65. Le père

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L'enfant de Hassan et Kamila naquit comme prévu au mois de novembre. Un petit garçon, qui devint dès lors deuxième après son père sur la liste des héritiers du royaume. Kamila et Hassan avaient rempli leur rôle de prolonger la lignée royale moins de 10 mois après leur mariage. C'était donc un signe d'excellente santé et de joie pour les citoyens du Keraï.

Les images dans les médias montraient un bébé en pleine santé qui avait les yeux de son père. Il était joufflu et avait déjà plein de cheveux bruns. Kamila respirait le bonheur sur les photos où elle posait avec l'enfant. Hassan n'apparaissait pas sur les clichés officiels mais c'était l'usage. Tout le pays se réjouissait de cette naissance qui donnait le ton de l'optimisme dans le royaume. Ce couple jeune et beau, qui avait déjà un héritier, allait diriger le pays et tout était pour le mieux.

Durant les premières semaines qui suivirent la naissance, Hassan me téléphona beaucoup moins. Je ne pouvais lui en tenir rigueur, il s'occupait de son fils, et je le savais heureux.

Pourtant je ne m'inquiétais pas. J'aurais pu, car cela pouvait le rapprocher de Kamila. Mais nous avions échangé beaucoup avant la naissance de son fils, et j'avais confiance en Hassan.

Au bout de trois semaines, nos coups de fil quotidiens recommencèrent. Il me dit que puisqu'il avait eu un enfant, et un héritier, il n'avait plus besoin de Kamila.

C'était cruel. Mais il ne le pensait pas malheureuse. Depuis la naissance de leur fils, elle s'était investie complètement dans cet enfant, et Hassan passait au second plan. Il n'allait rien faire pour changer cela, et jouerait même de l'éloignement.

Je ne pouvais pas faire la même chose avec Nick, d'autant que ce dernier s'amourachait de plus en plus de moi. Il parlait maintenant de me présenter son fils. J'avais freiné ses ardeurs, mais je sentais qu'il demandait des changements dans notre relation. Et je ne pouvais pas lui donner plus. Je me sentais coincée par cette situation.

Hassan devait venir à New-York pour une visite officielle dans quelques semaines. Nous nous préparions à nous revoir, et je comptai les jours. La prudence serait de mise, bien entendu, et nous cherchions donc un subterfuge. La seule façon serait que je vienne à lui dans un endroit isolé.

Un évènement se produisit pourtant, interrompant tous nos projets, et remettant en question tout.

Absolument tout.


J'étais dans le métro quand la nouvelle sortit.
Mon téléphone afficha la news, et je manquai une marche sous le choc.

Le père de Hassan, le sheikh Nazim, venait de décéder.

Je tremblai tellement que mes jambes ne me portaient plus. Je dus sortir de la station dans laquelle j'étais pour reprendre mon souffle, j'avais besoin d'air frais.

J'allais dans le premier bar venu et demandai un double whisky.
Avec le nom de Nazim, les images traumatisantes de mon enlèvement me revenaient. Le spécialiste que j'avais consulté après mon trauma m'avait prévenue que cela arriverait, et il m'avait dit comment réagir.

Je devais me calmer, et respirer lentement, pour ne pas faire une attaque de panique. Un alcool fort n'était certainement pas recommandé, mais mon corps avait besoin de sentir quelque chose de fort. J'appliquai ensuite les conseils du spécialiste, et cela fut efficace. Je réussis à calmer les bouffées d'angoisse qui montaient.

Fébrile, je consultai mon téléphone pour avoir plus de nouvelles.
Mais je savais ce qui allait se passer. Hassan allait devenir Roi.


J'attendis son coup de téléphone toute la soirée. Il arriva après minuit.

- Marie...

- Hassan, toutes mes condoléances...

- Merci, je sais ce qu'il t'en coûte de me dire cela.

- C'était quand même ton père. Ce qu'il m'a fait ne changera jamais cela.

- La maladie l'a emporté. Il m'a dit quelques mots sur son lit de mort... Il était désolé de ce qu'il t'avait fait, mais il l'a fait pour le bien du royaume. Pour que j'ai un fils rapidement. Cela l'a rassuré, et je crois qu'il s'est laissé aller après sa naissance.

Je ne répondis pas, peut-être que certaines choses m'échappaient quand il s'agissait de diriger un pays, mais je savais que se salir les mains est un choix, pas une obligation.

- Une des premières choses que j'ai demandée après son décès est de me dire où a été enfermé Ahmad. Il va m'être rendu, il est vivant.

Je laissai échapper une exclamation de soulagement. Son sort était ce qui m'inquiétait le plus depuis des mois.

- Dis-lui... Dis-lui que j'espère qu'il m'excusera, tout ceci est arrivé à cause de moi, Hassan.

- Non, ce sont mes choix, tu es un de mes choix. Ahmad a choisi de me servir, il savait ce que cela impliquait.

Hassan raisonnait comme un futur dirigeant, enfin, comme un dirigeant.
Ce que cela allait impliquer me laissait songeuse quant à l'avenir de notre relation.

Il comprit mon silence dans ce sens.

- Je vais être très occupé pendant quelques semaines, je suis désolé, cela recule nos retrouvailles, mais je t'assure qu'ensuite, nous nous retrouverons et ce sera pour de bon.


Je ne demandai qu'à le croire...


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                                                                                FIN PREMIER TOME


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Je profite du Nanowrimo de Novembre pour commencer le 2e !!
Stay Tuned !!!


La PropositionWhere stories live. Discover now