Chapitre 5

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Angleterre, présent

Un silence de plomb s'abattait sur nous. La tension irradiait le corps de Nathaniel, je pouvais presque la toucher. Il était raide comme un piquet, livide et regardait la rue où le géant tatoué avait tourné quelques secondes plus tôt. 

J'esquissais un mouvement vers Nate, dans l'espoir de le ramener à la réalité. Je n'ai pas eu le temps de lui effleurer le bras que ma main retombait immédiatement. Nate venait de s'élancer après le géant. Je restait là pantelante et soufflée. Je savais que rien de bon n'allait sortir de cette course poursuite. Alors je m'élançais à mon tour.

Je n'avais pas la même endurance que Nate, et même s'il n'était pas très sportif dans le passé, ic, il avait développé une addiction à la salle de sport et faisait du cardio tous les jours. Préférant le regarder entretenir sa musculature parfaite en mangeant des sucreries, je me faisais la promesse de m'entrainer dès demain. Si cela devenait une habitude, il valait mieux que je sois préparée. 

Alors que je m'arrêtais complètement essoufflée et au bord de l'évanouissement, je vis Nathaniel revenir lentement vers moi. 

- Je ne l'ai pas rattrapé, il m'a semé près de Carnaby Street, il y avait trop de monde, je l'ai perdu dans la foule dit-il.

Il était rouge de sa course et reprenait difficilement son souffle. Il était inquiet. 

- Viens rentrons à la maison, lui soufflais-je en lui prenant la main, nous devons comprendre qui est cet homme et pourquoi il avait un portrait d'Elisabeth. 

Il me suivit à contre-coeur et ne dit pas un mot de tout le trajet. 

Granny était assise dans le hamac du jardin et lisait paisiblement quand nous sommes rentrés. Elle avait toujours eu une empathie acérée et savait quand quelque chose n'allait pas. Nathaniel n'allait toujours pas mieux et je lui conseillais d'aller se doucher pour évacuer la tension. Il ne se fit pas prier et monta à la salle de bain après avoir salué Granny.

- Maddie, que se passe-t-il ? me demanda-t-elle visiblement inquiète.

- Granny quelque chose de très étrange est arrivé aujourd'hui, nous avons vu un homme avec un portrait d'Elisabeth dans la rue.

- Elisabeth? fit-elle surprise, la soeur de Nathaniel ? 

- Oui, il était dissimulé sous un tissu avec un renard rouge brodé lui indiquais-je

- Un renard rouge? Je crois que j'ai entendu ça quelque part récemment. 

Je lui lançais un regard intriguée et voulu lui en demander plus quand elle leva sa main vers moi en signe de silence. Elle ferma les yeux et se concentra. 

- Tu connais Madame Poppy, la fleuriste du marché? me questionna-t-elle en rouvrant les yeux.

Je fis oui de la tête en signe d'approbation et attendit où elle voulait en venir. 

- L'autre jour, elle m'a dit qu'un nouveau vendeur venait d'arriver. Du genre inquiétant qui ne se préoccupe pas trop des lois, si tu vois ce que je veux dire. Elle n'en revenait pas que les organisateurs lui ai laissé le droit d'installer sa roulotte pleine de, je cite, "vieilles babioles remplies de poussières". Il aurait une attitude étrange et mettrait tout le monde mal-à-l'aise, se pourrait-il que ce soit lui? 

- Je ne sais pas Granny, pourquoi aurait-il le tableau d'Elisabeth? réfléchissais-je.

- Si c'est un brocanteur il est tout à fait possible qu'il puisse l'avoir en sa possession. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il s'est enfui quand il a vu Nathaniel. Il devrait être sur le marché demain, nous allons y fair un tour et tirer les choses au clair me répondit-elle d'un air déterminé. 

Je la remerciais et monta dans la chambre. J'avais ressentit une drôle de sensation lorsque le géant m'avait heurté. Une sensation de froid, de vide et de solitude. Mes réflexions s'éteignirent au moment où je poussais la porte. 

Nathaniel se tenait debout devant la fenêtre, torse nu, à regarder le paysage. Même si je pouvais passer ma vie à le regarder, surtout aussi peu vêtu, je décidais de rentrer et de l'entourer de mes bras. Après un instant de flottement, Nate se ressaisit et me rendit mon étreinte. 

- J'ai parlé avec Granny, nous allons avoir plus d'informations demain lui dis-je doucement.

Je lui informais des paroles de Granny pour essayer de le rassurer. Je vis la tension redescendre un peu mais elle ne disparue pas complètement. Il posa sa tête dans mon cou et reste un moment dans cette position. Je lui passais la main doucement dans les cheveux quand il se releva et plongea ses yeux profondément dans les miens. 

- Maddie, je ne sais pas ce qu'il va se passer mais j'ai un mauvais pressentiment m'avoua-t-il. 

C'était une appréhension partagé. Bien que je ne soit pas très courageuse de nature, l'idée qu'Elisabeth puisse être en danger me fit l'effet d'un électrochoc. 

- Quoi que ce soit, qui que soit cet homme, nous allons y faire face ensemble lui assurais-je en soutenant son regard.

Il me fit son sourire en coin, celui qui me faisait défaillir à tous les coups. Il se pencha pour m'embrasser et je me laissais aller à ce doux sentiment. Ses baisers se firent plus pressants, comme si toute la tension accumulée aujourd'hui devait être évacuée. 

Il me conduisit sur le lit et embrassa chaque parcelle de mon corps jusqu'à épuisement. Je finis par m'endormir dans ses bras, un sourire aux lèvres. Ma nuit fut remplie de cauchemars et de géants tatoués, et au fil de la nuit l'inquiétude que je ressentais pour Elisabeth et vis à vis de cet homme ne fit qu'accroître. Je voulais la protéger, nous protéger, et je ne pu que me rendre à l'évidence. 

Une chasse à l'homme venait de commencer. 

Le Marchand d'Art - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant