- Chapitre 8 : Roses de sang -

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« Il sait parfaitement qu'l'océan éteindra son cœur, mais pour lui chaque jour sur terre est synonyme de prison ferme. »

Gaku sortit de l'hôpital, mitigée par rapport à son entretien avec le médecin légiste qui ne lui avait pas apporté grand chose, si ce n'est que le meurtrier avait de forts troubles de la personnalité, ce qui paraissait déjà logique, étant un meurtrier. Elle marcha droit devant elle, dans une rue piétonne, en cherchant la première auberge des yeux. Le village pêcheur était accueillant, même de nuit. Les lampadaires renvoyaient une lumière orangée, douce, et quelques commerces restaient ouverts. Une odeur de poisson grillé parvint à ses narines, et elle se rendit compte qu'elle mourrait de faim. A côté d'une borne à incendie, un détail attira son regard. En se penchant, elle vit une petite fleur formée de sable, poussant à même le goudron. Elle fronça les sourcils et releva le nez, avant d'apercevoir que tout le long de la chaussée en était parcouru. Gaara. L'attention lui arracha un sourire. Il était capable de douceur après tout, derrière son expression taciturne.

Elle suivit les fleurs qui la menèrent, comme escompté, à une petite auberge dans laquelle elle s'empressa d'entrer. Gaara l'attendait dans l'entrée et elle s'empressa de lui raconter ce qu'elle avait appris à l'hôpital. Ils se séparèrent ensuite afin de se rendre dans leur chambre respective et reprendre leur mission le lendemain matin. La jeune fille en profita pour commander un copieux dîner et prendre une douche. La journée avait été éreintante. Ce matin encore elle comptait s'entrainer seule dans son laboratoire et en l'espace d'une journée, elle s'était vu attribuer un nouvel instructeur et une mission au Pays de la Mer. Elle soupira en se glissant sous ses draps, heureuse de la tournure que prenait sa vie.

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« Debout ! »

Elle se réveilla en sursaut et vit une ombre se tenant dans l'encadrure de la porte. En plissant les yeux, elle vit se dessiner la silhouette de Gaara.

« Qu'est ce que ... On n'entre pas dans la chambre des gens comme ça ... Encore moins au milieu de la nuit, Gaara.

-       On va s'entraîner. »

Il tourna les talons, la laissant dans le noir, les sourcils haussés, ne sachant pas si ce qu'elle venait de voir était réel ou si elle avait rêvé. Elle s'extirpa du matelas chaud tant bien que mal et se rhabilla en nouant le bandeau de Suna sur son front. En sortant de l'auberge, son regard croisa l'horloge accrochée dans l'accueil. 4h30 du matin. Elle soupira d'exaspération et rejoint le jeune homme dehors.

« Tu sais, ce n'est pas parce que tu ne dors pas, que personne ne dort.

-       Ce n'est pas parce que nous sommes en mission que l'on doit arrêter l'entraînement. Sinon tu resteras faible toute ta vie. »

Il n'avait pas mâché ses mots, et Gaku regrettait ses pensées à propos de la potentielle douceur dont il était capable de faire preuve. Il l'emmena au milieu des bois.

« C'est bien, en plus, ce n'est pas comme s'il n'y avait pas un dangereux psychopathe tueur de jeunes femmes dans les environs.

-       Raison de plus. »

Elle pinça les lèvres, essayant de déterminer s'il avait perçu l'ironie dans sa voix. Il s'arrêta net.

« Ton affinité principale de chakra, c'est bien Futon ?

-       Oui.

-       Bien. Alors j'ai deux techniques qui pourrait te convenir. La première, c'est la Grande Percée. »

Gaku observa les mouvements de main de Gaara, qu'il ralentissait volontairement pour qu'elle puisse suivre les mudrâs. Tigre. Buffle. Chien. Lapin. Lièvre. Le jeune homme souffla sur ses mains et une grande bourrasque se leva, faisant plier les branches et craquer les troncs autour d'eux. Quand le vent retomba, il se tourna vers elle pour lui livrer des explications.

« Il faut que tu captes l'air tout autour de toi, sens chaque particule et fais-les fusionner avec ton chakra que tu concentreras à la surface de ta peau. Tout est dans la visualisation. Il faut ne faire plus qu'un avec l'environnement si tu veux créer du vent. »

Gaku ancra ses deux pieds au sol et ferma les yeux pour se concentrer. Elle prit une grande inspiration, sentant l'oxygène emplir ses poumons, et exécuta les cinq mudrâs. Elle visualisa l'air se mettre en mouvement autour d'elle.

« Futon – La Grande Percée ! »

Un vent léger souleva les cheveux de Gaku dont les pointes frôlèrent les joues. Elle vit des feuilles mortes au sol se soulever et quelques branches pliait sous la brise. Gaara sourit.

« On est plutôt sur une Petite Percée, mais ce n'est pas mal. J'ai mis deux semaines entières avant de donner un minimum de force à cette technique. Avec de l'entraînement, tu pourras déraciner des arbres. »

L'évocation de la Petite Percée arracha un rire à la jeune fille. Elle se remit en position, prête à exécuter la technique à nouveau, quand un hurlement brisa le silence de la nuit. Le cri était féminin et venait d'une région plus au nord de la forêt. Sans même se concerter, ils se mirent à courir en direction du bruit, se doutant inconsciemment de ce qu'ils allaient trouver. L'obscurité et la végétation ne les aidaient pas, mais ils arrivèrent sur place en quelques minutes.

La scène d'horreur qui s'étendait sous ses yeux glaça le sang de Gaku. Les cris s'étaient transformés en gargouillements, provenant du corps d'une jeune femme s'étouffant dans son propre sang. Les reflets de la lune dans ses cheveux blonds lui donnaient un air presque divin. Un buisson frémit à quelques mètres de là. Quelqu'un était en train de s'échapper.

« Occupe-toi d'elle. » lâcha Gaara sur un ton qui lui coupa toute envie de contester.

Elle s'approcha de la jeune femme, dont les yeux révulsés ne faisaient qu'illustrer la proximité de sa mort. Gaku tenta tant bien que mal d'appuyer sa main sur la plaie de son cou afin d'arrêter l'hémorragie tout en essayant de la refermer grâce à la paume mystique, mais l'hémoglobine, qui baignait déjà le sol humide, avait déjà quitté son corps en trop grande quantité. Gaku murmura une demande de pardon, tandis que la jeune femme, dont l'âge n'excédait, encore une fois, que de peu celui de la genin, rendait son dernier souffle.

Elle ne se rendit compte de son état de choc que lorsqu'elle tenta de se relever et que ses jambes refusèrent d'obéir. Elle restait là, immobile, la main sur une blessure qui ne saignait même plus, le cœur de la victime s'étant arrêté. Sa respiration était haletante et son visage était figé dans une expression de peur panique.

Gaara reparut quelques secondes plus tard, sans avoir pu rattraper le présumé meurtrier.

« Relève-toi, tu ne peux rien faire de plus. »

La respiration de la jeune fille s'était calmée mais son cœur battait toujours aussi vite et le sang sur ses mains avait séché. Elle ne bougeait pas, ayant l'impression que la gravité s'était accentuée et que tout autour d'elle était incroyablement lourd. Gaara plaça ses bras sous les aisselles de Gaku et la souleva de terre, l'obligeant à se mettre sur pieds si elle ne voulait pas s'écrouler sous son propre poids. Il plaça ensuite ses deux mains sur les joues froides de la genin.

« Reprends-toi. Est-ce que tu peux marcher ? »

Elle plongea ses yeux dans les siens et hocha timidement la tête.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant