Chapitre cinquante-cinq

621 141 21
                                    

AZALÉE

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

AZALÉE

Cher monde,

Pourquoi est-ce que je vis ? C'est vrai quoi, chacun à sa propre idée de l'existence mais personne ne sait réellement. Je ne crois pas en un dieu qui aurait pu créer ce monde pour la simple et bonne raison que s'il existait, il ne m'aurait pas permis de vivre.

Pourquoi est-ce moi qui me prends toute la merde en pleine face ? A moins que tout le monde endure la même chose que moi. Je me doute bien que chacun souffre à un moment donné dans sa vie. Tu peux le constater, je suis bien égoïste.

Je suis à présent incapable de ne pas pleurer chaque jour. Je suis trop stupide. J'aurais au moins fait une bonne action dans ma vie, en éloignant quelqu'un de moi. Je suis toxique, je détruis ce que je touche. 

Et puis, pourquoi moi je vivrais ? Pourquoi je mérite plus de vivre qu'un autre être ? Pourquoi je suis toujours vivante à cette heure-ci alors que mon existence est vouée à l'échec ?

Tu vois, j'en ai marre de me poser des questions. Je ne veux plus rien penser du tout.

Maman,

« Ma pute de fille »

Tu ne sais que dire ça, maman ? Je ne suis donc que ça pour toi : une putain, car j'ai passé la soirée chez quelqu'un que j'aime vraiment. Je n'ai pas oublié, j'y repense souvent mais je n'ai jamais aborder le sujet puisqu'on ne se parle jamais normalement. 

Tu me fais sans arrêt des reproches. J'en ai plus qu'assez de me taire : je te déteste. Cela t'aurait tué de m'apporter autant d'amour qu'à Lana. Je ne suis qu'un test avant le chef d'œuvre qu'est ma sœur ?

Tu m'as privée d'une mère qui m'aime et maintenant tu me prives de la personne que j'aime. Mais ne t'inquiètes pas, il ne me reverra plus : mais toi non plus.

Adieu.

Papa,

Pourquoi es-tu si froid avec moi en permanence ? Pourquoi tu as eu un enfant si tu ne voulais pas t'en occuper sérieusement ? Je ne parle pas de mon éducation : elle était bien, du moins, je pense. Je parle de l'amour que j'aurais aimé avoir.

Tu ne te souciais même pas de mes larmes coulant sur mes joues à longueur de journée, ma douleur au fond de mon cœur ou juste le simple fait que je m'isolais sans arrêt. Pour toi, tout allait toujours bien parce que tu ne voulais pas le voir. 

Sauf que non, ça ne va pas. Et ça n'ira jamais bien, parce que je suis Azalée Haswell.

Adieu.

Lana,

Tu as raison, je suis conne. Je ne veux pas te faire culpabiliser quoi que ce soit : tu es jeune. A quatorze ans, je ne rayonnais pas mais je vivais convenablement. Je ne vivais pas au point de ne même plus me sentir vivre.

Je veux juste que tu saches que je suis partie. Sûrement pour toujours mais cela ne changera rien, personne ne le remarquera. Ne demande pas pourquoi je ne suis plus là, je pars juste loin.

Adieu.

Léna,

Je me suis toujours demandé si tu existais. Je me demande aujourd'hui si un jour tu verras cette lettre, si tu liras ces mots. Je suis peut-être être schizophrène et peut-être que je voulais me créer une vie meilleure en t'imaginant.

Tu étais peut-être ma représentation du bonheur. Tu paraissais toujours heureuse. Tu aurais dû m'apprendre car moi j'ai bien du mal. Je me sens bien avec toi, même si on se parle peu. Parfois, j'imagine que tu sois à côté de moi dans la réalité puis je me rappelle que tu es certainement le fruit de mon imagination.

Si tu existais, on aurait eu quand même du mal à être amie. Là, tout est plus facile parce que tu n'aies que dans ma tête. Je ne suis pas gentille. Je ne suis pas le genre de personne avec qui on a envie d'être ami, je suis le genre qu'on fuit en permanence par peur d'avoir des problèmes.

Je me hais tellement. Je me suis souvent dit que je ne mérite même pas de vivre.

Si tu es dans la tête, toi aussi tu disparaîtras. Est-ce égoïste de ma part ? Totalement. Ou peut-être que nous nous retrouverons quelque part, dans une sorte de paradis même si je n'y crois pas trop.

C'est puéril. Je ne crois pas en la vie après la mort, je pense juste que je dormirais. Désolée de te détruire en détruisant ma propre vie. On dit souvent qu'on a toujours le choix. Là, j'ai le choix encore une fois et je choisis d'arrêter de faire souffrir les gens en permanence, de leur gâcher l'existence et d'arrêter de souffrir moi-même.

Parce que j'en ai marre d'avoir des ouvertures sur mes poignets et sur mes jambes, que mon corps ne soit plus que de blessures, que je sois incapable de m'écouter et de rester calme ne serait-ce que cinq minutes.

C'est terminé, Léna. Toutes ces conneries sont à présent terminées.

Samuel,

Tout est souvent trop compliqué. La plupart des gens se battent, les autres finissent par abandonner. J'en ai marre de me battre pour quelque chose que je ne gagnerai jamais.

Je n'aurais pas dû t'engueuler. Je suis tellement stupide. Je me suis toujours disputée avec le monde entier. Mais je n'aurais pas dû avec toi. Je suis seule, terriblement seule. J'ai du mal à me lier avec d'autres personnes.  

Je me suis dis que de toute façon, où que j'aille les gens souffraient de ma présence. Alors autant limiter ta souffrance. Tout ce que j'ai pu te dire l'autre jour, je ne le pensais même pas. C'est totalement faible de faire ceci, de t'écrire cela. Mon plan était bien que mon départ ne t'attriste pas. De toute façon, tu me détestes à présent. Alors tout cela te fera ni chaud ni froid.

Je ne mérite pas de rester avec quelqu'un comme toi, Samuel. Tu es précieux à mes yeux mais est-ce que je le suis pour toi ? Tu as été différent que toute la masse de mouton, de toutou et autre, encombrant le lycée. Tu étais ce genre de personne qu'on ne rencontre qu'une fois dans notre vie et qui chamboule tout.

J'ai adoré les phrases de destruction, même si les deux fois ont apportés des problèmes. Comme quoi, sans problèmes il n'y a pas de bonheur. Sauf que je suis fatiguée de chercher le bonheur parmi mes centaines de problèmes. Le peu de bonheur était avec toi. Est-ce que d'autres phases de destruction étaient prévues ? De toute façon, tu ne voudras plus m'adresser la parole. Tu partiras les faire avec quelqu'un d'autres, une bonne personne cette fois-ci, s'il te plaît. Ce serait dommage de retomber sur quelqu'un comme moi.

J'aurais aimé imaginer un monde où nous serions que tous les deux. Sauf qu'à présent je suis seule. Je l'ai cherché, je ne te rejette pas la faute dessus. J'espère que tu ne m'en veux pas trop même si je pense que tu n'en as à rien à faire.

Tu es ce genre de personne unique. Samuel, je sais que c'est niais mais tu es la seule personne qui a réussi à me rendre heureuse ces derniers temps et je t'en suis infiniment redevable. Est-ce qu'on peut aimer une personne sans même vivre ? Je le saurais bientôt.

Je t'aime.

Adieu.

AMBERTUMEWhere stories live. Discover now