Sous Le Sceau Du Secret

25

"Ceux qui croient tout savoir exaspèrent ceux qui, comme nous, savent tout" ~inconnu.

-C'est marrant comme les gens aiment conseiller les autres pour qu'ils remontent la pente alors qu'ils n'ont jamais été dans l'état de la personne blessée, fis-je à ma psy, comme si maintenant, tu te mettais à m'expliquer un cours de math alors que nous savons très bien toutes les deux que tu n'es absolument pas douée là dedans.Eh bien, ces personnes font pareil. Elles te disent "fait ci, non pas comme ça, fait ça, oui voilà c'est bien, tu verras ça va aller mieux!". 

-Comme les psychologue? Me demanda Clarisse.

-Ils en font partit mais c'est surtout les autres gens, ils viennent te voir et pour te donner des conseils alors que pour la plupart, leurs plus gros soucis c'est de ne pas savoir ce qu'ils vont mettre le lendemain. 

-Comment ça? 

-Tu vas bien? Mais enfin pourquoi tu pleures? C'est par ce que tu t'es fait violer? Mais enfin, ce n'est pas très grave, tout est surmontable ma belle, tu peux et tu vas réussir à remonter la pente. Mange, souris, garde la tête haute tout va être plus facile, ris, va faire la fête ça te détendra, mais si enfin, c'est facile de s'amuser fait comme moi, moi aussi j'ai du remonter la pente après une énorme dispute avec mes parents et regarde moi comme je suis heureuse maintenant, si j'ai su y arriver tu peux le faire aussi! 

Un instant de silence se fit entendre tandis que je reprenais ma respiration. 

-Tout le monde croit tout savoir sur tout le monde, c'est l'une des choses que je déteste le plus dans ce foutu monde de merde, tu te rends compte? Quand je suis retournée chez Agnès et Paul, tout le monde pensait savoir ce que j'avais vécue, tout le monde "comprenait", tout le monde savait comme faire en sorte que j'aille mieux. C'est juste horrible. 

Cela faisait une semaine que Lucie avait tout découvert, nous n'avions jamais été aussi proche et ça me faisait énormément plaisir et de bien. Elle m'aidait toujours à aller mieux, à faire en sorte que je puisse à nouveau toucher les gens, j'étais maintenant au stade du "elle me touche tout le bras". Nous avancions doucement mais surement. Personne d'autre n'était au courant de ce que nous faisions et j'espérais que cela reste comme ça jusqu'à ce que j'aille complètement mieux. Lucie n'avais plus tentée de toucher mon visage, cet espace restait encore privée le temps que je sois prête. 

-Certains ne comprennent pas mais veulent aider quand même, me reprit ma psy. 

-Oui, mais je n'aime pas non plus, lui dis-je. Je n'aime pas quand les gens me disent quoi faire alors qu'ils n'y comprennent rien. 

Elle laissa place à un petit silence avant de reprendre la parole:

-Eh bien, je suis contente de tout ce qu'on s'est dit aujourd'hui Axelle, me dit Clarisse. 

Je me levai en lui faisant un petit sourire et m'apprêtai à partir, seulement, je me souvins que je devais encore lui demander quelque chose. 

-Clarisse, je voulais savoir quelque chose, lui dis-je. 

-Quoi donc chérie? Me demanda-t-elle. 

-J'aimerai aller voir Agnès et Paul, soufflai-je d'une traite. 

Ma psy enleva ses lunettes de lecture et me regarda un instant. 

-Je ne sais pas si... 

-S'il te plaît, j'ai besoin d'aller les voir pour... discuter, la coupai-je. 

Elle parut hésiter un instant. 

-Je vais en parler à Vanessa mais je ne te promets rien, je ne pense pas que ce soit le bon moment, souffla-t-elle. 

Je fis un sourire rapide. 

-Merci, vraiment, lui dis-je avant de sortir du bureau.

Je me dirigeai jusqu'à ma chambre et me couchai dans mon lit, mes écouteurs sur mes oreilles. 

