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L'aura sombre qui couvrit les prunelles de Taekwoon fit hoqueter Wonsik, se trouvant lui-même blessé par l'auto-insulte qu'eut prononcé l'hybride. Alors que Wonsik avait les mots coupés et cherchait à respirer, Taekwoon retourna à l'intérieur tandis que sa dernière phrase tournait en un cercle vicieux dans le cerveau de Wonsik. Ce dernier laissa cet enchaînement de mots lui donner le tournis et se trouva pris au dépourvu lorsqu'il remarqua l'absence de celui pour lequel il avait préparé tout un discours. Ses mots restaient d'ailleurs bloqués dans sa gorge tout en ayant disparus de sa mémoire. Il demeura donc seul, étranglé par les mots et étouffé par une émotion qu'il ne sût saisir.

Désormais, ce qui le tourmentait était le terme ''pute'' qu'avait employé Taekwoon. Il avait envie de cogner tant il n'aimait pas cette ''insulte''. Mais pourquoi une insulte ? C'était bien ce qu'était Taekwoon non ? Il faut croire que pour lui, non, ce n'était pas le cas. Il baissa la tête et serra les clefs de sa voiture avant de s'y rendre. Une fois assis, il mit le contact et ouvrit toutes les fenêtres. Il roula à vive allure et senti l'air s'engouffrer dans le véhicule puis enfin pénétrer dans ses poumons. C'est alors qu'il se mit à suffoquer, retrouvant peu à peu ses esprits, il ralentit l'allure. Son pied tremblant, comme le reste de son corps, relâchait la pression sur l'accélérateur de manière progressive. De la même façon, ses pensées s'éclaircirent.

Il était évident que, celui qui chamboulait tout en lui, ne désirait pas sa présence. Et cette évidence provoqua comme un éboulement au sein de son corps, comme s'il chutait en restant assis. La route devint de plus en plus ardue à distinguée et les étoiles se mêlèrent à autre chose dans son regard.

Il serra tellement fort le volant que ses jointures se soulevèrent sous sa peau qui blanchit. Il ré-accéléra, pressé de rentrer. Par bonheur, les rues étaient vides en cette heure tardive. Il arriva enfin et freina d'un coup sec. N'ayant toujours pas laissé ses larmes sombrer, il retenait les hoquets tout en courant jusque sa chambre. Là, il resta immobile, debout, les poings serrés pendant une minute. Durant cette minute, sa tristesse se transforma peu à peu en rage. Sa mâchoire coincée, il fit grincer ses dents avant de pousser un meuble par terre. En un éclat de verre, un vase tomba et se vida. Dans les flaques d'eau, une fleure fanée se noya.

Après l'ordre que Taekwoon lui avait donné, Wonsik ne réapparu pas durant ce qui lui paru une éternité et qu'en réalité n'était qu'une dizaine de jours. Le chaton l'avait blessé en s'insultant. Il se sentait comme brisé, ce rejet de vive-voix l'avait rendu vulnérable et cette faiblesse l'effrayait. Le petit être fragile l'avait apeuré. Ou plus tôt l'état dans lequel il l'avait mis ... Ce qui revenait au même.

Dans les rues d'un quartier peu fréquenté, ou plus tôt, plus fréquenté qu'on ne le dit, une délicate silhouette se déplaçait. Dans les draps noirs de la nuit, seule sa peau blafarde marquait sa présence. En harmonie avec le silence, ses pas, félinement imperceptibles, le guidaient vers une nuit de repos. Inconsciemment, il guettait les rues moins sombres que sa vision à la recherche d'un bruit de pas nonchalants et d'une odeur qu'il ne connaissait que trop.

Cela faisait une dizaine de jours que Taekwoon se questionnait sur le pourquoi de l'absence de Wonsik. Est-ce qu'il lui a obéit ? A-t-il été voir ailleurs ? Est-il en train d'harceler une autre personne ? Se fait-il rejeter ? Un tas de questions qui ne ramenaient qu'une seule réponse : il lui en voulait de ne plus poursuivre. Mais cette dernière chose, Taekwoon n'en était pas encore conscient. Seul son inconscient savait qu'en vérité, il aimait sentir que quelqu'un, que Wonsik, tienne à lui. Seul son subconscient ressentait la souffrance de cet abandon.

Son déhanché, ce soir-là, était un peu moins élégant que d'habitude. En effet, son dernier client n'avait pas été tendre, pour cause, Taekwoon s'était endormi. Sa fatigue lui venait de nuits sans sommeil, ou presque ... Toujours, vers les deux heures du matin, il se réveillait d'un cauchemar, dont il ne gardait aucun souvenir. Après s'être endormi trois heures plus tôt à peine à cause de pensées impertinentes. Il entra et Soyou l'accueilli ...

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