Chapitre 4

3.1K 398 161
                                    

Parée de la même robe rouge aux motifs dorés qu'elle avait portée lors de sa première soirée au manoir d'Elisabeth, Scyllia regardait les rues défiler à travers la vitre du carrosse. À ses côtés, Lise et Alex attendaient sagement l'arrivée au palais du roi tandis que le duc et la duchesse, en face d'elle, parlaient des diverses familles qui seraient présentes à l'événement.

Les noms qu'ils donnaient ne disaient absolument rien à la fillette qui se demandait de plus en plus à quoi ces festivités allaient ressembler. Voulant découvrir par elle-même ce qui allait s'y passer, la prétendante reporta une fois de plus son attention vers l'extérieur.

La ville était en effervescence. Des banderoles étaient accrochées aux balcons, des scènes montées sur les places et des grandes tablées installées un peu partout. Le carrosse s'arrêta un instant alors que des gardes s'approchaient du cocher. Ces derniers demandèrent un laisser-passer pour continuer que l'homme s'empressa de donner. Après avoir constaté que tout était en ordre, les gardes firent un pas de côté et les invitèrent à continuer leur route.

— Les abords du palais ont été bouclés pour l'occasion, répondit Elisabeth à la question silencieuse de Scyllia. Seuls ceux autorisés ont le droit de circuler. Nous serons bientôt arrivés.

Si les rues étaient vides de toute trace de charrette, elles n'en demeuraient pas moins animées, bien au contraire. Plus ils avançaient, plus elle voyait les citoyens se masser dans l'espoir d'apercevoir leur souverain.

La voiture parcourut les derniers mètres et s'arrêta juste devant les escaliers de l'entrée principale. Sans attendre, le cocher descendit et ouvrit la porte de l'habitacle. Le duc sortit en premier, suivi de près par son fils, et tendit sa main à sa femme pour l'aider à descendre. De la même manière, il prêta main forte à sa fille puis à Scyllia.

La famille de noble gravit les escaliers et, à nouveau, se firent arrêter par des gardes qui demandèrent leur invitation. Le mari d'Elisabeth remit un parchemin qu'il cachait dans sa veste et entra, avec l'accord des soldats, à l'intérieur du palais.

Scyllia pénétra dans la salle du trône qui avait été transformé en salle de banquet pour l'occasion. Déjà plus d'une centaine de personnes étaient présentes et les invités continuaient d'affluer. Les murs, tables et colonnes étaient richement décorés de fleurs et de sortilèges d'illusion, mais le plus étonnant restait la diversité que l'on pouvait retrouver au sein des invités. Si certains arboraient des tenues aussi travaillées que celle de la duchesse et semblaient à l'aise, d'autres étaient habillés plus modestement et hésitaient à aller vers les autres.

On va bien s'amuser, je suis sûr que ses paysans sont là pour que les nobles se moquent d'eux, s'esclaffa Shed.

Totalement absurde ! Ça n'était pas le genre du roi de se moquer de son peuple ainsi. Pourtant, le démon avait semé le doute chez son hôte qui, pour se rassurer, demanda d'une manière détournée ce que ces personnes faisaient là au duc.

— C'est une idée du roi. Chaque année, il invite autant de nobles que de personnes plus modestes et fait disparaître, le temps d'une soirée, les inégalités entre eux. C'est aussi un moyen pour lui de les rencontrer en face à face et d'être à leur écoute sans que toute la cour n'assiste à leur demande comme c'est le cas lors des séances de doléance.

Mince, mon idée était pourtant plus drôle.

— Mais pourquoi est-ce qu'ils restent entre eux ? J'ai l'impression qu'ils sont mal à l'aise.

— Ils sont impressionnés, ça se comprend. C'est pour cela que le roi demande aux gens de sa cour de faire le premier pas et d'aller vers eux. D'aller leur parler d'égal à égal sans se soucier du rang de chacun.

Scyllia tome 3: EliarWhere stories live. Discover now