Stiamo tornando in Sicilia - Nous retournons en Sicile

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Point de vue Cristiano

Je me réveille ce matin assailli par la lumière soudaine du dehors. Je me couvre le visage de mes mains et regarde l'heure sur l'horloge accrochée au mur. Il est à peine 8 heures. Une silhouette noire un peu floue se détache de la lumière qui me fait face. Reina a encore ouvert les volets sans me prévenir. Je me demande si elle a réellement besoin de sommeil ou si elle se recharge à l'électricité.

Reina: Debout tout le monde ! Laves toi, manges un bout et ramasses tes fringues.
Moi: Bonjour sinon. Qu'est-ce qui se passe encore ?
Reina: Une bonne chose. Stiamo tornando in Sicilia !
Moi: Je croyais que tu voulais attraper Béné...

Je regarde autour de moi et je vois ses valises totalement refaites, posées dans un coin de la chambre. Elle est déjà en train de s'activer à rassembler mes vêtements quand je lui répond, elle a l'air tellement heureuse de rentrer. Je suis déboussolé et c'est assis dans mon lit, que j'essaie de recoller les morceaux de l'histoire. J'ai l'impression que mon cerveau tourne à deux à l'heure par rapport au sien.

Reina: Oui mais je ne veux plus le rater ni discuter avec lui. Il a trop jouer avec ma patience. Quand je vois ce qu'il nous a pris de la marchandise en plus avec tout les bénéfices... J'ai besoin de mon père pour trouver un plan sûr.
Moi: Bon d'accord, on part à quelle heure ?
Reina: Dans une heure donc il te reste exactement 22 minutes.

Lorsque l'information arrive à moi, je saute du lit et file me préparer dans la salle de bain. J'essaie de me presser pour prendre moins de temps et me précipite sous la douche. Décidément les voyages avec Reina sont toujours à la dernière minute et très précipités, un point positif c'est qu'on a pas le temps de s'ennuyer ni de se lasser. Mais je suis heureux de bientôt retrouver les Cortesi et la maison dans laquelle je me sens si bien même si être seul avec Reina est comment dire... plutôt agréable malgré son caractère. C'est une chance que sa famille m'ait si bien accueilli et intégré, je leur en suis très reconnaissants de m'avoir offert un foyer où je me sens chez moi.

Elle est déjà prête quand je sors, comme d'habitude dirais-je. Finalement, je n'ai pas été si rapide puisqu'elle affiche une fois de plus un visage impatient et exaspéré. Je prends alors nos bagages pour me faire pardonner et nous quittons la chambre sans un mot. Son parfum crée un passage dans l'air et je la regarde passer comme dans un rêve, elle me fait signe de la suivre rapidement et en moins de deux minutes, nous sommes en route pour l'aéroport. Comme à Florence. Ce qui est aussi très pratique, c'est qu'on ne perd pas de temps et qu'on ne traîne pas en bavardages et vérifications inutiles pour les voyages.

*******

Je la regarde avec attention du fond de mon siège : ses jambes fines sont croisées dans son pantalon gris chiné tandis que ses mains ornées de bagues en or tiennent un magazine espagnol devant un haut volanté en satin grenat brillant. Elle est concentrée dans sa lecture, calme et sereine, pour une fois. Soudainement elle relève la tête, sans doutes à cause de mon regard qui devait être trop appuyé.

Reina: Qu'est-ce que t'as ?
Moi: Je suis content de rentrer.

Elle hausse les épaules et retourne à sa lecture. Au fond de moi, je soupire d'agacement. Elle me résiste et moi, je ne lui résiste pas : j'adore la regarder parce qu'elle est si belle et aussi parce que j'ai l'impression qu'elle cache beaucoup de choses.

Moi: Qu'est-ce que tu comptes faire avec Béné exactement ?

J'ai besoin de savoir ce qu'elle pense au moins à ce sujet parce que c'est aussi mon travail.

Reina: Le nécessaire.
Moi: Tu n'as pas d'idée ?
Reina: J'en parlerai avec mon père...
Moi: Ça veut dire que tu as une idée.

Elle ferme son magazine dans un claquement de papier et lève définitivement le visage face au mien. Son regard accusateur me fait frissonner.

Reina: Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Moi: Je me méfie, tu as toujours des idées qui te mettent en danger.

Je croque dans un des macarons que le steward m'a apportés en écoutant sa réponse avec attention sans pour autant me braquer face à sa voix dépourvue d'émotions en ce moment même.

