7. Rien qu'un mauvais rêve

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La révolution industrielle était de loin la plus ennuyante des périodes que Tiphaine ait eu à apprendre. Et ce professeur n'arrangeait rien à son intérêt.

Perdue dans ses pensées, elle griffonnait dans le coin d'une feuille. Timothée semblait en meilleure forme, mais ce n'était pas encore ça. Son visage était encore très pâle, livide. Il commençait à reprendre ses couleurs, bien plus que les jours qui avaient précédé son évanouissement.

A quel point avait-elle été aveugle ?

Elle soupira. Elle n'était pas certaine de vouloir se faire la morale. Son frère lui avait toujours assuré jouer très tard la nuit. Jamais elle n'aurait pu penser que cela était plus grave. La confiance qu'elle lui vouait était aveugle.

Plus maintenant. Du moins, elle s'interrogerait à deux reprises avant de croire aveuglément en les paroles de son frère.

La sonnerie la sortit de ses pensées. Elle rangea ses affaires en silence et suivit Manon qui gagnait déjà le couloir.

— Plus mortel, tu meurs ! se plaignit-elle en cherchant son paquet de cigarettes dans son sac. Il nous reste combien de temps à survivre.

— Deux mois, je crois... répondit la jeune fille évasive.

— Hey, ça va, toi ?

Tiphaine se tourna vers son amie dont les sourcils froncés marquaient l'inquiétude. Puis elle soupira. Elle n'avait pas envie d'en parler, pas maintenant. Elle voulait réfléchir avant d'agir, pour une fois.

Les deux amies se dirigèrent vers l'entrée du lycée pour permettre à l'adolescente de fumer tranquillement. Elles furent cependant interrompues par l'appel d'un garçon. Elles se retournèrent d'un même mouvement, faisant face à un Félix bien essoufflé.

— Vous avez pas vu Adrien, des fois ? demanda-t-il entre deux essoufflements. Je le trouve nulle part.

— Aucune idée, répondit Manon pour elles deux.

— Ok ! Tiphaine, je peux te parler ?

La concernée fronça les sourcils à son tour. Elle jeta un regard interrogateur à Manon qui haussait déjà les épaules et s'en allait rejoindre le groupe de fumeurs à l'extérieur. Elle regarda alors le jeune homme face à elle droit dans les yeux.

Félix pointa du pouce derrière lui, un sourire d'invitation figé sur ses lèvres. La jeune fille le suivit alors en silence. Elle n'avait jamais vraiment beaucoup parlé avec lui depuis qu'ils se connaissaient. Que lui voulait-il ? Si c'était à propos d'Adrien, elle craignait de ne pas pouvoir lui être bien utile. A vrai dire, le lycéen était bien loin de ses pensées à l'heure actuelle.

Il s'arrêta dans un coin reculé des casiers, privé de lumière directe. Tiphaine appuya son épaule sur l'un d'eux et continua de le dévisager impatiemment. S'il restait silencieux comme ça, elle allait s'en aller.

A bien de le regarder, Félix n'était pas si banal que ça. Sa fine barbe dessinait son menton de façon élégante et marquait son cou fin et musclé. Il n'était peut-être pas très grand mais ses larges épaules semblaient accueillantes. Il avait l'air de pouvoir accueillir n'importe quelle âme en peine.

— Je profite du fait qu'Adrien soit pas dans mes pattes pour te le demander... commença-t-il. Ça te dirait de sortir avec moi ?

— Quoi ?

Le mot était sorti sans qu'elle ne puisse l'empêcher. Elle écarquilla les yeux dès qu'elle s'en rendit compte, plaquant ses mains contre sa bouche. Elle s'excusa aussitôt, faisant rire son interlocuteur un peu dépité. Après un court silence, il s'excusa également et s'éloigna mais Tiphaine le retint par le bras. Ce n'était pas une façon correcte de faire les choses.

Deux pour un (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant