La malédiction d'Aphrodite

57 5 0
                                    

Traduction WP: A l'âge de 15 ans, tu as dit à ta petite amie dont tu étais amoureux que tu serais toujours là quand elle en aurait besoin. Aphrodite entendit ta demande et en fit une réalité, dès que ta petite amie avait besoin d'aide, tu apparaissais à ses côtés. Le problème est que vous avez rompu trois semaines après et qu'encore aujourd'hui, tu continues à apparaître... 10 ans plus tard.

Notre jeunesse commune aurait dû durer une éternité avais-je murmuré le jour de notre séparation. Tu t'étais alors retournée, cette moue nerveuse accrochée aux lèvres et les avais entrouvertes quelques instants avant de repartir sans plus de hurlements. Je ne t'avais jamais trouvée aussi jolie qu'à l'instant où tu avais lancé des piaillements sans queue ni tête. Ce ne fut qu'après de longues secondes de silence que j'avais compris que nous étions en train de rompre. Tes yeux couleur océan s'étaient voilés quand je t'avais parlé de mon cadeau, de mon don, qui allait bien vite se transformer en malédiction.

Une semaine auparavant, je t'avais ouvert mon cœur adolescent et, nos yeux entrelacés dans une tension amoureuse, je t'avais annoncé t'aimer au-delà du raisonnable, et je t'avais murmuré que je serai toujours à tes côtés, surtout quand tu aurais besoin de moi. "Dès que tu auras besoin de quelque chose, pouf! Accourra ton chevalier servant!" avais-je émis. Nous n'avions que quinze ans, mais j'étais sûr que tu étais celle dont parlent les romans à l'eau de rose, "la bonne", la fameuse. Ce que je ne savais pas, c'est que la tournure des événements allait devenir on ne peut plus étrange. A partir du lendemain, en un clin d'œil, je me retrouvais parfois transporté aux côtés de ma bien-aimée. Après le premier choc passé, nous nous en étions amusés, bien que j'apparaissais parfois dans des situations plus que délicates. Elle n'avait qu'à se concentrer sur moi et soudain, j'étais là. Mais la seule situation où j'apparaissais à tous les coups était quand elle avait besoin de quelqu'un. Alors, j'étais présent, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, je me sentais comme un super-héros. J'avais quelqu'un à protéger.

Notre idylle avait duré en tout et pour tout trois semaines. Nous avons ainsi rompu sous le préau, un mardi matin pluvieux entre l'heure de mathématiques et celle d'histoire. Je m'étais beaucoup questionné sur ce don qui m'était parvenu et quelle forme il allait adopter à présent. Mes interrogations furent bien vite effacées quand j'apparus derrière un arbre quelques heures plus tard, à seulement trois mètres de ma bien-aimée. Sa chevelure de jais masquait son visage et quand je m'approchai d'elle avec douceur, j'aperçus avec horreur son visage d'albâtre se tourner vers moi. Ses yeux étaient rougis, son petit nez agressé par de trop nombreux mouchoirs et sur ses joues coulaient impétueusement des flots que même Ulysse n'aurait pu combattre. Ses piaillements avaient repris tandis que je m'étais empêtré dans des explications difficiles concernant mon apparition. Elle avait fini par se calmer quelque peu et m'avait dit que si cela recommençait, je devais partir, simplement partir, ne pas me retourner. Cette malédiction qui nous poursuivait allait bien devoir s'arrêter n'est-ce pas?

Ainsi commença notre petit manège. J'apparaissais, signalais ma présence, subissais des piaillements nerveux et m'enfuyais aussi vite que j'étais arrivé. Peu à peu, les piaillements se transformèrent en calme plat, puis arrivèrent les soupirs. Et ainsi, chaque jour qui passait, je m'en voulais un peu plus d'avoir prononcé ces mots destructeurs. Notre routine s'installa, et ce, pendant plusieurs semaines. De semaines en mois, de mois en années, je finis par atteindre l'âge de vingt-cinq ans et ce fut avec horreur que je me rendis compte du temps qui avait passé: cela faisait dix ans, un anniversaire difficile à encaisser.

J'avais, depuis le collège, bien évolué. D'adolescent timide, je m'étais affirmé mais je continuais à avoir toujours une certaine tendance à me perdre dans la contemplation du ciel, à m'oublier pendant des heures lors d'une pause dans un parc. J'étais également très émotionnel, les pics de joie se transformaient en larmes en l'espace de quelques instants. Cependant, j'avais tout de même bien grandi et mûri. Une seule chose n'avait pas changé : je l'aimais toujours, d'un amour titanesque et fou.

𝑳𝒆𝒔 𝑰𝒏𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆𝒔Where stories live. Discover now