Reina: Et ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
Moi: Je te rappelle que je suis censé te protéger alors j'aimerais connaître le degrés de dangerosité de ton idée.
Reina: Tu n'auras rien à faire, je t'assure.
Moi: Dis moi.
Reina: On en parlera avec mon père ! Maintenant laisses moi.

Elle se lève et se dirige vers le fond de l'avion ; elle claque une porte derrière laquelle elle disparaît jusqu'à ce que nous atterrissions.

*******

Je descends de l'avion en premier et tend ma main à Reina, elle refuse bien sûr. Angelo nous attend dans une grosse voiture noire. Reina y rentre et appuie sur le bouton pour verrouiller les portes. Angelo déverrouille et me laisse ainsi entrer.
Nous patientons cinq minutes, le temps que les bagages soient déchargés et rechargés dans les voitures. Angelo et Reina se retrouvent quand soudain Angelo m'interpelle.

Angelo: Comment s'est passé ce voyage avec ma fille ?
Moi: Très bien, j'ai eu droit à une nouvelle garde-robe.
Angelo : Ha ha, oui c'est indispensable. Elle ne t'as pas trop fait tourné en bourrique ?
Moi: Vous la connaissez...
Angelo: C'est vrai, je suis désolé pour tout ce qu'elle a pu te faire vivre.
Reina: Papa...
Angelo: Je te taquine ma fille.

Angelo fait signe au chauffeur de démarrer et nous prenons la route en direction du domaine. Reina ne me regarde absolument pas de tout le trajet.
Nous arrivons enfin à la maison et la demeure est toujours aussi impressionnante. Les hommes rentrent les bagages à l'intérieur tandis que nous descendons des véhicules. La chaleur écrasante de cette fin de mois d'août nous indique bien que nous sommes rentrés. Je surprends Reina à respirer à pleins poumons, les yeux fermés l'air chaud de la Sicile mais Giulia, la mère de Reina saute dans ses bras. Petit à petit, toute la famille débarque pour nous souhaiter un bon retour. Je suis content de retrouver le clan et compte sérieusement demander qu'on m'éduque sérieusement à Angelo.
Une fois le temps des effusions passé, nous rentrons tous, Reina et moi montons dans nos chambres sans un mot ni un regard l'un pour l'autre.
Je tourne en rond dans ma chambre avant de me décider enfin à quitter ma chambre pour aller frapper en face. Je le fais mais la porte ne s'ouvre pas. Après tout, je peux l'ouvrir tout seul... j'entre donc dans sa chambre sans frapper.

La chambre est vide mais je remarque que les fenêtres du balcon sont grandes ouvertes. Je me dirige donc sur le balcon et entend aussitôt les portes se fermer derrière moi. Reina me regarde en riant aux éclats, quand à moi ma colère m'aveugle. Je frappe des poings contre les vitres pour la forcer à m'ouvrir. Mais elle rit de plus belle et moi je suis piégé ici. J'arrête de m'agiter dans tous les sens et m'appuie donc contre l'encadrement en regardant Reina de façon insistante à travers les carreaux. Ça n'a pas l'air de la perturber mais je continue de la fixer. Elle en profite pour essayer de nouveaux vêtements, se déshabiller et se rhabiller devant mes yeux. J'ai de plus en plus envie d'entrer pour neutraliser ce démon envoyé par Dieu. Une fois qu'elle a terminé elle s'appuie dans l'encadrement de la porte à l'intérieur de la pièce, face moi. Ses bras croisés font remonter sa poitrine et nous passons un bon moment à nous regarder à travers les vitres pare-balles de la fenêtre.
Elle se dirige soudainement vers la porte de sa chambre, je ne veux pas qu'elle me laisse là, alors je tape encore et je m'appuie fortement contre la porte pour la forcer à m'ouvrir. Ça a bien marché puisqu'elle a ouvert mais comme je m'appuyais dessus, je suis tombé à ses pieds.
Son sourire malicieux me nargue du haut de son corps parfait, je ne me relève pas maintenant et finis par réussir à la surprendre en l'attrapant par les jambes pour la transporter n'importe comment sur mon épaule. Je me déplace jusqu'à son lit sur lequel je la jette un peu fort puisqu'elle se frotte la tête. Je suis en colère.

Reina: T'es malade, je rigolais juste !
Moi: Peut-être mais ton comportement me rend fou ! Ne t'avises pas de recommencer.

J'ai crié et prononcé mes mots fermement, pour une fois elle s'est tut. Étrangement, je décide d'en rester là et sors de la chambre pour me diriger vers le bureau d'Angelo.

TronoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant