Chapitre 7

3.4K 382 155
                                    

Arpentant de nouveau les couloirs, Scyllia suivait le père Grégoire, silencieux depuis son entretien avec Shed. Le prêtre emmena la prétendante au rez-de-chaussée, là où se trouvaient les pèlerins. Il ne s'arrêta cependant pas dans la grande salle de prière bondée, mais continua jusqu'à une pièce plus modeste.

À l'intérieur, un grand nombre de statues, bien moins imposantes que celles qui décoraient la nef et le cœur de la cathédrale étaient disposées de façon à ce que chacune d'entre elles soient bien visibles et accessibles à tous. Certaines personnes étaient à genoux, les mains jointes devant les représentations des dieux et marmonnaient leurs prières, les yeux clos.

Pourquoi faire tout ce voyage si c'est pour fermer les yeux devant ce que l'on veut voir, remarqua Shed. Ils pourraient très bien prier devant un tas de fumier, pour eux, ça ne changerait rien.

Même si elle n'avait que très peu de connaissance sur la religion, Scyllia ne pouvait qu'être en désaccord avec le démon. Certes, ils ne voyaient pas les statues, mais ils pouvaient très bien ressentir leur présence, avoir cette impression qu'ils les regardaient et veillaient sur eux.

— Tu dois sans doute déjà tous les connaître, supposa le père Grégoire.

— En fait, ils me disent tous quelque chose parce que je les ai entraperçus, mais je ne connais pas le nom de la plupart d'entre eux.

— Tes parents ne t'emmenaient pas à la messe ? s'étonna le prêtre.

— Seulement lors de grands événements. Ils me disaient qu'il y avait plusieurs manières de rendre hommage aux dieux et que la leur était de répandre le bien autour d'eux. Mon père rajoutait que s'il y allait, il manquerait peut-être une personne souffrante qui frapperait à sa porte.

— Bon, et bien faisons un premier tour d'horizon. À ton avis, qui est cette déesse ? demanda-t-il en pointant une statue.

La silhouette fine, le visage parfait et les longs cheveux qui tombaient jusqu'en bas de son dos ne laissaient aucun doute sur quelle déesse était représentée ici.

— Sina, répondit la prétendante.

— Bonne réponse. D'un autre côté, c'était une question facile pour la prétendante à l'incarnation de la vie.

À l'évocation de son titre, quelques pèlerins se retournèrent vers elle et la dévisagèrent avec de grands yeux étonnés. Même si cette réaction n'était rien comparée au mouvement de foule qu'avait créé Enzo à l'extérieur de la cathédrale, Scyllia n'aimait pas être le centre de l'attention ainsi. Elle préféra donc focaliser son attention sur la statue de la déesse de la vie. Quelque chose l'intriguait. Elle était bien trop ressemblante, bien trop parfaite.

— Un problème ? remarqua le père Grégoire.

— C'est étrange. On dirait que la personne qui a fait cette statue a vraiment rencontré Sina.

— C'est fort possible. Il n'est pas rare que les dieux apparaissent devant leurs fidèles. Bon, il y a beaucoup à dire sur cette déesse, nous y reviendrons plus tard. Peux-tu me dire qui se trouve à côté d'elle ?

Une nouvelle fois, Scyllia ne pouvait que reconnaître ce visage.

— Ouros, grinça-t-elle entre ses dents.

Le prêtre parut surpris par l'animosité qu'elle dégageait envers ce dieu-ci.

— Tu sais, ça n'est pas parce qu'il est le dieu de la mort qu'il est l'ennemi de la déesse de la vie. Sans vie, pas de mort, mais sans mort, aucune vie n'est possible sur ce monde. Tout n'est qu'un cycle qui se renouvelle perpétuellement.

Scyllia tome 3: EliarWhere stories live. Discover now