Gaku's Chronicles

- Chapitre 7 : Individualisme -

                   

Gaku et Baki ramenèrent les deux anciens à l'hôpital de Suna. La jeune femme apprit que Chiyo était une spécialiste des poisons et qu'avant de prendre sa retraite, elle faisait partie des meilleures médecins ninjas, tous pays confondus. La chunin éprouvait une grande reconnaissance envers Baki. Si habituellement elle n'éprouvait que peu d'empathie pour lui, elle devait reconnaître que, malgré sa froideur, les habitants de Suna et ses anciens élèves comptaient pour lui et qu'il savait gérer les situations d'urgence avec calme et autorité.

La jeune femme, en tête du petit groupe, se dirigea vers la troisième salle de soins intensifs, où se trouvait Kankurô. Elle s'approcha du jeune homme. Les doses de morphine ne suffisaient plus mais augmenter la dose serait trop dangereux pour son organisme. Ses yeux étaient fermés mais son visage était tordu par la douleur et son corps était parcouru de tremblement. Elle caressa doucement son front, repoussant quelques mèches de cheveux, pour lui faire sentir sa présence. La grand-mère s'adressa à Gaku :

« Tu as dû examiner son sang j'imagine ? »

La jeune femme fronça les sourcils, surprise, avant de se rendre compte qu'elle n'avait pas enlevé sa blouse depuis qu'elle était partie. Elle hocha la tête et lui tendit un porte-bloc sur lequel était attachées les analyses de Kankurô ainsi que les résultats de ses propres recherches qui n'avaient pas été fructueuses.

« Je n'avais jamais vu une telle composition.

-       Nous avons affaire à un poison d'un nouveau genre.

-       Avez-vous essayé un quelconque contrepoison ?

-       Tous ceux que nous avons à disposition. Malheureusement, aucun d'entre eux n'a eu le moindre effet ...

-       C'est étrange. D'habitude, quand il a décidé d'assener le coup de grâce, rien ne peut le faire changer d'avis. S'il l'a laissé en vie, c'est qu'il a une confiance absolue en l'efficacité de son poison. Ça ne m'étonne pas du tout de lui. »

Gaku devina aisément qu'elle parlait de son petit-fils, Sasori. Rien dans sa voix ne trahissait ses émotions. Etait-elle fière de la création du membre d'Akatsuki ou triste qu'il l'utilise à des fins aussi sombres ? En tous les cas, l'adolescente espérait qu'elle était apte à trouver un remède.

Dans la seconde qui suivit, la grand-mère s'attela à la fabrication d'un contre poison efficace. Gaku se mit en mouvement, prête à lui apporter tout ce dont elle aurait besoin. Eau, tube à essai, bécher, parchemins, mortiers et piloris. Puis, elle observa l'ancienne à l'œuvre. Elle mélangea quelques produits dans un tube à essai, avant de laisser tomber une goutte de la substance obtenue sur un parchemin, porteur d'un sceau qui prit subitement feu. Tous les médecins présents dans la salle reculèrent d'un pas, exceptée Gaku qui ne sourcilla pas, fascinée par l'aisance et la rapidité des mains de la grand-mère.

« Mmh, ce remède ne marche pas non plus. »

Son visage ne laissait paraître aucune déception et elle renversa le contenu du tube à essai dans l'évier avant de recommencer la fabrication d'un autre remède. Baki, pour la première fois depuis une heure, pris la parole :

« J'ai demandé au village de Konoha de nous envoyer une équipe de spécialistes. Pour l'heure, tout ce que nous pouvons faire, c'est les attendre.

-       On s'en remet à des étrangers maintenant ? Si nous en sommes là, c'est qu'à force de trop compter sur les alliances avec les autres pays, vous bâclez la formation des jeunes recrues. »

Elle jeta un regard lourd de sens à Gaku. Celle-ci sentit ses joues s'enflammer mais elle soutint le regard de la vieille dame. Elle venait de prendre soudainement conscience de son manque d'entraînement. Elle s'était entraînée dur pendant trois ans mais avec la paix du pays du Vent, elle s'était dernièrement reposée sur ses acquis. Bien sûr qu'elle n'était pas prête à affronter de nouvelles menaces, et il était trop tard pour revenir en arrière. Si Kankurô mourrait, elle en serait en partie responsable. Baki argumenta :

« Nous ne comptons pas uniquement sur eux, ce n'est pas le but de nos alliances.

-       Si je peux me le permettre, ce jeune garçon a commis une erreur en perdant son sang froid et en fonçant tête baissée. Un bon ninja réfléchit avant d'agir, enchaîna le vieil homme qui accompagnait Chiyo.

-       Cela vous apprendra à faire une confiance aveugle à Konoha ou à je-ne-sais-trop-qui. Si la puissance du village avait été votre priorité, rien de tout cela ne serait arrivé. Les autres c'est les autres ! Nous sommes des individualistes, tu comprends ? Les traités d'amitié, ce n'est que du vent. Quelle imprudence d'accorder ta confiance au premier venu. Au mieux, ils vont nous envoyer quelques sous-fifres bons à rien et dont ils n'ont aucune utilité. »

Le poing de Gaku se serra et la honte fit place à la colère.

« Non, les gens de Konoha ne feraient jamais ça !

-       C'est ce que tu crois, mais je t'assure qu'au final, chacun ne se soucie jamais que de son propre sort.

-       Comme votre petit-fils ? Je suis sûre qu'il œuvre également pour le bien et la puissance de Suna de là où il est, en train d'empoisonner son propre peuple. »

Baki lui jeta un regard fou de rage pour lui intimer le silence, qu'elle fit semblant de ne pas voir. Aucun des deux anciens ne rajoutèrent un mot de plus.