1. Toi pour moi

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Un cri strident résonna dans toute la maison.

Ce cri, c'était le sien. C'était celui de Tiphaine. Les yeux rivés sur son reflet dans le miroir, elle fixait ces abominations avec une haine non feinte. Deux énormes boutons d'acné s'étaient formés dans la nuit, sur son visage, son beau et doux visage qu'elle entretenait depuis trois semaines pour ce jour si important.

Les larmes aux yeux, elle hurla de rage, alertant sa mère qui accourut à sa porte. Mais à peine se fut-elle présentée que la femme se prit la porte dans la figure. Et là, Tiphaine jura, grogna, hurla sa malchance en maudissant son corps de, sans cesse, lui jouer des tours.

Trois semaines qu'elle faisait attention à ce qu'elle mangeait.

Trois semaines qu'elle appliquait, chaque soir, une crème hydratante pour faire briller sa peau.

Trois foutues semaines qu'elle prévoyait d'être parfaite pour ce rendez-vous.

Son cœur était rempli d'un sentiment bien plus qu'amer, rendant poreux les parois de son myocarde et libérant cette toxine exécrable qui agissait sur son humeur.

Tiphaine poussa brusquement la porte de sa chambre pour faire la même chose avec celle qui l'avoisinait. La pièce était encore plongée dans la pénombre malgré l'heure avancée de la matinée. Comme à son habitude, Timothée devait encore avoir joué toute la nuit à ses jeux et s'était couché bien trop tard dans la nuit, ou tôt dans la matinée.

— Momo ! grogna-t-elle en gémissant. J'en ai marre.

— Fous-moi la paix, marmonna faiblement l'adolescent en se retournant.

— J'ai passé trois semaines à me dire que je serai parfaite pour Adrien, se confia-t-elle en se serrant contre lui pour pleurer. J'ai même fait ce masque dégueu qui rend plus belle, tu sais ?

— C'est des conneries... articula-t-il à peine alors que sa voix se rendormait.

Ce n'était pas des conneries, ça, Tiphaine le savait. Son frère n'y connaissait rien. Les femmes les plus magnifiques utilisaient ces soins de beauté. Quand la jeune fille les voyait à la télévision, elles étaient si belles, si resplendissantes.

Elle avait fait attention à acheter la bonne marque, les bons soins. Ils étaient censés conserver un éclat incroyable et une douceur sans défaut.

Les hormones en avaient décidé autrement.

Tant d'argent et de temps gâchés, pour ça. Ce résultat. Minable. Deux énormes sommets roses et bien mûrs, quasiment prêts à être percés, s'étaient formés au coin de sa bouche, bien trop grands pour passer inaperçus.

Il était inconcevable qu'Adrien la voit ainsi. C'était la première sortie qu'elle avait prévu avec lui. Rien qu'eux deux. Elle avait mis bien trop de temps à l'inviter pour lui poser un lapin.

Mais comment pouvait-elle-même envisager de se montrer ainsi ?

Tiphaine serra son frère contre elle, essuyant les larmes sur son dos moite de sueur. Il était vraiment dégoûtant. L'odeur qu'il dégageait était si forte qu'elle se demandait bien à quel point il s'était fait peur sur un de ses jeux débiles.

Cette pensée lui arracha un sourire. L'adolescent était loin d'avoir les mêmes préoccupations qu'elle. Il était tellement plus simple, plus décontracté. Il se fichait pas mal de quelle allure il pouvait avoir. Même au lycée, on pouvait se demander s'il avait bien repassé ses vêtements avant de venir.

— Timothée, l'appela-t-elle doucement. Tu dors ?

— Si tu me foutais la paix, je pourrais, grogna-t-il en se retournant. Qu'est-ce que tu veux ? Si c'est pour pleurer, tu peux le faire seule.

Deux pour un (BxB)Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora