YOURS. // Tome 4

Chapitre 1

d e u x . a n s . p l u s . t a r d

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Louis
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8h08. J'ai une furieuse envie de cloper. Pauvre con, t'es réveillé depuis moins de dix minutes. À croire que mon organisme n'attend plus que ça. Des fois je me dis que je ferais mieux de reprendre un chien. Ce serait moins ridicule que de simplement sortir pour fumer. Stupide. Les animaux de compagnie ne sont pas les bienvenus dans les hôtels.

La porte coulissante de la salle de bains s'ouvre devant moi, m'extirpant de mes pensées inutiles. La pièce s'embue en un instant sur le passage de ma chérie.

- La place est libre si tu veux.

La voix de la raison. En effet, j'ai grandement besoin de prendre une douche. Je lui souris. Elle retire la serviette de ses cheveux et sèche soigneusement ses mèches brunes en ne soupçonnant pas que je l'observe avec attention. La voir s'affairer chaque matin pour partir travailler est devenu mon quotidien.

Tout en remettant ses boucles d'oreilles, son corps bouge en rythme sur la musique de fond qui sort de l'enceinte Bluetooth que je traîne partout avec moi. Lorsqu'elle se retourne, son regard m'hypnotise instantanément.

- Il passe tout seul son album. M'avoue-t-elle, en référence à mon obsession du moment pour les titres d'un de mes meilleurs amis.

Niall est le premier d'entre eux à s'être lancé. Étrangement, je ne l'aurais jamais cru capable de faire un tel parcours seul, mais je suis extrêmement fier de constater qu'il a fait de l'excellent boulot. Son audace a payé et je lui souhaite de connaître le succès qu'il mérite. De son côté, Liam n'a pour le moment sorti que des titres en duo avec des artistes de renommée mondiale, le propulsant au rang du chanteur le plus diffusé sur les ondes radio cet été. Quant à Harry, il couve toujours précieusement ses chansons enregistrées avec minutie, qui, je le sais déjà, seront à l'origine de son ascension vers une glorieuse carrière solo.

- Tu comptes l'écouter combien de fois aujourd'hui ? Me nargue ma belle en s'affalant lentement près de moi sur le lit.

J'aime la précaution qu'elle prend de toujours s'adresser à moi du bon côté.

- Tu l'as dit toi-même. Il passe tout seul cet album.

Son rictus démontre que ma réponse la laisse pensive. Je sais. Je ne fous plus rien de mes journées et ma passivité a le don de lui tordre les boyaux. Le constat est pourtant là. Implacable et violent. Après plus de dix ans de carrière, j'ai rendu les armes. Lamentablement. Le loser de la bande. Le loser qui a fichu en l'air son avenir musical pour une connerie qui se paie au prix d'une inactivité professionnelle lourdement encaissée. Le loser à qui il ne reste plus qu'une seule oreille viable.

- Bien. Capitule la douceur plaquée contre moi. Je me coiffe et je file.

Elle dépose un baiser sur mes lèvres, saisit le reste d'une gaufre à peine entamée sur le plateau de petit-déjeuner et regagne l'autre pièce pour terminer de se préparer. Dans son tailleur bleu marine, elle a tout d'une vraie femme d'affaires. De nouveau esseulé, je soupire de flemmardise rien qu'à l'idée de quitter les draps. Je me fais l'effet d'un vieux con fatigué par son existence. Quand on fait le bilan, il y a de quoi. Trentenaire, à moitié sourd, sans aucune perspective réjouissante devant moi... J'ai envie de me foutre des baffes rien qu'à ressasser toute cette merde. Bouge-toi, bordel.

Je me lève enfin pour prouver à celle dont la trajectoire est bien tracée que je ne compte pas lézarder toute la journée dans ce lit qui accueille mes nuits depuis plusieurs semaines. Ma valise à moitié défaite prouve qu'il est grand temps que je me tire d'ici. Et puis de toute façon, la femme de chambre va avoir besoin que je déserte pour faire le ménage quotidien. Le Starbucks d'en face est donc mon premier objectif dans ce planning encore incertain.

Le sèche-cheveux à peine éteint, ma brune réapparaît, apprêtée à la perfection pour affronter sa journée millimétrée. À la recherche de son sac à main, sa précipitation maladive est contrée par mes bras qui l'emprisonnent un instant.

- Préviens-moi quand tu termines. Je passerai te chercher.

Son regard déjà radieux s'illumine davantage et un sourire naît sur ses lèvres.

- Je te préviens si jamais je termine plus tard que prévu.

Elle connaît mon envie constante de la surprendre. En réalité, je n'ai encore rien envisagé de particulier, mais il me reste plusieurs heures pour y songer. J'entortille mes doigts autour des siens, tandis qu'elle se hisse sur la pointe des pieds pour m'embrasser intensément.

- À ce soir. Susurre-t-elle contre ma bouche.

Je desserre mon emprise et la laisse filer vers son avenir. Une fois seul, j'entre dans la salle de bains et m'aperçois rapidement qu'elle a délaissé son trousseau de clés derrière elle. Je les saisis et m'empresse de sortir à mon tour. Ma beauté éblouissante se faufile déjà aux portes de l'ascenseur lorsque je mets le nez en dehors de la chambre.

- Erin !

Elle se retourne en m'entendant l'interpeller au bout du couloir, m'offrant l'opportunité de la rattraper. Confuse, elle revient sur ses pas en apercevant ce que je tiens dans la main.

- Merci. Me dit-elle en les saisissant.

Elle ne résiste pas et m'embrasse une nouvelle fois avec cette spontanéité bien à elle.

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