24. Sincérité

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C'était vertigineux. Nouveau.

Je m'étais toujours refusée de tomber amoureuse car j'avais peur que cela m'échappe, que cela influe sur ma vie et que cela me perde. Les émotions ne devaient pas prendre le contrôle de mes choix. J'avais été élevée dans un environnement sans sentiment, et je pense que cela influençait encore beaucoup la façon dont j'envisageai ma vie. Et j'avais également fait en sorte d'enlever toute implication personnelle et sentimentale dans mes relations avec mes clients de Pygmalion, car je savais que j'avais tout à y perdre. 

Avec Hassan, mes défenses tombaient les unes après les autres. Ces murs pourtant solides, qui m'avaient permise de tenir bon et d'être là où j'étais aujourd'hui, ne lui résistaient pas. Physiquement, j'étais tenue par notre attirance mutuelle et notre fusion sexuelle auxquelles j'étais incapable de résister. Il me retenait financièrement, car il pouvait me fournir un confort et une aisance que je recherchai et me mettait à l'abri du besoin. 

Mais il y avait autre chose, qui commençait à naître entre nous. Et c'était un bouleversement tel qu'il me fit vaciller physiquement.

Il me rattrapa avant que je ne tombe.

« Hey? »


Je m'accrochais à son bras, et levai la tête vers lui.

Mais lui, que se passait-il dans sa tête?

« Je vais demander qu'on nous amène de quoi manger. »
Je ne protestai pas. Je me laissais faire. C'était parfois tellement réconfortant de se faire dorloter, d'avoir quelqu'un qui s'occupe de soi.

Il sortit quand on sonna à l'entrée de la suite, et revint avec un plateau chargé de petits plats salés et sucrés. Il le posa sur le lit et on se mit à manger tous les deux.

Il me demanda si ça allait mieux. Oui, mais je ne lui dis pas ce qui m'avait fait presque tomber.

« Pygmalion m'a aussi mise entre les mains de madame Catherine, ce qui était idiot de ma part. J'avais sous-estimé le pouvoir de cette femme, et comment elle se servirait de moi. »

« Ne vous flagellez pas pour cela. Vous regrettez, je pense, d'avoir pris ce risque. Mais sans Pygmalion et sans elle, je ne vous aurais pas rencontrée. Donc j'accepte cette partie de votre histoire. Mais il est hors de question que d'anciens clients viennent interférer avec notre relation actuelle. Je ne le supporte pas. »

Je l'avais bien compris.

« Pourquoi devez-vous vous marier? Votre frère est l'héritier, lui seul a besoin de se marier pour avoir des enfants... »

« Je suis deuxième dans le rang des héritiers au trône, certes. Mais un homme trop longtemps célibataire est mal vu dans mon pays. »

« Avec qui? »

« Je n'en sais rien. Ce sera peut-être un mariage arrangé... »

« Vous ne la choisirez pas vous-même? »

« Si, je donnerai un avis final sur le choix qu'on m'offrira. »

Je n'osais poser la question de l'avenir de notre relation. Il n'y en avait pas vraiment. Notre seul horizon était septembre. Il le savait aussi.

« J'espère que vous trouverez une femme qui vous conviendra. »
Ma phrase était dite d'un ton neutre. Il haussa un sourcil, et répondit avec lenteur.

« Merci. Je l'espère aussi. Il n'est pas facile d'être la femme d'un homme comme moi. Il y a beaucoup d'apparences à respecter. C'est une vie difficile, d'obligations et de responsabilités. »
« Mais vous pouvez en avoir plusieurs, non? »

« Oui, c'est une des lois de mon pays. »

Nous sommes restés dans un silence inconfortable un petit moment. Je ne lui dis pas ce que je pensais. A quoi cela servait-il? Je n'aimais pas la façon dont les femmes étaient traitées dans son pays.

« Vous vous sentez mieux? »

« Oui, merci. »

« Il est tard, déjà 3 heures du matin. Je suis jetlag, et je n'ai pas encore sommeil. Mais vous pouvez dormir. »

« Mais vous, qu'allez-vous faire? »

« Je vais travailler. J'ai du retard dans mes mails, je vais rester à côté. »

Je me couchai. Il resta dans la chambre. L'endroit était immense, plus grand que mon nouveau studio, qui faisait pourtant une quarantaine de mètres carré.

Il s'installa au bureau. La chambre était dans la pénombre, et je voyais seulement son visage éclairé par l'écran. Un grand calme régnait dans la pièce et je m'endormis aussitôt.

Le lendemain, vers 10 heures, j'ouvrai les yeux quand je sentis une main sur mon épaule.

Hassan me réveillait doucement.

« On part. Soyez prête dans une heure. »
Je m'étirai, il avait dormi à côté de moi. Il ouvrit lui-même les rideaux de la chambre, tandis que j'allais me laver. 

La PropositionWhere stories live. Discover now