j'ai tout gâché...

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Pdv Javier.

Les bruits de la cuisine parviennent à ma chambre, me tirant des bras de Morphée, dans lesquels je m'étais inconsciemment réfugié.
Hier, perdu dans mes souvenirs, pour le moins pénibles, je n'avais pas senti mon être sombrer dans un sommeil qui était loin d'être réparateur, car peuplé de cauchemars.

Des coups frappés à ma porte me tire de la mélancolie dans laquelle je suis plongé depuis hier.

-Oui....? Réponds-je.

-Mon chéri, c'est moi, je peux entrer ? Me demande ma marraine.

Je lui réponds par l'affirmatif en m'asseyant sur le bord de mon lit.

- Toi, tu as vraiment une sale mine!

Elle sourit et vient s'asseoir près de moi. Elle passe sa main dans mes cheveux d'un geste tendre.

- Ta sortie d'hier ne s'est pas passé comme prévu, n'est-ce pas ? Me demande t'elle tendrement.

Je hoche la tête en me mordant la lèvre pour ne pas exploser en sanglots. Cette tendresse me rappelle tellement ce que j'ai perdu.

Je me rappelle les baisers et des mots doux de ma mère. Sans que je ne puisse l'empêcher, un sanglots m'échappe, puis un autre et encore un autre, jusqu'à ce que je ne puisse plus m'arrêter.

-  Oh.... Mon pauvre chéri !!! S'exclame Carmen avant de me prendre dans ses bras.

- J'ai tout gâché marraine. J'ai encore.... Réussis-je à articuler entre deux sanglots.

Elle me caresse le dos tout en me murmurant des paroles tendre pour me calmer. Au bout d'une bonne dizaine de minutes, j'arrive à recouvrer mon calme.

- Maintenant, explique-moi ce qui se passe mon ange.

J'inspire longuement pour retenir le sanglot qui tente de s'échapper de ma gorge, et calmement je lui explique la soirée d'hier. Carmen, ma marraine, m'écoute sans m'interrompre jusqu'à ce que j'ai fini mon récit.

- Au risque de me répéter, mon ange, tu n'as pas à avoir honte de ce que tu es. Le monde ne va pas s'arrêter de tourner parce-que tu es gay, me dit elle d'une voix douce.

Comme à chaque fois que nous avons cette discussion, un énorme sentiment de frustration, du fait qu'elle ne comprenne pas à quel point cet aspect de ma personnalité est nuisible, s'empare de moi.

- Devrais-je te rappeller comment tout à commencer ? À cause de mon...mon....

- ...Homosexualité,  terminé Carmen à ma place. Et ce n'est pas un crime.

- À cause de ça, j'ai vu toutes les personnes qui comptent le plus pour moi s'éloigner. Lance-je en me mordant la lèvre pour ne pas à nouveau me laisser aller.

- Tu parles comme si c'est de ta faute, mais la vérité, c'est que non. Tu n'es pas responsable de ce qui est arrivé Javier, réplique t-elle.

- Arrête de dire ça, parce-que c'est un mensonge ! M'emporte-je. Tout ça est à cause de mon homosexualité.

Je sens un mélange de désespoir et de colère m'envahit. Ma marraine essaie de me prendre dans ses bras, mais je l'esquive avant d'ajouter d'un ton qui ne souffrirait d'aucune contradiction :

- Je commençais à me faire une place. On commençait tout juste à me tolérer.... Mais encore une fois mon monde est en train de s'effondrer et encore une fois c'est à cause de cet aspect de ma personnalité. Être homosexuel est la pire chose qui me soit jamais arrivé.

J'entends quelqu'un pouffer, ce qui nous fait sursauter, ma marraine et moi. Nous nous retournons vers l'origine du bruit pour voir Rafael, le fils de ma marraine.

- Tu comprends maintenant, marraine pourquoi je pense tout ça, reprends-je en le pointant du doigt. Il est l'exemple même de ce pourquoi je veux dissimuler mon homosexualité.

Et là, de nouvel un éclat de rire jailli dans la pièce.

-Tu peux arrêter de te comporter comme le dernier des idiots ? Lui lance Carmen avec un regard noir.

- Excuse-moi maman, c'est qu'il est tellement drôle ! dit-il entre deux éclats de rire.

Son comportement commence sérieusement à m'agacer, mais je me retiens de bondir sur lui pour lui envoyer mon poing dans la figure.

-Enfin Rafa, pour une fois soit gentil avec lui et laisse nous seuls.

Loin de vouloir s'en aller, Rafa entre dans ma chambre et s'assoir sur mon bureau.

- Crois-moi maman, il n'a clairement pas besoin de moi pour souffrir. Il y arrive tout seul avec brio.

- Pourquoi ne me fous-tu pas la paix ? Je m'écrie, hors de moi. J'ai compris; tu détestes les gays...

- Non c'est faux ! Réplique le fils de ma marraine tranquillement. C'est toi que je déteste.

- Rafa....!!! Hoquete sa mère.

Rafael, faisant fi de la réaction de sa mère, se rapproche de moi, me dominant de toute sa stature.

- Tu disais plus tôt que être homosexuel est la pire chose qui te soit jamais arrivé, et bien, tu te trompes. La pire chose qui puisse t'arriver c'est te lamenter à chaque fois que quelques difficultés se présentent à toi. Tu es gay, et alors ? Être gay ne fait pas de toi un lâche doublé d'un pleurnichard, tout comme cela ne te rend pas moins homme que moi. Comprends qu'il y'aura toujours des gens pour te détester, et te dire des vacheries que tu sois gay ou non.

Rafael fait une pause pour mesurer l'impact de ses mots sur moi.

- Au lieu de pleurer sur ce que tu as perdu, soit dit en passant, des personnes qui n'en valent pas peine, tu devrais plutôt te concentrer sur tous ce que tu as gagné... Et arrête de t'imaginer que le monde entier te déteste parce que tu es gay, me reprimande ce dernier. Moi je te déteste et ce n'est certainement pas à cause te ton homosexualité...

Il jette un regard à sa mère en terminant :

- Tu me pompe toute l'affection de ma mère.

Sur ceux, il tourne les talons, et sort de la pièce en refermant soigneusement la porte derrière lui, me laissant interdit avec matière à réflexion.

DérapageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant