Les nerfs en pelote

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J'ai toujours songé que le hasard faisait généralement bien les choses. Oui, même quand tout semble aller de travers, je me dis que ce n'est pas sans raison, et qu'on réalise tôt ou tard que c'était un mal pour un bien. J'aime à penser qu'on ressort grandi de la majorité des épreuves qu'on rencontre en chemin.

J'en suis là dans mes réflexions lorsque Louisane rentre à l'appart avec Clémentine, une de ses collègues de boulot, tandis que Woofgang ronfle paisiblement à côté de moi. Ce chien mène vraiment une vie de dingue.

— Romy ! C'est fou comme tu as l'air épanouie, ma belle.

— Ce doit être les douze kilos que j'ai pris qui me donnent bonne mine, je rétorque, ignorant le regard réprobateur de Lou.

J'ai quand même le droit de ne pas apprécier cette fille et d'en avoir ma claque qu'on me dise que « je rayonne », quand j'ai l'impression d'avoir autant d'énergie qu'un paresseux sous sédatifs ! C'est ce que je rétorque à mon amie qui a trouvé un prétexte pour me glisser deux-trois mots en privé, dans la cuisine.

— Clem traverse une passe difficile, essaie d'être sympa avec elle, me demande-t-elle gentiment.

Je lève les yeux au ciel, mais je promets de faire mon possible pour avoir l'air agréable auprès de sa collègue. Au fond, cette dernière est plutôt gentille (dans son genre), mais son côté maniéré et sa voix stridente me tapent sur les nerfs.

— Alors, pour quand est prévue la naissance de ce petit bout de chou ? me demande Clémentine d'un ton enjoué, et avec un sourire si forcé que cela en est presque flippant.

— Août. Normalement.

— Tu dois avoir tellement hâte, ma pauvre. Je crois que je détesterais être enceinte et avoir la sensation que mon corps ne m'appartient plus. Même si, je me répète, la grossesse te va bien.

Tandis que je reste silencieuse et prends sur moi pour garder mon calme, elle ajoute :

— En plus, étant donné ta situation, ça ne doit pas être évident à gérer. J'ai appris par ma sœur, qui travaille avec Joshua, que lui et toi étiez séparés. Figure-toi qu'il ne lui a même pas parlé du bébé ! Il est pourtant bien de lui, n'est-ce pas ?

Cette fois, c'est trop ! Je quitte la pièce sans même prendre la peine de dire un mot, tandis que Lou, qui paraît sincèrement désolée, m'adresse un signe d'excuse. J'entends l'autre greluche lui dire de ne pas s'inquiéter, que ma susceptibilité doit avoir une cause hormonale. J'ignore ce que ma meilleure amie lui rétorque, car j'enfonce un casque audio sur ma tête et lance ma playlist relaxation. J'en ai grand besoin !

***

Je ne réapparais pas dans le salon avant d'être sûre et certaine que Clémenchiante soit partie. En me voyant, Louisane se fond aussitôt en excuses, puis j'ignore si c'est nerveux ou si l'on a vraiment des soucis psychologiques, mais un seul regard échangé et nous partons dans un fou rire qui me permet de décompresser. J'ai l'impression que Clem a mis les nerfs de tout le monde à rude épreuve !

— Je crois que je vais bannir cette fille de mon cercle, déclare Lou. Sérieux, j'ai dû l'écouter parler de ses états d'âme pendant deux heures.

— Pourquoi l'avoir invitée ?

Je suis assez étonnée, Louisane n'est pas du genre à subir la présence de quelqu'un. Si une personne l'agace, elle ne prend généralement pas de pincette pour lui demander de partir illico presto.

— Elle m'a fait de la peine ! Cette nana vit seule, elle n'a pas d'amis, pas de chien, et son mec vient de la quitter pour aller vivre avec l'une de ses sœurs.

Je grimace, il semblerait que dans la catégorie vie de merde, Clémentine soit en passe de me battre à plate couture.

— Ton bon cœur te perdra. T'as pas assez de moi comme boulet ?

J'ai dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais ma meilleure amie ne tarde pas à réagir :

— Je t'interdis de dire ça ! Marc et moi, on est ravis de t'avoir auprès de nous. Notre chambre d'amis sert enfin, ça évite que la pièce prenne la poussière, ajoute-t-elle pour me taquiner.

Aussitôt après avoir dit cela, elle me donne l'accolade.

Nous sommes interrompues par la sonnerie de mon téléphone portable.

Je me demande qui peut vouloir essayer de me joindre à cette heure-ci ?

ImprédictibleWhere stories live. Discover now