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"Plus on tente de sortir et plus on s'essouffle, plus on manque d'air "~ Maryline Desbiolles.

-Souvent, dans les différentes histoires que j'ai lu, les auteur raconte le calvaire que les victimes vivent avec leurs kidnappeur mais jamais ce qui se passe après. On n'explique pas la douleur que ressentent les personnes qui ont été retrouvées. On ne nous dit pas si elles survivent à l'après ni ce qu'elle traverse. Nous ne savons rien. Moi je sais. Je sais ce que nous vivons après. 

-Est qu'est ce que vous vivez après? Me demanda Clarisse en se penchant sur son bureau.

-Le vide. Qu'il soit intérieur ou extérieur le vide est quelque chose de douloureux. Ce truc vous fait faire les pires choses du monde. Après tout, si on ne ressent rien, pourquoi se priver de le faire? 

-Comme quoi? Me demanda-t-elle.

-Grâce ou à cause du manque de sentiment, on peut faire n'importe quoi, comme courir près du bord du haut d'un immeuble de trente étages, on peut aussi faire une sorte "d'auto-concours" pour savoir jusqu'à quel moment on peut rester sous l'eau avant que de l'eau n'entre dans votre bouche, ou voir combien de trait on peur faire sur notre bras avant d'avoir la tête qui tourne et les mains qui tremble,... On fait ça par ce qu'on cherche à ressentir quelque chose. Que ce soit de la peur, de la colère, de la tristesse ou de la douleur. 

-Mais il y a d'autres choses que l'ont peut ressentir non? 

Je haussai les épaules. 

-Pas quand on est au fond du trou et que même si vous êtes dans votre lit, vous avez l'impression de vous noyez et de ne pas savoir remonter alors que vous vous débattez comme un fou pour retrouver la surface. Parfois, ça ne marche par et à force de se débattre, on tombe encore plus profondément. 

-C'est ce qui t'es arrivé, à toi? 

J'étais assise en face de ma psy, une jambe repliée sur le fauteuil, mes bras l'entourant, le regard dans le vide.

-Non, moi je n'ai pas eu le temps de couler lentement. On m'a attaché les mains derrière le dos et liés les pieds à un énorme poids qui m'a forcé à me noyer. Même quand je me débattais, je coulais, alors j'ai finis par abandonner la partie. 

-C'est ça que tu as ressenti après ton retour? 

-C'est ce qu'on ne raconte pas dans les livres. Les héros sont retrouvés, le méchant est arrêté ou tué, on parle pendant quelques pages de la détresse du personnage principale et ensuite, le livre s'arrête. On ne raconte jamais le "Sad End". Oh oui, parfois il y en a, il y a quelque fois des exception, mais la plupart des livres ont leurs "Happy End". 

-Et tu crois que tu auras un "Sad End" toi aussi? 

Je haussai une nouvelle fois les épaules. 

-Peut-être. Qui sait. L'avenir est incertain. 

-Et tu ne crois pas que c'est toi qui décide de ce que tu peux faire de ton avenir? 

-Si. Mais quand la force n'y est pas, rien de bon ne peut arriver. 

Ma psychologue me regarda sans dire un mot tandis que mes images de ma première tentative de suicide passaient devant mes yeux, tel un film silencieux. 

- Tu as lu la lettre? Me demanda-t-elle soudain. 

Je hochai lentement la tête. 

-Oui, murmurai-je. 

-Qu'as-tu ressenti? 

-C'était comme si... je recommençai à me noyer. L'eau entrait à nouveaux dans mes poumons, m'empêchant de respirer, continuai-je sur le même ton. 

Sous Le Sceau Du SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant