encore jamais mangé de muqmad. La chèvre, j'y suis habitué, mais le chameau...

— Bah, on s'y fait ! Tout est dans la tête. C'est surprenant au début, mais quand on a faim...

Alyssandra partagea les vivres en deux et tendit à Woody sa portion.

Unité d'élite [Editions BMR Hachette - mars 2018]Where stories live. Discover now