Biohazard - Disparus [ Tome 1 Terminé ]

1. La Plaine ( Partie 2/3 )

« On dirait qu'y'en a un qui a passé une pire nuit que la nôtre... » Je commence.

De loin déjà, nous pouvons constater l'ampleur du carnage. De longues côtes au tiers englouties sous la neige dépassent de la couverture blanche qui tapisse la clairière.

« C'est peu dire. » Agrémente le jeune brun à ma droite.

Au fur et à mesure que nous avançons vers le charnier, nous découvrons le spectacle impressionnant d'un cadavre à moitié dépecé et complètement congelé. La bête est impressionnante sans être gigantesque, tout au plus de la taille d'un hongre. La tête de l'animal, où ce qu'il doit en rester, est complètement immergée sous les flocons. Du manteau neigeux, ne dépasse qu'un corps éventré et une patte colossale, tendue en l'air comme par magie. Sans doute l'action conjuguée d'une rigidité post-mortem consolidée par le givre. La chose semble faire partie de la famille de ses dinosauriens bipèdes qu'on voyait souvent illustrés dans les bouquins pour enfants.

À une exception prête.

« Des plumes... ? » Je souffle, en en décrochant une d'entre son saisissant set de griffes.

Elle n'est pas aussi fine et délicate que celle d'un oiseau. Au contraire, elle est épaisse, courte et recourbée. Malgré son état, j'arrive à distinguer une nuance de rouge scintiller à la surface de ses barbes.

« Ouais... Je n'y ai pas cru non plus, la première fois que j'en ai vues. » Avoue Jung.

Cléo ricane.

« Tss... si trois plumes sur une ces choses vous en bouchent un coin, imaginez ma tête le jour où j'ai appris que des monstres pareils ont un jour foulé la même Terre que celle où je suis née. »

Je note mentalement que si Jung avait déjà entendu parler du règne des dinosaures, à l'inverse de Cléo, c'est qu'il doit venir, au mieux, d'une époque proche de la mienne, au pire, d'une ère plus avancée.

Tout indice est bon à prendre.

Je reporte mon attention sur la créature morte. Je chasse la neige de nombreux battements de pied tout le long de son corps pour le révéler. De sa tête lourdement dentée à sa queue duveteuse, la chose doit bien faire dans les trois mètres de long. J'en fais un ultime tour, histoire de l'inspecter une dernière fois.

« Ce qui l'a tuée s'est gavé jusqu'à plus-faim. Y a plus grand-chose comme viande à récupérer là-dessus. »

La jeune femme aux longs cheveux noirs secoue la tête de droite à gauche.

« C'est pas grave, on évite généralement de manger de la chaire de carnivore, ça rend malade. » Explique-t-elle.

J'hausse un sourcil.

« Ah ? Autant pour moi. »

Jung enchaîne.

« On va quand même lui récupérer deux-trois côtes, ça pourra toujours être utile. »

Nous hochons la tête.

« Envoie ta machette, Léo, j'm'en charge. » Continue-t-il.

Je défouraille mon arme et la lance en vrille vers mon compagnon d'expédition.

« Attrape ! »

Au moment où il relève la tête pour attraper la lame, il se rend compte de sa trajectoire hasardeuse, jure et se jette sur le côté pour éviter de voir ses mains réduites en charpie en l'attrapant. Les flocons crissent sous le poids de son plongeon et viennent agrémenter ma pitrerie d'un petit son à la limite du burlesque, me faisant mourir de rire. Il reste un instant la face enfouie dans la glace, ce qui laisse le temps à Cléo de glousser à son tour.