8. Je ne suis pas une fille

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— T'es vraiment sûre que tu veux y aller ? grommela Timothée en enfilant ses baskets sans motivation.

— Mais tu vas voir ! râla Tiphaine. Ça va être sympa, il y aura de la musique, de la bouffe, à boire, et tout le monde est sympa là-bas. Puis ils ont dit que c'était en petit comité.

L'adolescent n'était pas plus emballé que cela. Il n'aimait pas les fêtes. Il ne savait même pas pourquoi il avait accepté cette invitation. Toute la semaine, il s'était poussé à éviter de rencontrer Adrien pour ne pas que ce foutu rêve lui revienne en mémoire. Alors comment le gérer maintenant qu'il devait lui faire face pour de bon.

Timothée se frotta énergiquement le visage. C'est bon, t'es un mec, t'es pas gay. Ça va le faire. Il inspira profondément et s'empara de sa veste avant de suivre sa sœur.

Félix n'habitait pas très loin, à seulement quelques arrêts de métro de leur maison. En une dizaine de minutes, ils s'y trouvèrent. Il habitait une simple petite maison sur deux étages, comme on en trouvait de nombreuses aux alentours du centre de Toulouse. La façade claire n'avait rien à envier à leurs voisines, identiques. Un simple muret enduit et une barrière la séparait de la route.

Les jumeaux s'avancèrent dans la cours et toquèrent à la porte. On entendait les basses depuis l'extérieur, à moins que ce ne soit depuis la terrasse, de l'autre côté. Le frère et la sœur avancèrent sur le terrain pour rejoindre ladite terrasse. Là, un petit groupe de lycéen buvait, accompagné d'une musique d'ambiance qui se libérait autour d'eux. Lorsque l'hôte de la maison les aperçut – ou plutôt aperçut Tiphaine – un large sourire illumina ses traits. Timothée avait comme l'impression qu'une simple amitié n'était pas tout ce qui les liait. Sa sœur avait rougi.

Les salutations furent brèves. Typhaine alla poser leur sac de couchage à l'étage avec Félix pendant que l'adolescent restait en retrait.

Il avait déjà envie de rentrer.

— Salut ! lança une voix derrière lui en agitant la main à ses côtés.

J'ai comme une impression de déjà-vu.

Timothée se retourna et haussa timidement la main, sans un mot. Il évita soigneusement le regard de l'homme en fixant la magnifique haie dont l'entretien laissait encore à désirer – de multiples trous donnaient sur le muret sale du voisin. Adrien lui proposa alors un verre, qu'il accepta sans même vérifier le contenu. Il avala une gorgée avant de s'étouffer et de tousser.

— Bordel, y a quoi dans ce truc ? jura-t-il en sentant l'alcool brûler encore sa gorge.

— Rhum, commença à énumérer l'homme, jus de fruit, sucre, fruits, un punch quoi.

Qui avait idée de boire des trucs aussi imbuvables ?

Timothée grimaça, faisant rire son interlocuteur qui s'excusa et lui proposa un simple cola qu'il accepta. Décidément, il détestait ces fêtes débiles. Il voulait rentrer jouer, ou dormir.

Eh merde, j'ai oublié mon comprimé pour ce soir...

Tiphaine revint, les joues encore plus rouges que précédemment. Si ce Félix l'avait touché, il pouvait dire adieu à son beau visage d'homme.

Ses yeux s'arrêtèrent alors sur leurs mains entrelacées. Bordel, ils sortent ensemble...

C'était décidé. Dans deux heures, il s'en irait. Il n'avait aucune envie de s'éterniser ici.

Les basses qui résonnaient alourdissait son mal de crâne naissant et le poussèrent à s'isoler dans la maison, là où le calme était plus présent. En raison de la chaleur à l'extérieur, personne n'y était. Timothée s'installa alors sur le canapé et soupira. Trois nuits, sept heures de sommeil. Ses cauchemars étaient plus puissants que ses somnifères. Devait-il demander au médecin d'en prescrire de plus puissants ?

Deux pour un (BxB)Where stories live. Discover now