Chapitre 15

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Louis
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Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Pas une seule fichue minute. Je me suis pourtant forcé à rester au lit, attendant que l'aube arrive. Mon plan va-t-il fonctionner ? Est-ce qu'on ne va pas orchestrer tout cela pour rien ? Je n'ai aucune certitude concernant ces questions, simplement des hypothèses qui refusent d'admettre que tout est susceptible de tomber à l'eau.

Je lutte contre l'engourdissement généralisé que j'ai imposé à mon corps et me lève. Je suis à la fois épuisé et excité. C'est très étrange comme sensation. Face au miroir, je passe en revue mon regard cerné à cause de mes insomnies répétées. J'ai l'air épuisé avant même d'avoir entamé la course. Il me faut de l'énergie et je sens que je vais imploser si je reste ici. Le confinement de cette chambre impersonnelle me rend claustrophobe.

Plutôt que de ruminer seul à l'hôtel, je prends un taxi jusqu'à l'endroit où j'espère ne pas avoir à regretter de m'être lancé dans un projet trop ambitieux. Il est à peine plus de sept heures lorsque le véhicule me dépose près du parc qui sera témoin de mon ultime tentative de retrouver la stabilité d'une vie à deux. Le jour se lève tout juste et une légère pluie se disperse sur la ville. L'air frais me fait du bien. Dissimulé sous une capuche, je longe les grilles qui séparent la ville de la verdure et franchis l'entrée de ce lieu riche en souvenirs. J'ignore d'ailleurs pourquoi je n'y avais jamais remis les pieds auparavant. Le silence feutré de ce coin de quiétude au cœur de la capitale laisse un peu trop d'espace à mon désordre intérieur. J'enfile alors mes écouteurs et lance aléatoirement la première playlist qui me tombe sous la main. Je persiste toujours à mettre l'oreillette droite, nourrissant secrètement l'espoir d'entrevoir un jour un infime son qui me ferait sortir de mon handicap.

Une ligne lumineuse se dessine entre les bâtiments et éveille le paysage. Des teintes de jaunes viennent parsemer les nuages gris. Normalement, le jour devrait définitivement les chasser. Cela fait plus d'une semaine que je consulte la météo pour m'en assurer. Les premiers sportifs commencent à se joindre aux chemins boueux. Ni le temps sombre, ni l'encombrement des allées en vue du festival annuel ne semblent les dissuader d'imposer cette routine à leurs corps.

Adossé à l'arbre choisi pour être mon point d'ancrage pendant que la combine prendra vie d'ici quelques heures, je tente de me remémorer le rôle de chacun, espérant avoir bien ficelé chaque détail. Si tout le monde est au point, je ne vois pas pourquoi ça ne tournerait pas rond. J'ai simplement hâte que tout se mette en route pour enfin décharger utilement la tension accumulée ces dernières semaines depuis que mon but ultime a dérivé vers elle.

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La machine est lancée. J'ai le trac, comme avant d'aller sur scène. Ce stress revigorant qui vous coupe les jambes, vous retourne le bide, qui peut s'avérer positif comme dévastateur. À l'approche du moment tant attendu, je ne peux m'empêcher de douter une fois de plus. Pourtant, tout est parfaitement en ordre. Je viens de recevoir un message d'Alex me confirmant que la première étape du plan a fonctionné. J'avertis immédiatement les autres avec qui je communique via un appel vidéo.

- Ava est en route. Soyez sur vos gardes. Elle ne doit voir aucun de vous pour le moment. Harry, Niall, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

- Compris. Me confirment mes potes, prêts à entrer dans leurs rôles pour écarter les fans potentiellement présents dans la zone qui m'intéresse et créer une paparrazade improvisée.

- Espérons que ça ne dégénérera pas... Ajoute Niall, visiblement plus angoissé que Harry à l'idée de jouer les appas.

- Vous allez assurer, j'en suis sûr.

YOURS. // Tome 4Where stories live. Discover now