Il y a moins de trois mois, j'avais mon casque vissé à mon crâne en permanence mais depuis que Teddy et Lucie étaient entrés dans ma vie, je passais de moins en moins de temps toute seule, j'étais soit avec l'un à notre "repère", soit avec l'autre à me "soigner", ça me plaisait assez même si j'aimais quand même passer des moments seule parfois, ça me faisait du bien et m'aidait à me recentrer. Et puis, parfois être seule et réfléchir pouvait être bénéfique. Pour tout le monde.

Je pris un cahier et un bic et commençait à écrire:

"Katlynn, 

Wouah, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit ton prénom. Et dire qu'avant je l'écrivais au moins une fois par jour... 

Je ne sais pas même pourquoi je t'écris cette lettre à vrai dire, je crois que c'est par ce que tu mérite des explications toi aussi. 

Tu as sûrement refait ta vie maintenant, je veux dire, tu t'es sûrement fait une nouvelle meilleure amie, une personne avec qui tu partages tout et avec qui tu t'entends merveilleusement bien et c'est tant mieux. 

Je me souviens encore de notre dernière rencontre... J'étais déconnectée du monde, je ne voyais pas vraiment ce qui m'entourait. Je venais juste de sortir de l'hôpital, des gens m'avaient ensevelie sous une tonne de questions, je revenais à peine dans le monde réel,... J'essayais de m'envoler dans mon monde. Quand tu es venue, tu m'as dit que tu n'avais jamais abandonnée, que tu n'avais jamais osée croire que j'était morte, je t'admire tellement d'avoir cru ça pendant plus de 4 mois. Je crois que si la situation avait été inversée et que tu avais disparue durant le même laps de temps, j'aurais perdue espoir depuis longtemps. 

Quand tu es parties après m'avoir engueulée, je me suis levée et j'ai été dans ma chambre. Je savais que j'avais perdue une personne vraiment importante pour moi et franchement, je ne l'ai pas vraiment supportée. Ma chambre en a fait les frais. J'ai tout mis sans dessus dessous. J'ai brisée mon miroir et j'ai ramassée un morceau de verre avant de me taillader les veines mais je ne suis pas morte. 

J'ai été internée quelques temps et je te passes les détails suivants. 

Maintenant, je suis dans un orphelinat à plus d'une heure de route de chez Agnès et Paul, je me soigne et je guéris, cette lettre en est la preuve. 

Katlynn, tu étais ma meilleure amie, on s'est perdue de vue mais j'espère que ce morceau de papier où est couchée le tiers de mon explication sera le début de nos retrouvailles par ce que tu me manques depuis l'instant où tu as quittée la maison d'Agnès et Paul. 

Axelle"

Je lus et relus la lettre afin d'être sûre de ce que j'avais mis et la glissai dans une enveloppe. J'y notai l'adresse de Katlynn et y collai un timbre. J'allais sortir de ma chambre pour aller la poster quand la porte s'ouvrit. 

-Carly! M'exclamai-je. 

Carly était l'agent de police qui m'avait retrouvée dans le placard. Nous avions gardée contacte depuis même si nous ne nous étions pas vu depuis longtemps. Sa visite me fit donc vraiment plaisir.

-Axelle, t'as l'air en forme! Me dit-elle en souriant. 

Ses cheveux bruns étaient pour une fois lâchée et descendais jusqu'au bas de son dos en de belles boucles. Elle était vêtue d'une robe ample et de baskets. 

Mes yeux restèrent bloqué sur son ventre. 

-Wouah, le bébé va bientôt sortir, lui dis-je en souriant. 

Elle hocha la tête avant de s'asseoir sur mon lit. 

-Ouai, il est prévu pour dans deux semaines normalement, me dit-elle. 

-Où étais-tu? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu, lui demandai-je.

-J'étais en mission de couverture jusqu'à il y a deux semaines et après j'ai été malade donc je n'ai pas eu l'occasion de passer, m'expliqua-t-elle. 

-Et pourquoi tu t'es déplacée jusqu'ici alors que tu vis à plus d'une heure de route et que ton ventre est prêt à exploser? Demandai-je en m'appuyant au bureau. 

-J'ai une proposition à te faire, me dit-elle énigmatique.