10. Les hommes

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Bon, tu respires, s'ordonna Timothée. Dès que ça sonne, tu fonces à la cantine. Tant pis pour Bastien et Thomas.

Timothée fixait sa montre avec anxiété. Il comptait chaque minute, chaque seconde comme s'il s'agissait de la dernière. Il n'avait aucune envie de croiser Adrien aujourd'hui, et encore moins avec cette tête. Il avait déjà suffisamment bourdé devant lui sans en rajouter.

La sonnerie retentit.

Timothée rangea aussitôt ses affaires dans son sac et sortit précipitamment de la salle, ignorant les protestations de son professeur derrière lui. Il dévala les escaliers à toute vitesse et s'apprêta à prendre le premier virage vers l'entrée de la cantine lorsqu'il aperçut Adrien et Félix discuter à son entrée. Paniqué, il prolongea le virage jusqu'à faire demi-tour et prit la direction des toilettes où il s'enferma.

Tu respires... et t'attends.

Son estomac s'exprima contre cette idée. Il soupira. Si même son corps se mettait contre lui, il n'allait pas s'en sortir.

L'adolescent sortit avec hésitation, vérifiant qu'aucun lycéen se trouvait dans la pièce humide. Personne. Qui des garçons allait aux toilettes au moment de manger, de toute façon.

Il rabattit sa capuche sur sa tête, enterra ses mains dans les poches de son sweat-shirt et s'aventura timidement dans les couloirs où, déjà, de nombreux lycéens circulaient. Les filles se pressaient pour rejoindre leurs toilettes tandis que quelques garçons discutaient en les attendant.

Deux pieds lui firent brusquement face, le forçant à interrompre son avancée. Il reconnaissait ces baskets. Leur couleur rouge lui était désagréablement familière. Il ne releva pas la tête, ne bougea pas. Son cœur était bien trop agité pour qu'il se donne ce courage.

— Ne m'ignore pas, s'il te plaît... pria Adrien. Je te force à rien, je veux juste qu'on mette ça au clair, autant pour toi que pour moi. S'il te plaît.

Mais moi, je veux pas, bordel.

Timothée leva lentement les yeux. Le visage de l'homme se détendit, chassant l'agacement pour marquer sa surprise. Adrien leva la main vers sa joue avant de la rabattre brusquement à la sangle de son sac à dos.

— Pardon, dit-il doucement en baissant les yeux. Réflexe.

— Pas grave...

Le silence s'imposa, les laissant chacun dans leurs pensées. Timothée était de plus en plus nerveux. S'il voulait parler, qu'il parle. Sinon, il devait le laisser tranquille.

Je ne veux pas l'embrasser, se convainquit-il rageusement, je ne veux pas.

— Je sais que ça doit faire bizarre venant de la part d'un mec... commença Adrien en jouant nerveusement avec la sangle de son sac. Même moi, ça me fait bizarre de te dire ça mais... je crois que je t'aime vraiment bien, si tu vois ce que je veux dire. Alors, je sais pas comment tu le ressens mais... je voulais savoir si c'était possible qu'il y ait quelque chose, entre toi et moi. Et pas en tant qu'amis.

Les joues de l'adolescent étaient si rouges qu'il lui était difficile de ne pas se cacher. Il ne répondit pas et s'engagea dans le hall, puis dans la zone des casiers, sans se presser. Il espérait que l'homme le suive, il n'avait ni le courage de lui faire face ici, ni celui de se montrer tel qu'il était maintenant aux autres.

Dès qu'il fut dans un coin suffisamment reculé, il se retourna. Le torse d'Adrien lui fit une nouvelle fois face. Comment tu peux être si masculin...

Deux pour un (BxB)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang