- Chapitre 2 : Attaque sur Suna -

422 65 1
                                    

                   

Gaku releva la tête de son microscope en se frottant les yeux. Elle était tellement tenaillée par la fatigue qu'elle commençait à voir trouble, ce qui ne l'aidait pas vraiment à observer ses cellules en culture. Elle remarqua qu'elle était seule dans le laboratoire, tout le monde était déjà rentré. L'horloge murale affichait 23h30 passées. La jeune fille ne put retenir un bâillement et commença à ranger son matériel et à imaginer le programme du lendemain.

Elle referma la porte derrière elle, glissa le trousseau de clé dans sa poche et sortit de l'hôpital en détachant ses cheveux bruns dont la pointe venait chatouiller le haut de ses épaules. L'air frais de la nuit la fit frissonner et elle resserra sa blouse autour de son cou, sur laquelle figurait le kanji signifiant « docteur », avant de prendre le chemin de sa maison.

Trois explosions brisèrent le silence nocturne. Gaku se retourna en sursaut. Sa respiration s'accéléra et elle sauta sur le toit d'un bâtiment pour repérer l'origine du bruit. Elle jura intérieurement contre elle-même pour n'avoir pas pris sa veste de chunin et ses armes. Elle se concentra. Trois explosions. Sa respiration s'arrêta. Dans ce quartier, trois jônins surveillaient le village. Elle sauta sur un bâtiment plus en hauteur pour repérer les tours de guet.

Elle n'était pas préparée à la vision d'horreur qui l'attendait. En trois ans, elle avait vu de nombreux malades, des shinobis blessés lourdement, avec des membres arrachés, un œil en moins ou la cage thoracique entièrement brisée, mais ce qu'elle vit ce soir-là, elle ne pourrait jamais l'effacer de son esprit. Le garde était allongé sur le dos, le corps dans une position qui aurait pu servir de définition physique à la douleur. Ses membres formaient des angles abominables. Le visage de l'homme avait disparu, complètement ravagé, ne laissant place qu'à un trou béant de chair sanglante. La jeune adolescente s'accroupit, d'une part pour examiner la scène de plus près mais également car elle n'avait pas réellement foi en ses jambes tremblantes actuellement. Personne ne l'aiderait, elle devait se débrouiller seule. Le visage arraché semblait avoir été causé par une explosion, cependant aucune trace de poudre n'était visible autour du corps. De plus, les dégâts étaient finement localisés, l'explosif devait donc être de la taille d'une paume de main, au maximum. Un parchemin explosif aurait fait bien plus de dégât. Elle serra le poing, incapable de déterminer l'arme qui avait pu les tuer.

Elle se tourna vers la résidence du Kazekage. Quelques lumières étaient encore allumées. Décidée à aller chercher de l'aide, elle laissa le corps sans le toucher et couru vers le seul endroit où elle pourrait obtenir assistance.

Elle déboula dans le bâtiment sans faire attention au bruit qu'elle faisait en montant les marches deux à deux, espérant croiser quelqu'un le plus rapidement possible. Une voix masculine familière résonnait dans les couloirs. Kankurô.

« Comment ça une chose bizarre s'est introduite dans le village ? Qu'est ce que ça veut dire ? Le commandant Yûra a pourtant renforcé la protection du village !

-       Justement. Le commandant Yûra est introuvable.

-       Alors cherchez mieux ! »

Gaku courut jusqu'à Kankurô. Quand elle fut face à lui, elle tenta désespérément de chercher ses mots afin de faire des phrases claires et concises mais son regard croisa celui du garde qui l'accompagnait. Ses yeux écarquillés étaient fous de peur, de petits cheveux étaient collés par la sueur sur son front et son teint livide ressemblait à celui d'un mort. Il avait assisté à la même scène qu'elle.

« Qu'est ce que tu fais ici, Gaku ?

-       Est-ce que tu as prévenu Gaara ? Où est-il ? »

Malgré ses efforts, elle ne pouvait calmer les tremblements de sa voix. Le frère ainé du Kazekage posa une main sur son épaule et l'invita à le suivre. Ils se dirigèrent d'un pas décidé et rapide vers le bureau de Gaara, semant le garde dont les jambes tremblantes ne pouvaient suivre le rythme. Kankurô frappa à la porte, sans véritablement attendre de réponse et entra, Gaku sur ses talons.

La pièce était complètement vide. Quelques livres étaient entreposés de façon désordonnée sur le bureau au milieu duquel se tenait un petit verre d'eau. Le fauteuil était tourné vers les fenêtres qui laissaient passer le reflet de la lune, seule source de luminosité, considérant que les néons du plafond étaient éteints. La jeune fille s'approcha. Derrière une pile de livres, elle vit le petit cactus qu'elle lui avait offert ce midi. Son cœur se serra et elle se tourna vers Kankurô, en déclarant, sans aucun tremblement dans la voix :

« Le toit. »

Ils coururent aussi vite qu'ils purent pour atteindre le point le plus haut du bâtiment et s'arrêtèrent net quand ils levèrent les yeux vers le ciel. Gaara, sur un nuage de sable, faisait face à un adversaire qui chevauchait un immense oiseau blanc. Gaku plissa les yeux. Elle n'était pas experte en ornithologie mais elle n'avait jamais vu, ni même entendu parler d'une telle espèce. Puis, un autre détail la frappa : l'homme portait un long manteau noir orné de nuages rouges. Les paroles de Yûra lui revinrent en tête.

« Akatsuki. » déclara-t-elle d'un ton empreint de rage et de ressentiment.

Cependant, les cheveux blonds de l'homme, attachés en queue de cheval, ne rappelaient aucun nom à la jeune fille.

Kankurô la regarda mais ne sembla pas relever qu'elle détenait une information supposée confidentielle. En jetant un œil par dessus le balcon, la jeune adolescente vit que tous les shinobis supposés de garde cette nuit avaient le regard tourné vers le ciel étoilé, comme hypnotisés par le combat qui se déroulait.

Gaara leva les bras vers le ciel. Le sable qui formait le sol de Suna se mit à s'élever, comme si le village lui même avait senti qu'il devait venir en aide à sa propre population. Ce qui n'était au début que de fines colonnes de sable se rassembla pour former une gigantesque vague de plusieurs dizaines de mètres de haut, menaçant d'engloutir toutes les habitations sur son passage.

Une dizaine de shinobis rejoignirent Gaku et Kankurô sur le toit de la résidence du Kazekage. Elle n'avait jamais vu ce dernier aussi désemparé. Personne ne pouvait agir sans prendre le risque de gêner Gaara, et il se sentait aussi impuissant qu'elle. En plus d'être celle d'un habitant de Suna, sa peur était également celle d'un frère.

L'immense vague de sable s'était matérialisée en bras de Shukaku, tentant désespérément d'attraper l'oiseau blanc, mais celui-ci bien moins massif et par conséquent bien plus rapide, esquivait tous les assauts. L'homme d'Akatsuki jeta ce qui semblaient être des oiseaux miniatures vers Gaara.

« Il n'a pas fait d'invocation. Ça veut dire qu'il fabrique lui-même ses créatures ? » se questionna Gaku en son for intérieur. Elle n'avait jamais entendu parler de telles capacités.

Au contact du sable, les petits oiseaux explosèrent, créant des failles dans les assauts de Gaara. Le visage de Gaku se figea et elle comprit :

« C'est ça qui a explosé au visage des gardes. Ce sont des bombes miniatures qu'il peut façonner à n'importe quelle image et qu'il contrôle probablement grâce à son chakra. » expliqua Gaku en tournant la tête vers Kankurô.

Mais celui-ci semblait absorbé par le combat et cherchait en vain une issue : le sable de Gaara se reformait sans aucun problème après chaque explosion et l'adversaire semblait avoir une quantité infinie de chakra à revendre.

Comme si l'assaillant avait entendu leurs pensées, le combat prit une autre tournure. Il forma deux autres oiseaux, plus grands que les précédents, mais surtout bien plus rapides. Ils foncèrent sur Gaara à une vitesse folle, si bien que sa défense de sable ne pouvait pas les arrêter. Gaku couru à la rambarde du toit et s'y accrocha de toutes ses forces. Les oiseaux atteignirent Gaara, le bruit de l'explosion étouffant la voix de Kankurô qui hurlait le nom de son frère.

Gaku's ChroniclesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant