YOURS. // Tome 4

Chapitre 17

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Harry
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Le mois de décembre. Celui de la générosité. De la bonté. Celui qui fait naître les enfants. Celui où nous aurions dû devenir parents. Ce rêve réjouissant avait grandi en nous lorsque, neuf mois auparavant, la vie avait enfin posé ses valises au creux du ventre de Joy. Quelques semaines plus tard, on nous apprenait que nos espoirs allaient devoir se décaler encore un peu. Je me surprends parfois à imaginer où nous en serions si tout avait tenu. Si le parcours n'avait pas été semé d'embûches.

De remises en question en échecs, notre persévérance n'a pas faibli et continue de nous faire entrevoir l'avenir sous un jour meilleur. Cette année plus que jamais, on espère que la magie ambiante qui accompagne Noël exerce ses pouvoirs, même si Joy se donnerait à cœur joie de me rappeler que la magie n'existe pas.

La chevelure dorée de la belle en question apparaît depuis la salle de bains.

- Quelle heure est-il ?

La panique transparaît dans sa voix alors qu'elle vient tout juste de terminer sa douche.

- Ne t'en fais pas, on est dans les temps.

Nous nous relançons dans le processus d'aide médicale à la procréation pour la seconde fois. Les premiers essais se sont avérés infructueux -ou tout du moins, n'ont pas abouti sur ce que nous espérions- et il a fallu plusieurs mois à Joy avant de se remettre physiquement et moralement. Ce matin, nous repartons donc à zéro, en espérant que cette fois-ci, tout se passera bien.

- La place est libre. Me dit-elle dans le but de me presser un petit peu. Peux-tu m'apporter mon téléphone ?

Je la rejoins dans la salle de bain et le lui tends. Le stress dans son regard est palpable. Je me poste derrière elle et l'enlace. Elle active l'écran de son portable. Un message d'Ava l'y attend et je me retrouve malgré moi à le lire en même temps qu'elle.

Ava, 01:02 : « Le courage ne crie pas toujours. Parfois, il est la petite voix qui te souffle à ton réveil que tout se passera pour le mieux. Et c'est ce qu'il va se passer pour vous dès aujourd'hui. Un gros MERDE. Je vous envoie toutes mes ondes positives. »

Joy relève les yeux en même temps que moi et observe ma réaction dans le miroir qui nous fait face.

- On ne s'était pas dit qu'on gardait tout ça pour nous cette fois-ci ?

Ma chérie lève les épaules.

- Ava est très perspicace. Me répond-t-elle simplement en esquissant une moue innocente.

Je ne relève pas cette faiblesse, ayant pleinement conscience qu'elle en bave plus que moi concernant le lourd parcours auquel nous sommes confrontés depuis bientôt deux ans. Se confier à une personne extérieure lui est sans doute essentiel.

- Tu as entamé ta bouteille ? Enchaîne-t-elle en saisissant la sienne, qu'elle doit avoir engloutie entièrement avant le rendez-vous.

J'acquiesce en souriant et me détache d'elle après lui avoir déposé un baiser sur l'omoplate. Depuis que nous avons fait la connaissance du merveilleux monde de la fécondation in vitro, le protocole très strict n'a plus de secret pour nous. Je dois très précisément boire un demi-litre d'eau et avoir uriné trois fois avant de me rendre au laboratoire. Une bien mince affaire quand on sait que Joy de son côté va subir une anesthésie en position gynécologique et souffrir dans les heures à venir. Le plus paradoxal dans tout cela, c'est qu'elle n'est pas la source de nos soucis de conception.

Après de nombreux examens, il s'est avéré que le problème venait de moi. Je l'ai appris froidement par courrier, un matin en me levant, avec la peur au ventre qu'on m'annonce une stérilité totale et irréversible. Il s'avère qu'en réalité, j'ai simplement des spermatozoïdes fainéants. Le terme barbare utilisé est l'oligo-asthéno-tératospermie. Le médecin l'explique par les nombreux traitements lourds que j'ai subis suite à mon accident de moto. Selon lui, ils ont probablement atteint la fonction reproductrice par leurs effets indésirables. Même si je m'étais préparé inconsciemment à la possibilité d'être à l'origine de nos problèmes, j'ai vécu cette nouvelle comme un coup d'arrêt.