Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

Jour II : Ou comment la nature déclenche les instincts.

Un bruit au loin me réveille. Je ne saurais pas dire de quoi il s'agit. Peut-être juste une invention de mon esprit encore à moitié pris dans ses rêves. La nuit fut étonnement calme et confortable pour être honnête. Il n'a fait ni trop froid, ni trop chaud. De plus, avec le sable comme sommier et une couche de mes habits d'hiver recyclés comme matelas, je me suis confectionné un lit ma foi fort agréable.

Je me lève sans faire de bruit. On dirait que tout le monde dort encore. Je lève machinalement mon poignet pour lire l'heure sur ma montre.

Elle indique vingt-trois heures trente. Comme tous nos téléphones, elle est complètement déréglée.

Cette constatation inonde à nouveau ma tête de questions sans réponses sur l'endroit où nous nous trouvons. Hier, chacun y est allé de sa propre hypothèse, de la plus rationnelle à la plus incongrue. Puis nous avons tout simplement abandonné l'idée de comprendre quoi que ce soit.

Et l'incroyable levé de lune de la veille n'y est évidemment pas pour rien.

J'ai d'abord cru à une hallucination, tant la taille de l'astre était insensée par rapport à ce à quoi je suis habitué. Avec un diamètre au moins cinq ou six fois plus large qu'à l'accoutumée, son apparition écrasante a dispersé un vertige désagréable sur tout le groupe. Une énième crise de panique s'est abattue sur Cynthya et j'ai dû passer pas moins d'une heure à m'occuper d'elle pour qu'elle puisse finalement s'endormir.

J'ai l'impression de développer avec elle le même type de relation qu'on entretient avec un animal de compagnie. Sa bêtise, sa naïveté et son hypersensibilité m'exaspèrent mais la rendent tout de même attachante. Je me suis même surpris à lui caresser le haut du crâne comme un petit chien à plusieurs reprises.

La pauvre.

« Déjà levé ? » Me fait une voix derrière moi.

Je me retourne et aperçoit Harmony. Elle est assise un peu plus haut sur la plage, non loin des restes de la voiture.

« Je fonctionne comme les coqs, un rayon de soleil et j'suis debout. »

« Étonnant, j'te pensais plus du genre à te réveiller tous les jours à quatorze heures. »

« Toujours aussi aimable, toi. »

Elle retient un petit rire sarcastique.

« Tu ne fais rien ? » Demande-t-elle.

« Hein ? »

« Tu n'as rien à faire ? »

Je ne comprends pas.

« Bah, à part compter les grains de sables, il n'y a pas grand-chose à faire ici. »

Elle se lève et époussette ses fesses et ses cuisses.

« Alors tu n'as rien à faire. » Conclut-elle. « Très bien, récupère un sac à dos et rejoins-moi. On part pour la jungle. »

« Euh, ce n'était pas censé être le tour de Sébastien ce matin ? »

Pas que ça m'ennuie de partir maintenant – surtout que l'idée d'explorer la forêt de conifères me gonfle d'adrénaline depuis hier, ce qui n'est pas pour me déplaire – mais j'ai peur de vexer l'autre mongolien de psychologue si je m'approprie sa place dans le programme des expéditions.

« On est les seuls réveillés et ce serait ridicule de gaspiller ce temps à ne rien faire. On n'est pas en colonie de vacances. »

Elle marque un point.

« Je me prépare et j'arrive. »

Je récupère en silence un sac et rattrape la jeune blonde en trottinant. Juste avant de pénétrer sous l'épaisse canopée de sapins, je demande :