50. Un accident de courses

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Il faisait à nouveau chaud, et plus humide encore. J'optai donc pour une tenue en coton, une robe Chanel noire avec une jupe ample, dont le jeu de tressage sur le corsage et les fines bretelles mettaient en valeur mon buste et mes épaules. Pour rester dans les bonnes moeurs de Ascot, je les couvris d'une mini cape de lin blanc quasi transparente. Un chapeau dans la même matière tombait sur l'arrière de ma tête. Pour finir la tenue, mes chaussures à talon découvraient la finesse de mes chevilles, mais leurs talons semblaient cassés au milieu. Cela donnait une sensation de fragilité à ma démarche.

Comme la veille, la voiture arriva par un accès discret.

Il était déjà treize heures, mais un repas préparé par un chef m'attendait dans la loge. Herbes fraîches, légumes de saison et poisson. J'attachai la serviette en coton autour de mon cou pour ne pas tâcher ma robe et attaquai mon assiette sans attendre. Après avoir contrôlé les abords de l'entrée, Cobb éclata de rire en me voyant ainsi attablée.

- Vous avez l'air d'avoir faim.

- Venez manger avec moi au lieu de vous moquer, il y en a pour deux.

- Je dois surveiller l'entrée...

- Ahmad s'en occupe, Hassan a dit qu'il gérerait tout à distance.

Cobb sortit un instant pour vérifier et revint quelques minutes plus tard. Pendant ce temps, je lui avais préparé une assiette. Il se mit à table sans hésiter, et ne décrocha pas un mot pendant qu'il mangeait, les yeux fixés sur l'écran où étaient retransmises les courses du jour.

Je voyais très clairement dans le regard de Cobb à quel point c'était important pour lui. Le travail d'une année se jouait pendant ces quelques jours de courses.


J'avais terminé, et je jouais avec ma cuillère. Vraiment les courses me désintéressaient complètement. Cobb finit par s'en apercevoir.

- Cela vous emmerde...

- Plutôt, oui.

- Posez-moi des questions, si vous voulez.

- Je ne suis là que pour Hassan. Je n'ai pas le désir de comprendre ce monde-là.

- Libre à vous de vous y intéresser ou pas...

- C'est étrange, Cobb, mais j'aurais beaucoup plus envie de m'y intéresser pour vous que pour lui.

- Peut-être parce que vous n'avez pas besoin de cela pour communiquer avec lui.

- Oui, probablement, dis-je lentement.

Pour Cobb, les chevaux n'étaient pas un terrain de jeu, c'était son domaine de connaissance, son seul monde. Si pour Hassan les courses étaient une passion, c'était la vie entière de Cobb. Les enjeux étaient différents. Je savais aussi que Cobb m'en parlerait différemment de Hassan.

- Si jamais vous décidez de vous y intéresser un jour, venez me voir.

- Avec plaisir.

Je souris, Cobb était un ours, mais il faisait parfois montre d'une gentillesse insoupçonnée.


La course suivante était la plus attendue de l'après-midi. Le jockey de l'écurie du Sussex était un homme petit à la démarche ample, qui avait un regard aiguisé. L'homme connaissait son affaire, aux dires de Cobb.

- Voilà une course qui devrait valoir le coup...

- Vous attendez une victoire?

- Oui. Ce sera une immense déception si notre cheval ne gagne pas.

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